4 ans ont été suffisants à la nouvelle équipe dirigeante de Maroc Leasing pour redorer le blason et donner plus de crédit à la 1ère société de leasing au Maroc, créée en 1965. La société a en effet endossé un nouvel habit de champion. Elle revendique aujourd'hui une part de marché importante, occupant la 4ème position, à quelques chiffres près de la 3ème position, selon les chiffres 2007. Et en 2008, le succès n'est pas près d'abandonner la société. Ce sont des chiffres qui ne trompent pas et qui montrent clairement le sacré challenge relevé par Ali Harraj et son équipe afin de redresser une société de crédit bail qui a certes un passé glorieux et jouit d'une notoriété auprès de ses clients, mais qui a traîné, elle aussi, entre 2001 et 2003, la banqueroute de la BNDE aujourd'hui en liquidation. Et c'est Ali Harraj, lui-même président du collège de liquidateurs de la BNDE (Banque Nationale pour le Développement Economique), qui a été nommé président-directeur général de Maroc Leasing, qui raconte les péripéties de ce pan de l'histoire de la société. «Maroc Leasing a conservé durant plusieurs décennies le titre de leader de son marché avec des parts de marché historiques de 25%. Jusqu'au jour où les difficultés de la BNDE ont rejailli sur elle. Ses parts de marché ont dégringolé et elle n'a produit que 200 millions de DH en 2003, réalisation faible pour une société de leasing. La CDG a donc décidé de racheter en 2003 les parts de la BNDE. A l'assemblée générale de juin 2006, j'ai donc été nommé président du collège de liquidateurs en tant qu'ex-directeur général jusqu'à l'extinction totale de toutes les créances». Lorsque la société a été rachetée par la CDG (Caisse de Dépôt et de Gestion), Ali Harraj nomme une équipe et adopte une stratégie entièrement nouvelle. Depuis, tout a changé. La courbe des réalisations et indicateurs financiers suit un trend haussier. De 200 millions de DH de production en 2003, ce chiffre atteindra 2 milliards de DH fin 2008 et le résultat net est passé de -59 millions de DH à +50 millions de DH. De moins de 4% avant le plan de restructuration CDG, Maroc Leasing revendique aujourd'hui près de 15% de parts de marché. Des dossiers de créances en souffrance, 97% datent d'avant le plan de sauvetage. L'adossement au groupe CDG a été certes d'un grand apport pour Maroc leasing. Mais ce serait exclure un effort considérable fourni par le top management de l'entreprise. «Nous avons assaini la situation financière. Sur le plan comptable, on s'est mis en conformité avec la réglementation bancaire puis on a commencé à faire un travail de fond : refonte du système d'information-métiers et comptable, mise en place de la fonction gestion de risque qui a constitué le contre pouvoir de la force commerciale, cette dernière ayant été développée en interne vu que la société n'est pas adossée à un réseau bancaire». Quant aux objectifs de la société, Ali Harraj demeure concentré sur l'amélioration de la qualité de service. «Notre objectif n'est pas d'être numéro 1 en termes de parts de marché et de volumes. Certes, nous ambitionnons d'augmenter nos parts de marché, mais tout en conservant la proximité avec le client par la réactivité et la qualité de service. Notre objectif, c'est d'avoir une croissance maîtrisée et rentable et surtout être une référence en la matière. C'est aussi d'être considéré comme un spécialiste sur ce créneau». Ali Harraj Président directeur général A 49 ans, Ali Harraj est administrateur, représentant de la Caisse de dépôt et de gestion, au niveau de plusieurs filiales et participations du groupe (Maroc Leasing, CDG Capital, CIH, Crédit agricole du Maroc, Sofac, CGI, BCP…). Il est également président, depuis septembre 2007, de Sofac, une filiale du crédit à la consommation. Cet ingénieur de l'école centrale de Paris et diplômé de l'institut français du Pétrole, a piloté le plan de restructuration de Maroc Leasing. « J'ai mis en œuvre un plan de restructuration sur les plans organisationnel, management, gouvernance, financier. On n'a pas eu besoin d'injecter un seul dirham. Il est clair que l'adossement au groupe a aidé, mais pas seulement. Il a fallu négocier des lignes de crédits avec les banques sans donner de garanties. Je suis parti, personnellement, voir toutes les banques pour négocier ». Il a réussi sa première mission en dépassant les objectifs du plan triennal de restructuration 2004-2006 en installant un nouveau système d'information, une gestion de risques, le scoring… La chaîne a re-décollé. Le deuxième plan 2005-2008 est un plan de développement. « Ma mission est de conduire ce navire dans une phase de développement et d'exploitation de synergies avec la CDG et d'autres organismes bancaires et là