Elle a réalisé son rêve d'entreprendre en capitalisant sur ses «forces». A 35 ans, cette femme d'affaires a gardé le cap pour «suivre ses rêves». Entre business woman internationale, mère de famille et spécialiste du marketing, Asma Alaoui est une «inclassable» dans le Maroc moderne. Il est des «battantes» qui ne laissent pas indifférent, et Asma Alaoui est de celles là. Grande, élancée, c'est une «femme forte», et qui s'est faite elle-même. «Self made woman», elle n'est pas sans rappeler Salwa Akhannouch à ses débuts. Infatigable «working woman», elle court après ses rêves, pour mieux «se réaliser». Cette volonté de vaincre est presque une tradition familiale: «je déteste quand on me dit que le nom Alaoui m'a facilité la vie. Mon père est devenu ingénieur par lui-même. Il disait toujours qu'il n'aurait jamais dépassé les murs de Midelt, s'il n'avait pas fait d'études. S'il n'était pas entré à l'école Mohammedia d'Ingénieurs, je serais née dans un patelin loin de tout», développe-t-elle. Lui, c'est un ingénieur, qui a épousé une technicienne de laboratoire. Le couple vit un temps à Khouribga, où leurs deux premiers enfants voient le jour, avant qu'Asma n'arrive lorsqu'ils sont à Casablanca. Elle est la petite dernière, la fille chérie, qui grandit à Casablanca: «c'était réellement une belle qualité de vie. J'avais 11 ans et je pouvais prendre le bus pour me rendre au Parc Yasmina, situé sur le parc de la Ligue Arabe. Aujourd'hui, c'est tout bonnement inconcevable», regrette-t-elle. Asma grandit en bonne casablancaise. Elle est scolarisée au Groupe Scolaire d'Anfa avant de passer au Lycée El Jabr. «Je viens d'un milieu conservateur. Dans un sens, c'est cela qui m'a «sauvée». Pour le bac, je suis passé au Lycée Lyautey et j'ai découvert un monde totalement différent des systèmes scolaires «cadrés», dans lesquels j'ai été auparavant. Ce qui fait que j'étais déjà préparée, lorsque je suis partie en France pour les études supérieures», explique-t-elle. Marketicienne jusqu'au bout des ongles Asma décroche son Bac S en 2000 et s'envole pour Paris, où elle prépare l'entrée aux Grandes écoles de commerce. En temps normal, et pour les étudiants marocains en général, «Paris est une fête». Les tentations sont nombreuses, mais pas pour Asma. «Le passage d'El Jabr à Lyautey m'a préparée à la vie en France. Ce qui fait que ma priorité est restée les études, comme pour mes parents, d'ailleurs», développe-t-elle. Elle décroche l'école Supérieure de Commerce de Reims en 2003. «C'est une petite ville, mais c'est également la «capitale du Champagne». Sup de Co Reims est par la suite devenue Neoma, mais en troisième année, j'ai décidé de poursuivre mes études au Canada», explique-t-elle. Elle quitte alors la France pour Ottawa et décroche sa «double diplomation» universitaire. «J'ai toujours été passionnée pour le marketing et le commercial», analyse-t-elle. Et cela lui réussit. Asma intègre la Centrale Automobile Chérifienne et son «mentor», sera Victor El Baz. «Souvent, dans le monde du travail au Maroc, on se plaint des «peaux de bananes». Je ne sais pour quelle raison, mais je n'ai jamais eu à en souffrir dans ma carrière, et depuis le début. Je ne sais pas si c'est l'industrie automobile qui en a la particularité, mais dans le fond, je pense que j'ai réellement eu de la «chance» en la matière», reconnaît-elle. Et dès le départ, Asma fait ses preuves: «j'ai lancé le WV VIP tour et sponsorisé le circuit de golf. A un moment, je gérais 24 millions de DH sur des opérations de promotion de la marque. De ce côté, M. El Baz fait confiance, dès que l'on fait ses preuves, et vous donne «carte blanche» quel que soit votre âge», affirme-t-elle, reconnaissante. Entrepreneur dans l'âme Lorsqu'elle s'exprime, Asma a une certaine «fraicheur» dans ses propos. Celle d'une personne qui a su garder un «optimisme face à l'adversité». Elle quitte ensuite la maison WV pour Renault: «c'était plus intéressant pour moi, puisque je supervisais l'ensemble des marchés du Maghreb. Cela m'a permis de visiter les différents pays de la région», explique-t-elle. Nouveau changement de responsabilités. Cette fois, elle quitte le domaine pour de nouveaux horizons: l'ameublement. Elle intègre KITEA pour mettre en place le marketing de l'entreprise. «J'ai changé du tout au tout. Alors que je pensais en avoir terminé avec l'automobile, un cabinet de chasseurs de têtes m'a approchée et m'a ramenée dans le domaine, sans me révéler au départ, pour quelle marque je devais travailler. Finalement, c'était Chevrolet, et les marques de Général Motors, distribuées par le CFAO,» expose-t-elle. Mais déjà à cette période, Asma était en fait à la recherche du moyen d'entrer dans l'entreprenariat. «Lorsque j'ai terminé mes études, je voulais entreprendre, mais cela n'était pas possible. Il me fallait des financements que je n'avais pas. Donc aujourd'hui, j'ai décidé de capitaliser sur plus de dix années d'expérience dans le marketing pour «piloter» l'installation de marques sur le marché subsaharien», avance-t-elle. Sans soutien ni «piston», Asma fait son chemin seule. Elle intègre le programme Rose 66, un programme américain de «women empowerment» en Afrique. Elle s'envole pour Albuquerque et là, découvre «l'american way of life», et comment les USA promeuvent l'entreprenariat féminin dans les régions les moins «favorisées» du pays. Elle en revient transformée. Asma a alors décidé de changer et de se lancer. L'année dernière, cette mère de famille a lancé son nouveau bébé, Africa Key Partners. «On m'a souvent reproché d'avoir choisi un nom trop «ambitieux» par rapport à ma taille», explique-t-elle. A moins d'être le fils d'Icare, et de trop s'approcher du soleil et de s'y brûler les ailes, personne n'est rien, sans une «saine ambition». Et cela au moins, elle l'a!