La société Alimadis, importateur exclusif des produits Leader Price au maroc, veut rompre sa dépendance vis-à-vis de Label'Vie et lancer ses propres magasins. Son gérant explique pourquoi il en est arrivé là. Hakim Erraji, le gérant associé d'Alimadis, société importatrice des produits Leader Price et détentrice de l'enseigne qui a basé son développement sur un partenariat stratégique et exclusif avec le groupe Label'Vie pour une durée de 10 années renouvelable, était loin de se douter, il y a quelques années, lorsqu'il a monté son projet, que des bisbilles pourraient éclater si vite avec certains de ses partenaires. «Dans le secteur de la grande distribution, les expériences de partenariats avec les groupes internationaux et ma propre expérience me poussent à aller vers des solutions de plus grande indépendance vis-à-vis des distributeurs». Hakim Erraji donne le ton. Entre lui et son principal partenaire, les choses ne semblent pas au top. C'est ce qui le pousse à revoir son positionnement sur le marché. Pour rompre sa dépendance vis-à-vis de Label'Vie, son principal client (70% du chiffre d'affaires est réalisé avec lui), et pour assurer, dit-il, la survie de la société et son développement, Hakim Erraji pousse la réflexion plus loin. Il étudie la possibilité d'ouvrir des magasins en propre pour reproduire le même concept qu'à l'étranger. La dénomination Leader Price pourrait être gardée ou alors «marocanisée». Le projet pourrait aller jusqu'à la production locale de produits de cette enseigne qui seront commercialisés aussi bien au Maroc que dans le réseau international de Leader Price. Le hic pour l'instant, c'est qu'un projet pareil est assez coûteux. «Nous cherchons des partenaires financiers qui sont prêts à s'associer avec nous dans cette nouvelle aventure. Des portes sont déjà entrouvertes», confie le gérant d'Alimadis. Le projet est ambitieux, mais parviendra-t-il à le mener jusqu'au bout, dans la mesure où le manque de foncier commercial fait encore défaut. D'autant plus que les acteurs du marché cherchent actuellement les mêmes perles rares, des magasins de très grandes superficies. Leader Price, lui, s'il devait se lancer à son propre compte, devrait cibler des magasins d'une taille minimum de 350 m2 et pouvant aller jusqu'à 800m2. Voilà donc les perspectives de l'importateur des produits soft discount. Mais pourquoi et comment en est-il arrivé là ? Engagements non honorés ? Pour répondre à cette question, il faut remonter le temps. Erraji a introduit les produits Leader Price au Maroc en 2005 via une entreprise qu'il détient à hauteur de 10%. La majorité (les 90%) est elle entre les mains de partenaires français, dont une filiale du groupe Casino. Alimadis a signé un contrat d'exclusivité avec Label'Vie, mais pour une durée déterminée seulement. La société ne pouvait vendre ses produits qu'à ce seul distributeur. Elle se gardait cependant le droit de vendre 30% de ses produits à Franprix à Casablanca, une enseigne qui, des années durant, les a commercialisés. En 2008, date à laquelle le contrat entre l'importateur et le distributeur a été rediscuté, cette particularité a été supprimée… mais pas complètement. Alimadis pouvait, à partir de ce moment-là, vendre ses produits à n'importe quel client, sauf aux Marjane, Acima, Métro, Aswak Essalam… Logique, même si le business que fait Label'Vie avec Alimadis ne représente « qu'epsilon » dans son chiffre d'affaires global. C'est une démarcation que le distributeur a à payer. C'est ainsi que le nouveau deal a été conclu. Mais, vraisemblablement, les choses ne se sont pas améliorées entre les deux partenaires. Du côté d'Erraji, «le partenariat ne nous a pas donné satisfaction, à cause de l'anarchie qui prévaut dans le secteur de la distribution». Il la matérialise par le non-respect des délais de paiement contractuels (au-delà des 30 ou 45 jours convenus), la facturation de services souvent même pas rendus, l'établissement de note de débits imaginaires, la facturation de marge arrière non contractuelle… «C'est David contre Goliath», ironise-t-il. Ses problèmes avec Label'Vie ont alors commencé à se faire pesants. Erraji a donné ses raisons. Label'Vie doit sûrement avoir ses contre arguments. Pour résoudre leurs différends, le gérant associé d'Alimadis a, selon lui, proposé au distributeur de recourir à l'arbitrage. Le distributeur aurait refusé. L'affaire risque d'aller loin. La justice pourrait être le recours ultime. Et le contrat pourrait être rompu. Affaire à suivre.