Khalid El Ibrahimi, président-directeur général de GSI Maroc, sort de sa réserve. Le temps est venu pour lui de tirer les choses au clair. Sa société a été victime de la mauvaise foi de son propre commissaire aux comptes. Une affaire banale d'introduction a tourné au cauchemar. Explications. Khalid Ibrahimi, président-directeur général de GSI Maroc, donne enfin sa version des faits. Il n'en veut pas au Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM), qui a annulé son introduction en bourse. «Je ne peux strictement rien lui reprocher. Il n'a fait que son travail. Il a été loyal et professionnel». Par contre, il est choqué par l'attitude incompréhensible de Abdelhak Kharbouch, représentant le cabinet AMCS, ayant certifié les comptes de sa société. Le 19 novembre 2007, soit une vingtaine de jours après l'octroi du visa du CDVM pour l'entrée de GSI en Bourse, Kharbouch exige que Khalid El Ibrahimi vienne le rencontrer dans son bureau et lui demande de signer et de cacheter des documents antidatés (un rapport du CAC et une lettre de mise en demeure). Le patron de GSI proteste contre cette démarche mais finit par se plier aux exigences de son commissaire aux comptes, qui lui confirme que cela est d'usage pour constituer un dossier complet. Déjà, ces agissements auraient dû alerter le patron de GSI. Le lendemain, coup de théâtre. Ce même expert se rend au CDVM pour remettre en cause le rapport d'expertise. Kharbouch prétend que le rapport certifiant les comptes au 31 décembre 2006 n'émane pas de son cabinet et que la signature n'est pas celle du CAC. Suite à ces révélations, le CDVM décide illico d'annuler l'offre publique de vente. Il est déjà 16h. Comble de l'ironie, le lendemain, le CDVM reçoit un autre courrier de Kharbouch qui confirme que les rapports délivrés par AMCS audit, signés par ses soins, sont authentiques ainsi que sa signature, établie sur les différents documents remis au CDVM. Ces rapports et attestations peuvent être considérés comme valables dans le cadre de l'opération d'introduction en bourse de la société GSI Maroc. Inexpliqué… L'original de ce document se trouve en possession du CDVM, puisqu'il a été adressé à son directeur général. Un pareil comportement ne saurait être toléré. Il est inexpliqué. Des interrogations se posent: quel intérêt aurait-il pu avoir à réagir de la sorte puisqu'en toute logique, il aurait dû se manifester avant le 20 novembre pour dénoncer l'usage de faux comme il le prétend? Puisque la note intégrale a été disponible sur tous les sites : CDVM, bourse et GSI Maroc à partir du 29 octobre, pourquoi le CAC n'a-t-il pas réagi immédiatement ? Pourquoi Abdelhak Kharbouch, lors de sa rencontre le 16 novembre 2007 à Rabat avec Amina Figuigui, directeur des opérations au CDVM, a bel et bien confirmé que le dossier GSI Maroc était complet ? Pourquoi Kharbouch n'a pas alerté le conseiller financier rencontré le 19 novembre dans les locaux de GSI Maroc? Les réponses sont restées lettre morte. En tous les cas, ces révélations dénotent de l'insouciance du commissaire aux comptes, qui a cherché à manipuler tout le monde. Dounia Taârji, la patronne du CDVM, aurait d'ailleurs adressé un courrier incendiaire à l'ordre des experts-comptables pour dénoncer le manque de professionnalisme de cet expert. Khalid El Ibrahimi se dit aujourd'hui victime d'une attitude incompréhensible de la part du commissaire aux comptes. «GSI est une entreprise qui a 20 ans d'existence et d'expérience. Elle assure une couverture nationale, elle est certifiée Iso 9001 version 2000. Nous aurions pu vivre avec ou sans la Bourse. Mais ce projet faisait partie des paliers qu'il aurait été souhaitable de franchir puisque l'entreprise avait un réel besoin d'améliorer sa situation financière, et que les banques n'apportent pas le soutien nécessaire au développement des PME-PMI», explique El Ibrahimi. Cette affaire a abattu son dirigeant. Désormais, le patron de GSI veut tirer les choses au clair. Il demande même à expertiser la signature émise par le commissaire aux comptes sur le rapport relatif aux comptes GSI arrêtés le 31 décembre 2006, en possession du CDVM. GSI doit se refaire une virginité. Affaire à suivre. Les autres vérités du patron de GSI • Le choix de AMCS est le fruit du hasard. GSI Maroc a consulté quatre ou cinq cabinets avant de porter son choix sur AMCS. • A propos des litiges avec les banques : «je n'ai aucun problème avec les banques. J'avais fait une mise au point uniquement avec le Crédit Agricole, qui a opéré une saisie le 28 novembre 2007, soit 5 jours après la date prévue de la souscription (du 21 au 23 novembre 2007). Aujourd'hui, j'ai en ma possession la main levée du crédit agricole», explique El Ibrahimi. • Upline Group a été consulté parmi les cabinets conseil dans le cadre de cette opération. Ce cabinet n'a pas été retenu.