L'actualité brûlante : Mustapha Amhal, actionnaire majoritaire, cède ses parts dans Distra à Adil Douiri. De fait, la société, qui produit la marque de Lessive « Wash », est entrée dans le giron de Mutandis, le fonds d'investissement géré par l'ex-ministre du Tourisme. C'est à la fin de la semaine du 30 novembre que l'accord de rachat des 70% des actions de Distra entre Mustapha Amhal et Adil Douiri a été signé. L'information brûlante qui s'est infiltrée du milieu des affaires marocain n'a pas été démentie par le patron du groupe Amhal, contacté à ce propos par Challenge Hebdo. «C'est en cours de finalisation», a-t-il déclaré, un peu surpris par la divulgation de cette information. Contacté à son tour, Adil Douiri n'a pas récusé l'info mais s'est interdit tout commentaire, précisant que c'est à Amhal d'en parler. Mais ce qui est sûr, c'est que ce sont 70% seulement des actions de Distra qui viennent d'être cédés, pour 25MDH. Actions que détenait Mustapha Amhal à titre personnel. Les 30% restants appartiennent toujours à Jaouad Alami. S'agissant du repreneur, il s'agit de Mutandis, le fonds d'investissement géré par Adil Douiri, créé en février de l'année en cours. C'est la première prise de participation majoritaire de ce fonds d'investissement, du moins dont le secret a été éventé. «Nous allons cibler des sociétés ayant atteint un stade de faible croissance afin d'accélérer leur développement en leur conférant de nouvelles ambitions», avait déclaré Adil Douiri. Se positionner sur un marché déjà conquis Cette prise de participation dans Distra a été interprétée différemment dans le milieu des affaires. Ce qui fait l'unanimité, c'est que le fonds géré par Adil Douiri, contrairement à certains fonds d'investissement, a une durée de vie illimitée. Cela veut dire que la participation majoritaire dans Distra vise à relancer l'entreprise et à la soutenir afin de se positionner sur son marché à moyen et long terme. De grandes ambitions, mais pas une tâche facile. Lorsque Distra avait été créée et la nouvelle lessive Wash lancée, certains avaient vu dans l'acte d'Amhal du courage et beaucoup plus d'aventure. Car la nouvelle marque s'était lancée sur un marché contrôlé par deux mastodontes, filiales de puissantes multinationales, en l'occurrence Procter & Gamble qui fabrique les trois marques “Tide”, “Ariel” et “Bonux” et Unilever avec sa marque locomotive “OMO”. Mais l'ambition de Mustapha Amhal, comme il l'avait fait savoir lors de ses rares sorties médiatiques, était de créer des marques 100% marocaines. Son modèle était de voir l'économie marocaine s'appuyer sur des marques locales dont la consommation est très encouragée. Mais il fallait conquérir des parts de marché pour atteindre le seuil de rentabilité. En 2007, Distra s'emparait de 7% de parts de marché, et on parle même d'atteindre les 8%, c'est-à-dire le seuil de rentabilité. Ce qui était difficile à atteindre. Car même atteint, ce n'est qu'à partir de 10% que Distra peut gagner de l'argent. Un objectif qui n'a pas été atteint. Et pourtant, un important investissement industriel a été consenti par Amhal pour relancer la société, qui incarnait l'un des nouveaux métiers du groupe, à savoir l'industrie et la distribution, après avoir cédé le pôle énergétique (Somepi) en 2005 et la participation dans Savola Morocco quelques mois plus tard. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir si la stratégie Mutandis relancera Distra au point de pouvoir sérieusement concurrencer des géants comme Procter&Gamble ou Unilever ? C'est la première réalité avec laquelle Adil Douiri et les autres actionnaires de Mutandis devront dorénavant faire.