aussi, l'objectif principal n'est pas seulement le volume », éclaircit-il. Ali Harraj se réunit avec son comité de direction tous les mardis pour faire le point sur les grandes orientations et réalisations. Mais il a également des réunions, au besoin, avec les comités de crédit centraux et le comité de recouvrement. Youssef Ammor Directeur délégué A 42 ans, Youssef Ammor est le bras droit de Ali Harraj. Il a travaillé avec lui à la BNDE ; il chapeautait alors la direction comptabilité et finances. « Une fois nommé à Maroc leasing, M. Harraj m'a proposé de le rejoindre», dit-il. Il fut nommé en avril 2004 directeur administratif et financier. « La CDG en tant qu'actionnaire de référence a voulu lancer un plan de restructuration avec une nouvelle équipe. Au niveau des ressources humaines, une trentaine de personnes ont été recrutées entre 2004 et 2006 pour faire démarrer la boîte. On a commencé par le commercial, le recouvrement, le contentieux, le risque, le contrôle interne… Nous avons mis en place un nouvel organigramme». En octobre 2007, ce lauréat de l'ISCAE et titulaire d'un Master en management de l'école des mines de Paris, fut nommé directeur délégué. Pour lui, ce qui a changé, ce sont les mentalités. Tout le monde travaille la main dans la main. Une nouvelle dynamique a été insufflée dans l'entreprise. « Nous avons également assaini notre situation financière en enregistrant un taux de sinistralité bas. Nous avons redonné à Maroc Leasing l'image d'une boîte dynamique, bien organisée ». Youssef Ammor gère une équipe de 34 personnes et chapeaute 6 départements (comptabilité, contrôle de gestion, ressources humaines, recouvrement, trésorerie et moyens généraux). Nezha Maher Directrice commerciale C'est la doyenne de la boîte. Elle a intégré Maroc Leasing en 1975. « Après une expérience professionnelle probante dans une grande banque de la place, j'ai rejoint Maroc leasing comme attachée de direction». Mais comment a-t-elle vécu le changement avec le plan de restructuration ? « Ça a été une expérience enrichissante sur tous les plans, tant au niveau de la formation, du management, du système d'information qu'au niveau des chantiers structurants », répond-elle. Son souci, c'est la mise en place de la nouvelle politique du management par le respect des procédures nées de la restructuration. « Il y a une amélioration au niveau des relations avec les commerciaux. Je gère une dizaine de personnes avec lesquelles j'ai des réunions quotidiennes et des consultations permanentes toute la journée. On travaille dans un climat serein et cela n'a pas de prix». Sa devise est l'honnêteté : être franche avec le client, garder une relation saine avec lui. A cet effet, Maroc Leasing est en train de mettre en place une solution CRM (gestion de la relation client). « Mon objectif est de fidéliser la clientèle et d'atteindre 2 MMDH de production à la fin 2008», conclut-elle. Faïssal Chahrour Directeur des Engagements et de l'Exploitation Faissal Chahrour, 43 ans, a intégré Maroc Leasing en 2004 après une expérience de plus de 10 ans au sein de banques multinationales. A Maroc Leasing, on lui confie plusieurs missions dont la mise en place d'une direction des risques, d'un nouveau système d'information et la refonte des processus et dispositifs de contrôle des risques. A la tête d'une équipe d'une douzaine de collaborateurs, le directeur des engagements et d'exploitation travaille à la maîtrise des risques. Résultat : le taux de sinistralité a été réduit de plus de 10 points pour se stabiliser à 5%. Après la mise en place d'un système de scoring inédit au Maroc, l'équipe de Faïssal Chahrour a d'autres challenges à relever, dont la conformité aux exigences réglementaires et baloises. Khalid Laghzal Directeur du Système d'Information et Organisation Khalid Laghzal a 40 ans. Il avait 6 ans d'expérience dans le crédit-bail au sein d'une entreprise concurrente le jour où il a été rattaché à l'une des directions qui ont accompagné le plan de restructuration à Maroc Leasing à l'été 2006. Il a participé à la refonte du système d'information. Cette direction a initié un projet front web, outil de vente de crédit-bail chez les partenaires, qui permettra d'améliorer la qualité de service. Ce titulaire d'un MBA de l'université de Sherbrooke a revu les procédures métiers et s'applique à mettre en place le projet CRM afin de fournir à l'entreprise les moyens de dynamiser les ventes et d'assurer la satisfaction de la clientèle. Dans l'optique de préparer la certification qualité aux normes ISO, la direction a initié un projet, GED (Gestion électronique de documents), afin de dématérialiser l'ensemble des documents de l'entreprise dans l'objectif d'améliorer les process d'exploitation. ◆