En 2012, date de la fin de l'accord associant le Maroc à la Millenium Challenge Corporation (MCC), le Maroc pourrait redemander à l'Amérique de lui faire des dons, à condition qu'il satisfasse toujours les critères d'éligibilité. Challenge Hebdo : la Millenium Challenge Corporation (MCC) alloue au Maroc près de 700 millions de dollars sur une période de 5 ans. Que se passera-t-il si les projets ne démarrent pas à temps ? Muneera Salem-Murdock : en étroite collaboration avec nos partenaires marocains, nous faisons tout ce que nous pouvons pour assurer le démarrage des projets à l'heure. Nous avons une période, appelée la période CIF, en référence aux fonds alloués pour cette période préparatoire, pour nous assurer que tous les travaux préalables sont effectués avant que le programme n'«entre en vigueur», auquel moment, l'horloge de 5 ans commencera. D'ailleurs, le programme a été conçu dès le départ pour une période de 5 ans. C. H. : est-il possible qu'en cours d'exécution du programme, des changements s'opèrent tant au niveau des projets que de l'affectation des ressources ? M.S.M. : comme vous le savez, l'objectif global de MCC est la réduction de la pauvreté par le biais de la croissance économique, un objectif qui est réaffirmé dans tous les projets que nous soutenons. Compte tenu de notre mandat de cinq ans, lorsque nous planifions des activités, nous le faisons dans un cadre quinquennal, avec des budgets associés. Même si les budgets associés aux différentes composantes de notre programme sont prédéterminés, le programme reste flexible. Ainsi, par exemple, si l'un des éléments du programme ne fonctionne pas de manière satisfaisante ou n'a pas pu obtenir les résultats escomptés, et qu'en même temps, une autre activité fonctionne très bien mais a besoin de plus de fonds, le gouvernement marocain peut demander le transfert de fonds d'une composante de programme à une autre. Ce qui n'est pas susceptible de se produire, c'est l'augmentation du niveau global de financement. C. H. : quels sont les mécanismes que vous allez utiliser pour décaisser l'argent en question ? M.S.M. : MCC utilise deux mécanismes de décaissement. La plupart de nos fonds vont passer par ce que nous appelons le «paiement direct». Par exemple, si un prestataire est contacté par une Entité d'Exécution, disons le ministère de l'Agriculture, pour réaliser un certain service, et que le travail est accompli à la satisfaction de la dite Entité, elle envoie la demande de paiement à l'APP, l'Agence qui a été créée pour gérer l'ensemble du programme. L'APP étudiera la demande et si elle est convaincue, elle l'enverra à MCC Rabat, qui va l'examiner, normalement le même jour, et l'envoyer à son tour à MCC Washington. En supposant qu'il n'y ait pas de question à poser ou de clarification à demander, MCC Washington disposera de 5 jours pour autoriser le paiement, soit en dollars américains soit en dirhams. Les fonds approuvés seront, ensuite, transférés directement sur les comptes bancaires des fournisseurs. Évidemment, il peut y avoir des cas où de telles dispositions ne peuvent être réalisables. Dans ces cas, et pour être en mesure de couvrir d'autres petits achats, nous avons un autre mécanisme de décaissement, la «petite caisse», où les fonds sont transférés à une banque «approuvée», qui va exécuter le paiement. C. H. : le programme que vous supervisez est défini dans le temps. Est-il possible que l'expérience soit renouvelée plusieurs fois en ce qui concerne le Maroc ? Si oui, dans quelles conditions ? M.S.M. : comme vous le savez, chaque Compact est limité à cinq ans. Toutefois, les pays peuvent demander un deuxième compact s'ils sont toujours éligibles au financement du MCC, jugé sur les mêmes critères qui les avaient rendus admissibles la première fois. Les pays qui deviennent inéligibles deux années d'affilée ne peuvent pas présenter une proposition pour un deuxième Compact sans avoir d'abord rectifié la question de l'éligibilité. C. H. : peut-on considérer le MCC comme un contrat à durée déterminée ? M.S.M. : un Compact est un accord, un traité international entre deux pays. Il ne s'agit pas d'un contrat, qu'il soit d'une durée déterminée ou indéterminée.