Afriquia, Shell et Total commercialiseront le gasoil 50 PPM à partir du 1er janvier 2009. Si la production locale de ce carburant est pour l'heure insuffisante, combien en importeront-ils dans l'avenir et pourquoi les autres pétroliers n'arrivent-ils cependant pas à l'importer ? Même si la Samir ne sera définitivement prête à fournir les besoins globaux des distributeurs pétroliers en gasoil 50 PPM qu'à partir du 1er avril 2009, puisqu'elle a demandé au ministre de tutelle un délai de 3 mois supplémentaires pour nettoyer ses bocks du 10.000 PPM et tester ses machines, trois sociétés pétrolières ont annoncé qu'elles seraient au rendez-vous le 1er janvier pour commercialiser ce carburant et l'essence sans plomb. Il s'agit d'Afriquia, de Shell et de Total, les trois grands distributeurs qui raflent, à eux seuls, les deux tiers des parts de marché. Contactés par Challenge Hebdo, les responsables d'Afriquia et de Shell ont affirmé s'être approvisionnés à la Samir. Aussi, ils ont importé une certaine quantité de ce gasoil. En vérité, les trois sociétés vont en importer entre 20 et 30 %. Et parce que la Samir ne peut fournir en quantités suffisantes tous les distributeurs à la date qui fait loi, elle a fourni ces trois mousquetaires de la distribution pétrolière marocaine parce qu'ils disposent de grandes capacités de stockage pour importer le reste. Afriquia et Total ont leurs dépôts à Jorf Lasfar et Shell à Mohammédia. Les trois sociétés vont importer du 50 PPM, chacune s'approvisionnant sur son propre marché, à hauteur de 20 à 30%. Le reste des approvisionnements sera pris à la Samir. La question qui se pose alors : vont-ils continuer à importer ce Gasoil, qui contient 200 fois moins que le Gasoil+ (10.000 PPM) et 7 fois moins que le 350 PPM ? Selon une source proche des professionnels, la Samir doit offrir un prix compétitif si elle veut dissuader les distributeurs d'importer. «Et elle peut le faire. Et puis c'est dans l'intérêt aussi des distributeurs qui n'auront pas à prendre les risques de change», poursuit la même source. Les démarches des uns et des autres Mais pourquoi les autres distributeurs ne peuvent-ils pas importer ? Pour Petrom et Libyaoil, ce n'est qu'une question de temps. Les deux distributeurs ont un projet commun avec Afriquia, Total et Shell, un projet d'agrandissement de la capacité du dépôt de Mohammedia (centre d'entreposage pétrolier). Ce consortium a en effet augmenté la capacité de ce dépôt de 200.000 à 300.000 m3. Il a dû débourser 30 millions de DH. Seulement, ce dépôt n'est pas totalement opérationnel, surtout concernant la partie importation. Le hic, c'est que le passage du port de Mohammedia au dépôt nécessite un pipe suivant les normes européennes. Le trajet tracé traverse des terrains appartenant à la Samir et d'autres propriétés privées. A ce jour, les pouvoirs publics sont en négociation avec les propriétaires. En attendant, Petrom et Libyaoil sont pénalisés et ne peuvent exporter par conséquent. Si ces distributeurs croisent encore les doigts, d'autres anticipent l'avenir avec sérénité. Afriquia a lancé depuis quelque temps un grand chantier à Tanger Med. Il s'agit d'un dépôt d'une capacité de 300.000 m3, un investissement partagé entre Afriquia (1/3), des pétroliers des Emirats arabes unis et un opérateur koweitien (1/3). Ce dépôt, nous confie la même source proche des professionnels, sera destiné en grande partie à l'export et au soutrage des conteneurs à Tanger Med. Ce qu'il faut savoir, c'est que le gasoil 50 PPM (le gasoil représentant 70% du marché des carburants) sera vendu au prix du gasoil 10.000 PPM majoré de 40 ou 50 centimes. Son prix risque de baisser à moyen terme si le prix du baril continue sa descente aux enfers. Les pouvoirs publics hésitent cependant à répercuter la baisse des cours de l'or noir sur les prix à la pompe, vu les contraintes auxquelles font face le raffineur et les distributeurs. Ces derniers, qui signent des contrats qui ne prennent effet qu'à long terme, achètent à des prix forts et se voient livrés parfois au moment où les cours sont en baisse.