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Comment les Marocains de Dubaï vivent la crise
Publié dans Challenge le 09 - 05 - 2009

Cols blancs ou cols bleus, ils vivent la crise comme un cauchemar. Ceux qui n'ont pas perdu leur emploi vivent dans l'incertitude totale. Même l'importante baisse des loyers n'arrive pas à faire leur bonheur. C'est qu'ici, être licencié, c'est quitter le pays dans le mois qui suit. Ceux qui cherchent une deuxième chance tâtent le terrain d'Abou Dhabi. Une nouvelle porte qui est en train de s'ouvrir alors que celle de Dubaï se ferme de plus en plus.
Charles Bourdin est le directeur de Mandarin Oriental Marrakech, ce nouvel hôtel de luxe qui ouvrira bientôt ses portes dans la palmeraie. En visite à Dubaï, il fait d'une pierre deux coups. Officiellement, il y est pour participer à l'Arabian Travel Market. Mais c'est loin d'être l'unique raison ayant motivé son déplacement. Comme tout le monde, il sait que la crise économique a frappé de plein fouet le Manhattan du désert. Et il veut en tirer profit en se transformant le temps de quelques jours en chasseur de têtes aguerri. Quoi de plus facile quand on sait que l'émirat licencie à tour de bras et que même ceux qui sont en poste craignent de se retrouver à la rue du jour au lendemain. C'est incontestablement ici qu'il trouvera des profils pointus, prêts à tenter une nouvelle aventure et rodés à la culture du zéro défaut qui fait la notoriété de ce petit bout de désert. Indiens, Pakistanais ou Marocains, pour Bourdin, la nationalité importe peu, pour autant qu'ils soient tous sortis du moule made in Dubaï.
Le bon côté de la crise
Car Dubaï est une sorte d'étiquette, une référence en matière de know-how, mais aussi une terre de business. L'est-elle toujours ? Une chose est sûre, plus comme avant. Installé à Dubaï depuis 3 ans, Mohamed Alami, DG de Marrakech Menara, une société d'importation de produits marocains d'artisanat, est en émoi. Son business n'est plus ce qu'il était. Son chiffre d'affaires a baissé de plus de 15% par rapport à 1998. Et pourtant, il a tout tenté pour ne pas en arriver là. Ayant flairé la crise, il a opté pour la diversification en intégrant l'exportation vers le Maroc comme activité de base et en faisant « du coup par coup », comme il se plaît à le dire, en attendant des jours meilleurs. Cet émirat, qui représentait le rêve, l'irréel et le faste, n'est plus ce qu'il était. Du moins pour certains. Car Raja Choukry représente un cas à part. Au moment même où Dubaï se débarrassait de ses employés, Mlle Choukry est recrutée. Ayant visité l'émirat en octobre 2008 pour prospecter le marché du travail et après avoir signé un contrat avec le groupe R média, l'ex-présentatrice de Médi1 Sat s'y installe en février 2009, rejoignant ainsi les rangs du magazine Ro'ya Iqtissadiya. Son témoignage est intéressant à plus d'un titre, car elle a connu le Dubaï du tout début de la crise et vit maintenant la période de son paroxysme. En effet, lors de son premier séjour, tout lui paraissait excessivement cher, à tel point qu'elle pouvait à peine louer un petit appartement d'une pièce et un salon dans la zone industrielle d'Al Qussais, aux frontières de Sharjah. Pas de quoi se pavaner. Et pourtant, cela lui coûtait quelque 8.500 AED (*). Aujourd'hui, les choses ont changé. Elle habite dans le beau quartier de Discovery Garden, situé à 10 minutes seulement de Média City, son lieu de travail, et ne paie que 4.000 DH émiratis par mois. « Aujourd'hui, les loyers ont encore baissé. Ceux qui signent aujourd'hui des contrats de loyer sont mieux lotis. Un appartement comme le mien ne coûte que 3.000 DH émiratis par mois », ajoute-t-elle. Une nouvelle donne qui ne manque pas d'engendrer un mouvement de migration de Sharjah vers Dubaï, où ne pouvait habiter qu'une petite minorité de locataires. Mais Dubaï est une sorte de médaille, qui comme toutes les autres, a un revers. L'émirat, ce n'est pas seulement ces grattes ciel et ces buildings à l'architecture ultra-moderne. Le nec plus ultra côtoie nonchalamment le basique. Hamriya, Frij Al Marar, Iyal Nacer, Satwa ou Karama… Autant de quartiers populaires habités par des Marocains, des Egyptiens, des Indiens et des Pakistanais. « Si vous allez à Abou Hail, vous vous croirez à Casablanca. Le quartier dispose d'un hammam marocain, l'épicier tout autant que le personnel des restaurants et de toutes les boutiques sont des Marocains », lance un habitant du quartier. Des profils de ce genre, il y en a beaucoup à Dubaï. Les cadres marocains existent en très petit nombre et constituent une minorité, comparée à une diaspora libanaise qui s'accapare le gros des postes clés dans l'émirat. Leur présence date des débuts de la construction de l'économie locale et ils ont su en profiter au fil des années, la proximité géographique et linguistique aidant.
