Nelson Mandela est dans un état critique. A 95 ans, celui que les Sud-Africains appellent « Madiba » est tout proche de tirer sa révérence. Il aura marqué l'histoire par son combat contre l'apartheid, mais surtout par la gestion de sa victoire, du démantèlement de celui-ci. Il a réussi à sauvegarder l'unité de l'Afrique du Sud, le maintien de la citoyenneté des Afrikaners, malgré les tentations de l'Inkhata, de l'extrême droite, ou encore la soif de revanche de certains cadres de son propre parti. Il a aussi refusé de se maintenir à la tête de l'Etat en changeant la constitution. Malgré ses 27 ans de prison, il s'était maintenu en bonne santé jusqu'à ces derniers mois. Adulé, partout il l'est. Sauf au Maroc où on lui fait deux reproches. Le premier est politique et a trait à la position de la RSA sur le Sahara. Position d'autant plus inacceptable que le Maroc était parmi les premiers pays à armer l'ANC. On peut atténuer ce reproche en rappelant que c'est son successeur qui a choisi de s'aligner sur les positions algériennes de manière claire. Sentimentalement plus fort, le second reproche a trait à l'attribution de la coupe du Monde 2010. C'est après une réunion avec Mandela que Blatter a pesé de tout son poids pour priver le Maroc d'une organisation qui lui était promise. Le Suisse a alors fait pression sur la CONACAF pour changer de bord, en menaçant de dévoiler des malversations. Malgré ces deux reproches, l'image de Mandela reste très forte auprès des militants. Il nous faut dépasser nos passions et saluer le parcours de l'une des figures les plus marquantes de l'histoire du siècle passé en Afrique, la majorité des pères de la Nation, des dirigeants des indépendances ont érigé des systèmes autoritaires et corrompus. Mandela a instauré une démocratie apaisée. Le Zimbabwe voisin, l'ex Rhodésie sombre dans le chaos, parce que Mugabe a choisi l'autre voie. Soyons généreux et associons-nous aux hommages rendus à un grand homme qui a vécu pour un idéal que nous partageons, celui de l'égalité dans l'universel.