Une magnifique exposition de pièces rares, exposées au regard des connaisseurs. Doux rêveur ou vrai visionnaire ? Peut-être les deux à la fois car, après tout, il faut bien souvent une bonne part de rêve pour que les entreprises utiles aboutissent. Et Lucien Viola en sait quelque chose, lui qui a arpenté, des années durant, les hauteurs de tous les Atlas du Royaume à la recherche de la pièce rare. Ce passionné d'arts populaires est - entre autres cordes à son arc - collectionneur aussi d'anciens tissages tribaux. Il en est tellement épris qu'il a réussi, au bout de plusieurs années de quête chez les Berbères, à constituer un véritable trésor de couvertures, capes, draps, tapis, hanbels et autres izars dont certaines pièces ont un quasi-siècle d'âge… Ce patrimoine inouï, Lucien Viola veut le sortir de l'ombre, le montrer, le promouvoir parce qu'il a la passion du Maroc profond collée à la peau. D'où l'idée d'un magnifique catalogue qu'il vient d'éditer sous le titre «Tissages Tribaux du Maroc», présentant les pièces les plus significatives de ce trésor, commentaires et contexte historique à l'appui. Mais le catalogue n'est qu'un outil pour mieux comprendre ce que l'exposition offre au regard et à l'appréciation. Car Lucien Viola organise, depuis le 23 novembre dernier jusqu'au 12 janvier 2008, une très belle exposition à l'Institut Français de Marrakech sous le thème des tissages berbères. «Cette exposition est tenue en avant-première de l'ouverture à Marrakech, l'an prochain, d'un musée privé qui présentera l'ensemble de ma collection de tissages marocains. L'accent, comme dans toutes les expositions que j'ai organisées, est mis d'abord sur la beauté de ces tissages, qui témoignent du raffinement et de la grandeur d'un monde ancien, largement disparu aujourd'hui…», explique le promoteur de l'événement, qui a dédié l'esprit de l'exposition à Philippe, son fils. «Il m'a permis de vivre au Maroc puis de vivre le Maroc. Il m'a guidé, des années durant, avec un instinct naturel pour la beauté, dans l'acquisition des tissages et dans le dialogue intemporel avec les tisserandes et tisserands berbères», confie Lucien Viola. Le seul «hic», autour de cette exposition, est peut-être cette curieuse absence d'intérêt de la part des notables berbères du pays. Pour l'essentiel, en effet, l'événement interpelle viscéralement les descendants des anciennes tribus berbères, Atlas, Anti-Atlas et Grand Atlas confondus. Mais l'expo ne fait que commencer….