Devant l'ampleur du gaspillage alimentaire, accentué durant le mois sacré de Ramadan, de nombreuses start-ups ont développé des solutions concrètes et innovantes pour lutter contre ce fléau. Entre la revalorisation des invendus, la mise en relation des utilisateurs avec des commerçants et la transformation de la vente au détail alimentaire grâce à des solutions pratiques pour améliorer l'approvisionnement et réduire les déchets, ces sociétés proposent plusieurs alternatives. À cause des achats excessifs et des surplus alimentaires, chaque soir, des quantités considérables de nourriture finissent à la poubelle. Un enjeu majeur que souligne Yassine Bentaleb, PDG de Foodeals MEA, une start-up jouant un rôle déterminant dans la lutte contre le gaspillage alimentaire grâce à sa solution novatrice de gestion des dates limites de consommation. Une technologie pour optimiser les stocks Dans une déclaration à la MAP, M. Bentaleb indique que la plateforme technologique de Foodmeals MEA permet aux entreprises d'optimiser leurs stocks et de réduire significativement leurs pertes alimentaires. Pour limiter les invendus, la start-up a mis en place un écosystème complet offrant deux voies principales, à savoir la commercialisation à prix réduit et la donation. Lire aussi | Le Maroc lance une vaste campagne de sensibilisation contre le gaspillage de l'eau [Vidéos] « Notre marketplace connecte efficacement les commerçants, supermarchés et restaurants avec des consommateurs soucieux de leur budget et de l'environnement. Parallèlement, notre système de donation facilite le transfert des surplus alimentaires encore consommables vers des associations caritatives et banques alimentaires, maximisant ainsi l'impact social de notre solution », ajoute-t-il. Un gaspillage accru pendant le Ramadan Selon M. Bentaleb, la consommation alimentaire explose durant le Ramadan, entraînant une surproduction et un gaspillage massif. « Les buffets de ftour proposent une grande variété de plats pour attirer les clients, mais une grande partie des mets préparés reste souvent invendue et finit à la poubelle », regrette-t-il. Les boulangeries, quant à elles, produisent en grande quantité pour satisfaire la demande accrue de pains et de pâtisseries traditionnelles, mais une mauvaise estimation entraîne souvent des invendus. Au sein des ménages aussi, la tendance est au gaspillage. « La préparation excessive de repas copieux, les achats impulsifs en grandes quantités et le manque de planification contribuent à l'augmentation des déchets alimentaires », explique le PDG de Foodeals MEA. Lire aussi | Karim Tazi: «Le gaspillage alimentaire au Maroc est surtout le fait des classes les plus aisées» La start-up multiplie les actions de sensibilisation dans ce sens, « nous planifions des campagnes via nos plateformes et nos réseaux sociaux, en partageant des conseils pour conserver les aliments plus longtemps, préparer des repas en quantités adaptées et limiter le gaspillage », précise M. Bentaleb. L'entreprise a récemment rencontré le Conseil économique, social et environnemental (CESE) pour présenter une analyse détaillée des dynamiques du gaspillage alimentaire au Maroc et explorer de nouvelles pistes de valorisation. « Cette collaboration nous permet de contribuer à l'élaboration de recommandations stratégiques pour les politiques publiques et d'amplifier la prise de conscience nationale sur ce sujet critique », souligne-t-il. Afin de réduire le gaspillage, Foodeals MEA propose des solutions adaptées aux besoins des commerçants et restaurateurs. « Nous collaborons avec des supermarchés, des restaurants et des boulangeries afin de leur permettre de revaloriser leurs invendus via notre plateforme Foodeals Market, en proposant des offres à prix réduits », affirme M. Bentaleb. En parallèle, l'initiative Foodeals Donate facilite les dons d'excédents alimentaires aux associations locales et banques alimentaires. « Notre modèle repose sur un principe simple : plutôt que de jeter, nous aidons les commerces à écouler leurs produits ou à les redistribuer aux plus démunis », résume-t-il. Lire aussi | Sacré Ramadan. Quand le jeûne devient synonyme de gaspillage Par ailleurs, Foodeals MEA est une plateforme digitale permettant aux commerçants de suivre les dates de péremption des produits et d'identifier ceux avec une date d'expiration proche afin de les proposer rapidement aux consommateurs. « Nous explorons aussi l'Intelligence Artificielle pour améliorer nos recommandations et optimiser le processus », révèle M. Bentaleb. D'après lui, la lutte contre le gaspillage alimentaire repose sur trois piliers, notamment les consommateurs en achetant en quantités raisonnables, en stockant correctement les aliments et en utilisant les restes; les commerçants en proposant des offres sur les produits proches de la date limite ainsi que les acteurs publics en sensibilisant la population et en mettant en place des politiques incitatives pour la redistribution des invendus. Avec des initiatives comme celles de Foodeals MEA et une prise de conscience collective, le Maroc est sur la voie de faire évoluer les comportements et réduire significativement le gaspillage alimentaire durant cette période cruciale de l'année. Car si le Ramadan est un temps de partage, il doit aussi être celui de responsabilité.