22 mois après son lancement, Wana fait son bilan sur tous les segments. De nouveaux enjeux pointent leur nez. Une licence GSM en 2009, pourquoi pas ? Des questions sur le sort de Wana restent encore en suspens. Les actionnaires de l'opérateur ne souhaitent pas se prononcer sur l'éventuelle ouverture du capital de la société. Ni le top-management de Wana d'ailleurs, qui renvoie la balle aux dirigeants de l'ONA et de la SNI. «Cette question d'ouverture de capital relève de la gouvernance des actionnaires», préfère répondre Karim Zaz, président de Wana, lors de la conférence de presse tenue cette semaine sur le bilan d'activité de la filiale. En effet, plusieurs rumeurs insistantes ont fusé, faisant état de discussions sérieuses avec des opérateurs européens (dont Vodafone) et arabes (dont Orascom). Si de nouvelles alliances s'opèrent, ce n'est vraisemblablement pas pour que l'ONA et la SNI disposent de plus d'argent pour mener leur projet à long terme. Il leur aurait été plus simple par exemple d'introduire Wana en Bourse pour lever plus de fonds. Les actionnaires pourraient plutôt bénéficier du savoir-faire des mastodontes en la matière. Mais même dans ce cas-là, des professionnels estiment que Wana, avec l'expertise de son équipe (une sorte de multinationale marocaine), s'en sort déjà bien. Les études de satisfaction le prouvent : «9 clients sur 10 se disent satisfaits des produits et services offerts», confie Karim Zaz. A propos du tour de table Selon des sources proches du dossier, l'évocation de cette option introduisant des partenaires dans le tour de table de Wana est prématurée, d'autant qu'elle n'aurait vraiment de sens que lorsque les intentions d'investir des actionnaires se clarifieront. En effet, si l'ONA et la SNI ont décidé de reporter la publication du nouveau business plan de Wana, c'est parce qu'ils attendent en grande partie le dénouement d'un dossier stratégique, celui de la troisième licence GSM. L'ANRT (Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications) a fait savoir au mois de mai dernier qu'elle lancerait cette licence cette année. «Nous sommes intéressés par cette licence, qui pourrait nous permettre d'être plus compétitifs et de disposer de plus de flexibilité et de capacité à recruter davantage de clients sans avoir à les équiper en des terminaux spécifiques (NDLR : appareils CDMA)», déclare M. Zaz. Et de poursuivre : «nous ne pouvons pas monter de schéma tant que nous ne disposons pas de tous les paramètres, de la configuration définitive… Il faut attendre le lancement de l'appel d'offres». Cette licence devrait permettre à Wana d'accéder au marché des cartes « Sim », un marché encore peu accessible au troisième opérateur, dans la mesure où beaucoup de ces appareils ne disposent pas de puces. Or, une majorité de consommateurs préfèrent encore utiliser les téléphones à puce. Ce marché peut donc rapporter gros à Wana. Les termes de cette troisième licence sont donc très attendus : sa durée, la contrepartie financière, les engagements de couverture, la possibilité d'utiliser ou non les infrastructures déjà existantes des opérateurs en place… Les intentions d'un quatrième opérateur, s'il est retenu, devront être très attendues aussi. Sera-t-il opérationnel dès 2009 ? En 2010 ? Quelle sera sa politique ? De tout cela dépendront alors les décisions que les actionnaires de Wana devront prendre, et entre autres, celle du montant qu'ils rempliront dans la case «investissement». Il y a quelques mois, un budget de 5 milliards de DH avait été jugé trop important. La rallonge budgétaire demandée par l'ex-patron de l'ONA lui avait été d'ailleurs refusée. Qu'en sera-t-il cette fois-ci ? Selon une source proche du dossier, ce n'est pas tant les 5 milliards (ou un autre montant) qui importent, mais plutôt leur affectation. «Il faudrait savoir quoi en faire». Les actionnaires de Wana ont donc besoin de temps pour peaufiner leur stratégie, d'où le rendez-vous, très attendu, de mars 2009… Saloua Mansouri ◆