Ecrit par Soubha Es-Siari | Et ce que nous craignions depuis très longtemps finit par arriver. Le spectre de la sécheresse qui planait comme une épée de Damoclès nous a finalement pris par la gorge à un moment où l'économie, fragilisée par la pandémie, bat de l'aile. Certes, il ne s'agit pas de la première sécheresse qui frappe fort mais de l'une des pires sécheresses que le Maroc n'ait jamais connue. Accompagnée d'un sérieux stress hydrique, elle court au désastre. Depuis des années, le stress hydrique menace le Maroc mettant à rude épreuve sa politique de l'eau. L'émergence des problèmes environnementaux liés au réchauffement climatique conjugués à l'accroissement de la population se sont traduits par des besoins croissants en eau et par la dégradation des ressources hydriques. Résultat des courses : le Royaume occupe la 23ème place sur 165 contrées exposées aux risques. Ses ressources en eau sont évaluées à 650 mètres cubes par habitant et par an. Ce volume le situe dans une situation de détresse aigue. Les équipes se succédant au pouvoir étaient bien conscientes que le stress hydrique est une bombe à retardement qui éclatera un jour. Des mesures par ci, des mesures par là pour colmater les brèches mais aucune mesure draconienne pour remédier un tant soit peu à la situation. Preuve en est : la situation actuelle empreinte des mises en garde de l'Intérieur pour sensibiliser à la protection des ressources en eau et à la rationalisation de leur consommation. Il ne faut surtout pas omettre que cette situation alarmante et dangereuse est due outre la nonchalance des pouvoirs publics à la mauvaise gestion de l'eau et aux pertes induites par une infrastructure inadéquate, obsolète et mal entretenue. Pour ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain, le Maroc envisage certes de porter le nombre de barrages à 179 à l'horizon 2027 et la capacité des réserves à 27 milliards de m3. Le dessalement d'eau de mer et d'épurement des eaux usées pour satisfaire les besoins de la population sont également dans le pipe. Il s'agit de projets ambitieux mais nécessitant des investissements volumineux à long terme. En attendant le chant des hirondelles, les temps ne seraient qu'ardus et sévères pour une économie comme la nôtre dont la richesse, dépend de la campagne agricole voire de la clémence du ciel. C'est pour dire que le Maroc a du pain sur la planche pour les prochaines années. En attendant la délivrance, il est impératif de changer certains comportements. Exporter des légumes ou fruits (pastèque, avocat...) fortement consommateurs d'eau revient à exporter de l'eau à des pays dont la situation est nettement meilleure que la nôtre. Construire des golfs à tour de bras équivaut à signer l'arrêt de mort d'une grande partie de la population. Et la liste est loin d'être exhaustive. Pour faire court et simple, les défis à relever par le Maroc en matière de stress hydrique seront déterminants dans un avenir proche. Pour réussir ce pari, un renforcement de la coopération internationale et l'engagement de tous les acteurs s'imposent avec force dans un pays où la consommation d'eau par le secteur agricole, principal moteur de sa croissance, représente 93% de la demande globale en eau, alors que l'eau potable et industrielle n'en constitue que 7%. Il faut néanmoins que la population comme les différents opérateurs consommateurs d'eau participent à réduire le gaspillage de cette substance vitale et éviter à tout prix des lendemains qui déchantent. C'est une question de survie.