Le Parti de l'Istiqlal vit en ce moment une phase-charnière de son histoire. Le dernier congrès de la formation politique en aura administré la preuve. Le dernier Conseil national du parti de l'Istiqlal a donné lieu à une sacrée passe d'armes entre le Secrétaire général et Premier ministre Abbas El Fassi et le chef historique et membre du Conseil de la présidence M'hamed Boucetta. Si en apparence rien ne laissait présager un tel énervement entre les deux figures de proue du parti nationaliste, la perspective d'un troisième mandat de l'actuel secrétaire général à la tête de l'Istiqlal en importune plus d'un au sein de la direction du parti, notamment l'ancien chef qui a dirigé l'Istiqlal pendant plus d'une trentaine d'années. En effet, le Conseil de présidence, qui redoute une manœuvre de Si Abbas qui lui permettrait de rempiler encore une fois, a lancé une opération préventive. Et c'est Aboubakr El Qadiri, agissant en binôme avec Boucetta, qui prend la parole en prélude du Conseil national. Il rappelle, malicieusement, que le parti doit tenir le cap, puisque la responsabilité de l'Istiqlal n'est pas seulement d'ordre idéologique, mais principalement éthique. Piqué au vif ! Se sentant visé, Abbas El Fassi réagit alors rudement en insistant sur le fait qu'il est aujourd'hui Premier ministre et secrétaire général du parti, et que c'est en tant que tel qu'il a présidé les festivités du manifeste de l'Indépendance, date hautement symbolique pour les militants. Il surenchérit en précisant qu'il a pu imposer l'arabe comme langue de communication lors des conseils de gouvernement. C'est alors que M'hamed Boucetta recentre le débat sur le prochain congrès qui doit impérativement, selon lui, se tenir au plus tard au mois de mars afin de donner l'exemple. Dans la foulée, il propose qu'une commission préparatoire soit élue parmi les membres du conseil national. Boucetta la veut ramassée et efficace. Abbas El Fassi ne l'entend pas de cette oreille. Pour lui, tout le conseil national doit se transformer en commission préparatoire. Une manière d'ouvrir les portes aux nouveaux venus qui seraient tous acquis à Abbas El Fassi, au point de l'aider à amender les statuts du parti. Il aura finalement gain de cause. Cette manche dans le conflit ouvert entre Abbas El Fassi et le Conseil de la présidence préfigure plusieurs autres escarmouches, puisque d'après certaines sources istiqlaliennes, les sages n'ont pas avalé les conditions dans lesquelles s'est déroulée la constitution du gouvernement. Ils trouvent que El Fassi a fait beaucoup de concessions aux uns et aux autres, écornant sa propre image, mais également celle du parti qui, malgré les bons résultats recueillis lors des élections du 7 septembre 2007, n'a pas vraiment pesé sur la formation du gouvernement. Une chose que certains sages ont du mal à pardonner à Abbas El Fassi.