Les deux premiers vols commerciaux directs assurant la liaison Tel-Aviv – Marrakech, opérés par les compagnies israéliennes « El Al » et « Israir » ont atterri dimanche sur le Tarmac de l'Aéroport international Marrakech-Ménara. Avec une diaspora marocaine estimée à 800.000 personnes, le marché israélien représente un fort potentiel pour la destination Maroc. Actuellement, entre 50.000 à 80.000 israéliens visitent annuellement le Royaume. 200.000 visiteurs israéliens pourraient être attendus dès la première année sur les différents segments : tourisme familial ou religieux, tourisme de loisirs, voyage d'affaires et MICE. * Lire aussi | L'Américain Raytheon Technologies va fournir des moteurs d'avions de chasse au Maroc À noter que plusieurs personnalités de marque ont assisté au dîner offert à la délégation du vol d'Israir par Maurice Haliwa, homme d'affaires israélien d'origine marocaine au somptueux Palais Saadi. Rami Levy, milliardaire Israëlien est aussi co-propriétaire de Israir était présent hier soir au dîner offert à la délégation par Maurice Halioua au somptueux Palais Saadi. Parmi eux, André Azoulay, président de l'association Essaouira Mogador, Yehuda Lancry, ancien ambassadeur d'Israël à l'ONU, Said Benryane, ancien ambassadeur du Maroc en Afrique du Sud, Joseph Levy, Chambre de Commerce et d'Industrie Maroc-Israël, Elie Mouyal, architecte de renommée mondiale... Andrei Azoulay, président de l'association Essaouira Mogador Je ne peux cacher mon bonheur d'être marocain ce soir et ma fierté et en même temps mon privilège d'être là en tant que marocain avec mes compatriotes juifs et mes compatriotes musulmans et nos amis qui ne sont ni juifs ni musulmans. Ce soir, c'est le Maroc que nous rêvions, c'est le Maroc que nous avions, c'est le Maroc qui s'est mis un peu entre parenthèses pendant quelques années et c'est ce Maroc-là qui est de toute façon insubmersible. Je disais à Rami tout à l'heure en me présentant à lui, cela l'a un peu surpris mais quand il aura quitté Marrakech il sera de moins en moins surpris, que j'étais âgé de 3000 ans ; parce que je me présente comme cela quand je parle de mon pays. Quand on a 3000 ans on est une civilisation et quand on est une civilisation on ne disparaît pas. Ce Maroc qui nous réunit, qui nous permet de montrer à tous les autres ce que les autres ne savent et ne peuvent plus faire, ni à Londres, ni à Paris, ni à Moscou ni à New York. Ce que nous faisons nous ici de façon ordinaire et banale, eux, les grands, ne savent plus le faire. En tout cas, nous aujourd'hui, nous pouvons témoigner de ce qu'ils nous ont appris : un formidable bouclier de résistance, de résilience et un peu de survie dans cet océan qui se fracture aujourd'hui tout autour de nous et vers nous. Même quand on a été séparés, on sait se retrouver. Ce judaïsme, soyez-en fiers comme nous le sommes tous. Cet islam qui est le notre ici parce que ces paroles nous les disons en terre d'Islam. Cet Islam-là c'est dire, c'est proposer, c'est maintenir vivant les leçons d'humanisme que nos anciens ont nourri, forgé, modelé et su préserver parce qu'il ne faut pas non plus qu'on soit naïfs. Notre histoire est faite avec des hauts et avec des bas, comme dans une entreprise : elle va bien un jour, mais ce qui compte c'est de rester en vie et de résister et c'est la dernière ligne du bilan. Notre dernière ligne est celle de la vie, de la mémoire, des retrouvailles et de la capacité de chacun dans son identité, foi et spiritualité d'être fort dans notre unité, dans notre mémoire qui ne faillit pas. Ce soir, je vous remercie pour cette possibilité que vous nous donnez, depuis très haut dans le ciel, d'atterrir, de dire et de partager ce bonheur d'être ensemble. Je le dis toujours et je conclurai dessus : racontez ce que vous vivez, ces émotions, ces rencontres, cette alchimie marocaine tellement précieuse, devenue tellement rare. Tout cela n'aura de sens que s'il est partagé. C'est comme cela qu'on ira tous ensemble encore plus loin. Said Benryane, ancien ambassadeur du Maroc en Afrique du Sud Nous avons grâce à Israir réalisé ce premier pont entre frères de la terre sainte et de ce Royaume uni grâce à l'engagement de S.M. le Roi. Yehuda Lancry m'a rappelé que lors d'une précédente rencontre, un ministre égyptien s'est dit étonné du fait que le Maroc ait intégré l'identité juive avec l'identité du pays, qui est enseignée dans les écoles aujourd'hui. L'identité juive est partie intégrante du Royaume depuis plus de 3000 ans, avant même l'arrivée de l'Islam. On espère que l'Islam soit également enseigné dans les écoles en Israël. Des visites sont programmées entre les chambres de commerce des deux pays. En 2022, 6 évènements auront lieu qui concernent les secteurs du commerce, de la technologie et des énergies renouvelables. Nous voulons bâtir les fondations et laisser aux jeunes la construction du pont entre Israël et le Maroc. Yehuda Lancry, ancien ambassadeur d'Israël à l'ONU L'atterrissage est un événement considérable. L'accueil qui nous a été réservé a été fabuleux suite au vol inaugural entre Tel-Aviv et Marrakech. On le doit à Rami Levy, homme de vision et de courage. Il est un acteur économique important en Israël et en même temps promoteur de paix et d'apaisement intérieur. Il suffit d'aller dans une grande surface, parmi les dizaines qu'il possède en Israël, pour faire le constat de la coexistence entre juifs israéliens, musulmans israéliens et arabes israéliens. Il y a là un véritable enseignement de paix au quotidien. Nous avons attendus le moment propice. Hamdoullah, il est venu. Nous avons maintenant cette liaison aérienne qui dote la normalisation entre le Maroc et Israël d'une plus grande visibilité et d'une plus grande lisibilité. Nous savons tous que le Maroc accorde une importance capitale pour le tourisme. Ce n'est pas seulement un facteur économique, mais c'est un vecteur de paix au sens le plus profond du terme parce qu'il permet la rencontre des peuples. Nous sommes venus pour le vol inaugural, mais c'est une occasion de rêve pour entamer un dialogue direct qui nous rapproche et qui nous permet d'affiner nos éléments en vue d'une coopération autour du ''pont du futur'' entre le Maroc et Israël.