Rappelons tout d'abord que l'Ecosse était un pays indépendant jusqu'à l'Acte d'union du 1er Mai 1707 où elle a rejoint le Royaume-Uni constitué de l'Angleterre, de l'Ecosse, du Pays de Galles et de l'Irlande du Nord. Suite au développement du mouvement indépendantiste l'Ecosse obtint en 1998 l'instauration d'un Parlement écossais avec des pouvoirs notamment au niveau de la santé et de l'éducation. Les élections législatives de 2007 donnèrent l'avantage au parti national écossais (SNP) qui forma le premier gouvernement régional indépendant minoritaire sous la direction d'Alex Salmond. Par la suite, les élections de 2011 donnèrent au SNP la majorité absolue des sièges du Parlement écossais. Enfin en 2012 le Premier ministre britannique David Cameron signa un accord portant sur l'organisation en 2014 d'un référendum sur l'indépendance de l'Ecosse. Le référendum pour l'indépendance de l'Ecosse a eu effectivement lieu le 18 Septembre 2014. Les partisans de l'indépendance sous l'impulsion du SNP menèrent une campagne dynamique avec le slogan « Yes Scotland ». Les unionistes se contentèrent d'une campagne plus discrète sous la bannière « Better together ». Quelques jours avant le référendum, des sondages donnèrent le oui gagnant. Ceci entraîna une riposte vigoureuse des partis conservateurs et travaillistes pour sauvegarder l'union du Royaume-Uni. C'est ainsi que les deux responsables de ces partis se sont déplacés en Ecosse et ont animé des meetings pour exhorter les électeurs à voter pour le nom à l'indépendance. Ils promirent notamment d'accorder de nouveaux pouvoirs au Parlement écossais notamment sur le plan fiscal, et de maintenir la part des dépenses publiques en faveur de l'Ecosse qui est de 19% supérieure à celle de l'Angleterre. Ils ont également mis en garde les électeurs écossais contre les conséquences économiques de l'indépendance. En effet l'Ecosse est un petit pays de 5,2 millions d'habitants dont la monnaie et la dette sont garanties par le Royaume-Uni. Les grandes banques écossaises très impliquées avec le City de Londres, ont même menacé de délocaliser leur siège social à Londres, entraînant une très forte perte d'emplois pour les écossais. Enfin l'Union européenne sans intervenir directement dans le débat, craignait que l'indépendance de l'Ecosse qui est favorable à l'intégration européenne, n'affaiblisse le Royaume-Uni qui doit en principe voter son appartenance à l'Union européenne en 2017. Se posait également le statut de l'Ecosse vis-à-vis de l'Union européenne une fois indépendante du Royaume-Uni. Jawad KERDOUDI Président de l'IMRI Heureusement pour le Royaume-Uni et l'Union européenne, le vote du 18 Septembre 2014 fut sans équivoque avec le non à l'indépendance, qui a remporté 55,3% de voix alors que le taux de participation était de 84,6%. Certes le problème de l'indépendance est résolu, mais la question va se poser pour le gouvernement de Londres quant aux nouveaux pouvoirs à accorder au Parlement écossais. D'ores et déjà, les autres composantes du Royaume-Uni : Angleterre, Pays de Galles, Irlande de Nord demandent eux aussi des attributions plus étendues par rapport au pouvoir central. Une revendication des indépendantistes écossais réclamait la suppression de la Chambre des Londres et son remplacement par un Assemblée représentative des nations du Royaume-Uni. Alors qu'il n'y a pas de constitution écrite du Royaume-Uni, c'est peut être le moment d'établir une nouvelle avec une répartition précise des pouvoirs entre le centre et la périphérie. Au-delà du problème écossais, on assiste pour des raisons historiques dans plusieurs pays, à la demande d'indépendance de régions ayant atteint un certain essor économique, et qui souhaitent obtenir une souveraineté totale. C'est le cas du Québec au Canada, de la Flandre en Belgique et de la Catalogne en Espagne. Il serait dangereux d'accéder à ces demandes d'indépendance, car il en résulterait une plus grande balkanisation du monde actuel qui compte déjà près de 200 pays. Ce serait aussi mettre à mal le principe de solidarité, qui exige que les régions riches d'un pays puissent participer au développement des autres régions moins nanties. Enfin du fait de la mondialisation, il faudrait plutôt encourager les regroupements entre pays plutôt que leur scission. Pour ce qui concerne notre pays le Maroc, nous sommes également confrontés à un mouvement séparatiste dans nos provinces sahariennes. Outre les raisons historiques et géopolitiques de l'appartenance au Maroc, cette région serait politiquement et économiquement non viable en cas d'indépendance avec une population de moins de 1 millions d'habitants et des ressources naturelles limitées. Aussi le Maroc a proposé à l'ONU en 2007 un Plan d'autonomie des provinces sahariennes, leur accordant un gouvernement et un parlement régional, et leur permettant de gérer librement leurs ressources. Espérons que cette solution raisonnable finira par triompher. Par Jawad KERDOUDI Président de l'IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)