Rien ne change pour
les petites mains
Ces Marocains minoritaires ont été les plus exposés aux licenciements, réduisant davantage leur nombre. Parmi eux, certains n'attendent que l'arrivée des vacances scolaires pour regagner le pays. « Même s'ils sont licenciés et que la loi prescrit le retrait du permis de résidence après un mois de chômage, ils ont pu profiter d'une exception, dans la mesure où leurs enfants font des études sur place », explique un Dubaïote sous couvert d'anonymat. D'autres n'ayant pas perdu leurs emplois envoient leurs enfants au Maroc et optent pour la co-location. C'est d'ailleurs le cas de Saïd, un tailleur du beldi installé à Dubaï depuis une vingtaine d'années. Lui, c'est dans un studio à Sharjah qu'il habite et paie un loyer de quelque 500 DH émiratis par mois. « Je préfère cela aux dortoirs qui sont très prisés par les Marocains et surtout les Marocaines », ajoute-t-il. Avec la crise économique, il a été obligé de renvoyer sa femme et ses enfants au Maroc. « Je ne pouvais plus assumer toutes les charges. Avant, je louais un appartement pour ma famille. Maintenant, les temps ont changé et je suis obligé de me serrer la ceinture ». Ses amis Mohamed, Imad et Abdellah, ne sont pas mieux lotis. Membres d'un groupe de musique marocaine, ils habitent eux aussi dans un studio à Sharjah. Mais paradoxalement, ils ne se plaignent pas de la situation. « Notre business n'a pas baissé. Même en temps de crise, les gens continuent à organiser des fêtes de mariage et des baptêmes. La crise ne nous touche pas », lance l'un d'entre eux. Et de nuancer, « nous avons toujours vécu en marge. Crise ou pas, nous ne sommes pas riches, mais c'est beaucoup mieux qu'au Maroc. Ici, la qualité de vie est meilleure». Plusieurs témoignages recueillis mettent en exergue cet avantage que présente la vie à Dubaï malgré les difficultés, malgré la crise. Abdelouahed Aznag ne fait pas l'exception. Cet ancien réalisateur à la TVM a choisi d'intégrer la chaîne d'Abou Dhabi, puis de créer en 2003 sa propre agence de production «Topaz» qui, par moment, produit des émissions sur le Maroc qui passent sur des chaînes panarabes. «Je ne peux pas rentrer définitivement au Maroc. Ici, les conditions de travail restent meilleures en dépit de la crise économique qui, à mon avis, n'est que passagère ». Voilà qui plaira aux officiels de Dubaï, qui n'aiment pas entendre parler de crise. Et même quand ils en discutent, c'est pour parler d'une simple révision des priorités. En attendant, le jeune émirat, qui n'aura plus de pétrole dans 5 ans, et dont le revenu émanait à hauteur de 90% de la finance, de l'immobilier et du tourisme, résiste autant que faire se peut. Les projets pharaoniques qui peuvent faire parler d'eux et dont la symbolique est très forte (exemple de Borj Dubaï) sont maintenus. Les gros chantiers d'infrastructures sont aussi concernés. Citons le cas du métro, dont la date d'inauguration est maintenue (pour le 9 septembre 2009), ou les ponts, dont les travaux continuent, au grand bonheur de ces milliers d'Indiens et Pakistanais prêts à tout pour ne pas quitter le pays.
(*) 1 AED = 2,3 MAD


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