La crise ukrainienne pourrait menacer les livraisons de gaz russe à l'Europe, des livraisons vitales pour certains pays. Pour déjouer une telle éventualité, le think tank allemand « European Council on Foreign Relations », estime dans un rapport que l'Afrique du Nord représente une alternative aux problèmes énergétiques du vieux continent. De nombreux pays européens craignent que la Russie, qui assure aujourd'hui 40% de l'approvisionnement du Vieux Continent, ne réduise ses livraisons si un conflit éclatait avec l'Ukraine. L'Afrique du Nord et le Moyen-Orient pourraient faire partie de la solution à une fermeture du robinet russe, selon le think tank allemand « European Council on Foreign Relations ». Selon ce dernier, dans un récent rapport, le remplacement du gaz russe principalement par du gaz qatari et du gaz saoudien semble être une solution intéressante. « Depuis fin janvier, Washington pousse Doha à rediriger les exportations de gaz vers l'Europe. Cependant, la production qatarie est proche de sa capacité maximale, une grande partie de son approvisionnement étant liée à des contrats avec des clients clés en Asie. Si les Etats-Unis ne parviennent pas à convaincre leurs partenaires asiatiques de libérer certains de leurs achats pour les livrer en Europe, les nouveaux approvisionnements en gaz seront limités et livrés aux prix du marché au comptant, qui sont déjà à un niveau record », souligne le think tank allemand qui précise que le pouvoir de négociation du Qatar (deuxième producteur mondial de gaz naturel liquéfié) est renforcé par le manque d'alternatives, d'autant plus que l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ne disposent pas de capacités comparables de production et d'exportation de GNL. Lire aussi | Gaz naturel. Le britannique Sound Energy lance la construction de son unité de traitement et de liquéfaction de Tendrara Pour autant, précise « European Council on Foreign Relations », les Etats-Unis continuent de demander à l'Arabie Saoudite d'augmenter sa production de pétrole pour non seulement anticiper l'éventuelle réduction des approvisionnements russes en pétrole mais aussi baisser les prix. « Riyad subit d'importantes pressions américaines pour augmenter sa production de pétrole afin de faire baisser les prix. Jusqu'à présent, il a refusé de le faire, car la hausse des prix augmente ses revenus, accélérant sa reprise après la pandémie. Mais un conflit accru intensifiera les demandes occidentales. L'Arabie saoudite pourrait également sentir une opportunité de contester la domination de la Russie sur le marché pétrolier d'Europe de l'Est, en utilisant ses récentes percées en Pologne pour tenter de s'emparer d'une plus grande part du marché mondial », analyse le think tank allemand. L'Afrique du Nord, une alternative Ce dernier note que le conflit entre Kiev et Moscou avec ses conséquences sur les cours du gaz et du pétrole sur le marché mondial, offre une réelle opportunité pour la diplomatie des pays de l'Union européenne de mener «une médiation entre le Maroc et l'Algérie pour ouvrir des gazoducs énergétiques». « L'Afrique du Nord représente une autre solution potentielle aux problèmes énergétiques de l'Europe, compte tenu des positions de l'Algérie et de la Libye en tant que possibles fournisseurs alternatifs de gaz. Mais cela aussi entraînerait des complications importantes, notamment la manière dont la politique désordonnée de l'Afrique du Nord pourrait menacer la stabilité des approvisionnements », constate « European Council on Foreign Relations » dans son rapport. Et de le think tank allemand de marteler : « L'escalade des tensions entre Alger et Rabat a déjà stoppé les exportations d'énergie via le gazoduc qui relie l'Algérie à l'Espagne. L'animosité de longue date entre les parties offre peu d'espoir d'une résolution rapide même si la crise ukrainienne pourrait inciter les Européens à intensifier leurs efforts pour contenir le différend» maroco-algérien.