Sale temps pour le marché des allumettes au Maroc. Devenu un produit dépassé par son concurrent le briquet, l'allumette ne se vend presque plus. Le dernier fabricant s'est reconverti dans l'importation et a misé le gros de son activité sur les bougies pour pouvoir survivre. Diversam Comaral. L'entreprise qui se targuait, il y a encore deux ans, de pouvoir encaisser le coup de la concurrence exercée par les briquets importés de Chine et se permettre de fabriquer ses allumettes localement ne peut plus tenir ce langage. Les rares épiceries et autres supérettes de quartiers qui continuent à commercialiser ce produit en cours d'extinction, n'en disposent qu'en très petites quantités, qu'ils gardent dans leurs stocks des semaines durant avant qu'un client n'en manifeste le besoin, souvent par simple nostalgie. Et pour cause, comme le constate ce membre de la fédération de la Chimie et de la Parachimie : «les gens font facilement leur choix. Un briquet, ça coûte moins cher qu'une boite d'allumettes et ça a une durée de vie dix fois plus longue». Et de poursuivre, «les pratiques de contrebande et de sous-facturation ont biaisé davantage les règles du jeu engendrant la mort de toute une filière ». En effet, selon les statistiques non officielles, le nombre de briquets importés d'Asie par la voie parallèle s'élève à 40 millions d'unités. Presque autant que la marchandise qui transite par le circuit formel, estimée à quelque 50 millions d'unités par an. Des bougies pour survivre… Pour pouvoir s'accrocher, Diversam Comaral ne fabrique plus localement. Elle se contente d'importer sa célèbre marque «Le Papillon» d'Inde, pourvu que le produit puisse continuer à investir les étals des commerces. L'entreprise pourra-t-elle pour autant tenir le coup ou emboîtera-t-elle le pas, malgré elle, aux défunts «Top sécurité», «Le petit cavalier», «Le Chat» et «Le daim», disparus au cours des cinq dernières années ? Certes, on n'a pas pu avoir la réponse de la bouche de Paolo Luigi Cittadini, DG de l'entreprise, injoignable durant toute la semaine écoulée. Mais les dernières statistiques sont édifiantes. Les performances des années 90 et du début des années 2000 relèvent de l'histoire ancienne. Cette époque où les allumettiers en exercice vendaient leurs boites à coups de dizaines de millions d'unités par mois est révolue, cédant la place à des années de dèche où la marchandise peine à s'écouler. Pour essayer de remonter la pente, Diversam Comaral ne mise plus gros sur les allumettes. Ce sont les bougies et autres objets décoratifs en paraffine qui constituent un marché potentiel pour l'entreprise. D'ailleurs, sur le site web, toute la communication est focalisée sur ces produits qui s'inscrivent dans l'air du temps. Et ce, contrairement aux allumettes qui, en dépit de commandes lancées par les hôtels, bars, cafés et restaurants, ne parviennent pas à tirer leur épingle du jeu. «Ce sont de petites commandes qui ne nécessitent pas l'existence d'un dispositif industriel important, mais qui ne portent pas sur de gros volumes financiers », explique une source dans le secteur de la parachimie. Cela dit, impossible d'en faire une activité à part entière. Généralement, les fabricants de bougies interviennent aussi sur ce créneau en jouant sur le packaging et la sérigraphie. Pour pouvoir s'en tirer, certains d'entre eux recourent à la publicité par l'objet, vu que les prix de commercialisation ne peuvent pas toujours couvrir les frais de fabrication.