C'est ce week end que se tient à Rabat le Conseil national de l'USFP, dans un méli-mélo dramatique qui tient en haleine tous les socialistes marocains. Lors de cette rencontre, tous les belligérants de la dernière crise qui a secoué le parti d'Abderrahim Bouabid seront présents. Ils auront bénéficié de plus d'un mois pour affuter leurs armes et livrer ce qui semble être le combat ultime. D'après plusieurs observateurs de la chose politique, Mohamed El Yazghi, premier secrétaire récemment éconduit, ne compte pas se laisser faire. Requinqué par une période de pèlerinage qu'il aurait d'ailleurs mis à profit pour échafauder une contre offensive contre le bureau politique, il serait fin prêt à retourner une situation qui paraissait fortement compromise. Dans ce sens, les vieux militants maîtrisant les rouages de l'USFP n'ont jamais douté de son retour en force. Ils ont qualifié sa démission « forcée » des instances dirigeantes du parti de retrait tactique. De toute façon, aussi bien une partie de la Chabiba ittihadia, menée par El Yazghi junior, que certains patrons du parti dans les régions, ont, durant le dernier mois, guerroyé contre le bureau politique, le fragilisant un peu plus. En effet, depuis la destitution-démission d'El Yazghi de son poste, le bureau politique est loin de se présenter comme une entité monolithique. Le choc des ambitions au sein de cette instance dirigeante n'a pas tardé à faire surface, révélant des appétits opposés. Ainsi, aussi bien Fathallah Oualalou, Lahbib Malki que Mohamed Al Achaari, qui étaient les fers de lance du putsch qui a renversé El Yazghi, ont commencé à jouer chacun pour son propre compte, reléguant pour un moment la mise à niveau du parti aux calendes grecques. En réussissant, dans un premier temps, à mettre El Yazghi hors jeu, ce trio a ouvert la boîte de Pandore, puisque personne ne sait plus à quoi aboutiront les joutes du Conseil national. Les militants ont justement compris que tout était désormais possible, même la destitution de tous les dirigeants siégeant au bureau politique. Une perspective certes radicale mais que le clan El Yazghi verrait avec beaucoup d'intérêt. Elle permettra au Conseil national d'élire un nouveau bureau. Ce qui dans ce cas précis relancerait les chances de tout le monde et notamment de ceux qui n'ont jamais eu de postes ministériels. Au-delà donc du sort du bureau politique, c'est la participation de l'USFP au gouvernement d'Abbas El Fassi qui sera également discutée. Plusieurs militants estiment que leur parti, qui a piloté l'expérience de l'Alternance sous la houlette d'Abderahmane El Youssoufi, n'a plus sa place dans le gouvernement. Des voix se sont élevées pour demander le retour à l'opposition afin que l'USFP renoue avec sa base et redore son blason. Une option qui, selon l'aveu qu'aurait fait El Yazghi lors des élections du 7 septembre à ses proches, ne serait plus viable. L'USFP ayant connu ces dix dernières années un processus d'embourgeoisement qui a profondément influencé sur ses capacités de nuisance. Un aveu que semble confirmer la volonté de la FDT, centrale syndicale affidée à l'USFP, de quitter le giron du parti et de s'autonomiser. Début de réponse à partir de ce week-end.