Ceux qui sont arrivés au Maroc en se disant prêts à injecter progressivement 18 milliards de dollars au Maroc sur dix ans précisent aujourd'hui leurs projets, noms et chiffres à l'appui. Même si la liste des projets d'Al Qudra n'est pas d'une précision exemplaire, il n'en reste pas moins que le simple fait de pouvoir énumérer les projets que le groupe compte développer au Maroc constitue un sérieux pas en avant. Car ce qu'il faut savoir, c'est que depuis leurs annonces d'investissement tonitruantes, c'est le black-out total. Cependant, en réaction au dossier publié par Challenge dans sa dernière édition, Al Qudra livre la totalité de ses projets au Maroc, même s'il aurait été encore plus intéressant, et surtout encore plus crédible, de fournir le montant associé à chacun de ses projets. Mais qu'à cela ne tienne, «un tiens vaut mieux que deux tu l'auras». Le premier essai transformé du holding Al Qudra au Maroc a été son partenariat avec le groupe Addoha, dès novembre 2006. À travers une joint-venture constituée avec le groupe Addoha,l'entité «Al Qudra Addoha» s'est lancée, bien entendu, dans l'investissement immobilier. Deux projets en tout et pour tout, du moins pour le moment, sont sur les rails: le premier dans la ville nouvelle de Tamesna et le second à Larache, sur une surface totale d'environ 60 hectares. Mais l'on n'en saura pas plus. Quant aux autres projets immobiliers en cours de développement, ils se résument également au nombre de deux. Le premier consiste à développer un projet touristique intégré sur un terrain d'environ 260 hectares au nord de Rabat sur la côte atlantique. Là encore, les études sont en cours, ce qui justifie vraisemblablement le fait que ni le montant de l'investissement, ni les détails du projet ne soient explicitement mentionnés. Al Qudra Agrolivoil, le dernier-né de la holding Le deuxième projet, le plus abouti et de loin le plus important, est celui d'un resort intégré sur une surface d'environ 450 hectares sur la Méditerranée. L'investissement se chiffrerait à près d'1 milliard de dollars, comme Challenge l'avait déjà d'ailleurs mentionné lors de sa dernière édition. La holding émirati serait, selon des sources proches du dossier, actuellement en train de lever les fonds nécessaires pour financer le projet. Mais l'immobilier et le tourisme ne sont pas les seuls chemins empruntés par le géant émirati. Comme annoncé à son arrivée, l'agriculture fait partie des secteurs visés. Résultat: Al Qudra a décroché encore une fois la constitution d'«une JV avec des partenaires marocains actifs dans le secteur de l'huile d'olive à l'export», nous explique la firme. En réalité, il s'agit probablement d'une entité créée à la suite de la signature du mémorandum dès novembre 2006 avec la Somed, le holding maroco-émirati pour le développement. Objectif pour Al Qudra: développer un projet intégré d'agriculture, trituration,embouteillage et export de l'huile d'olive. «La surface cible est de 14.000 hectares. La société a participé aux appels d'offres lancés par les pouvoirs publics relatifs aux terrains de Sodea-Sogeta. D'autres terrains sont en cours d'analyse pour démarrer les travaux de plantation», nous déclare-t-on de source autorisée. Pour rappel, le groupe Al Qudra a démarré ses activités au Maroc en novembre 2006 à travers la création d'une filiale à 100%, Al Qudra Holding Morocco. A l'instar de sa maison-mère, la filiale marocaine a pour mission de développer des investissements dans les secteurs suivants : développement immobilier et touristique,transport,industrie des matériaux de construction, pêche et transformation des produits de la mer, agriculture. Autant dire de larges perspectives, sans exclure aucune possibilité. À côté de ces secteurs qui constituent le «core business» d'Al Qudra, le groupe investit dans les différents secteurs de l'économie en tant qu'investisseur financier, à travers des prises de participation minoritaires stratégiques. D'ailleurs, cerise sur le gâteau, Al Qudra affirme avoir réaliser une prise de participation minoritaire dans le capital d'une société leader dans le développement immobilier et touristique dans le cadre d'une opération de placement privé destiné à renforcer les fonds propres de la société. Seulement encore une fois, ni le montant, ni l'identité de la société ne sont mentionnés. Si aujourd'hui la holding se montre à même de communiquer sur ses projets, une seconde étape dans la stratégie de communication serait de la faire communiquer comme il se doit, du moins pour une holding de cette ampleur, avec un luxe de détails à même de faire taire toutes les rumeurs ou… presque ! Les Emiratis, numéro 2 des IDE dans la région MENA Des investisseurs en provenance de 44 pays ont investi dans la région en 2006. En nombre de projets, le trio de tête France-USA-Emirats est inchangé par rapport à 2005. En montants investis, on retrouve pour l'année 2006 six pays qui figuraient déjà dans le top ten en 2005. Les Etats-Unis retrouvent leur place de leader avec environ 19,3 milliards d'euros investis en 2006, tandis que les investissements saoudiens reculent en 5ème place à 3,3 milliards d'euros. En revanche, les Emirats Arabes Unis se hissent de la 5ème à la 2ème place avec 13,5 milliards d'euros. Les investisseurs de ce duo de tête pèsent pour plus de 45% du montant total investi cette année-là. Repères Al Qudra au Maghreb et en Afrique de l'Ouest La filiale marocaine gère également les investissements du groupe en Afrique du Nord et de l'Ouest. Ainsi, en plus du Maroc, des projets ont déjà été lancés en Algérie et sont à des stades avancés en Mauritanie et au Sénégal. En Algérie, la société développe trois projets immobiliers dans les villes d'Alger, Oran et Tamanghasset. Le plus avancé étant un projet sur le site de Sidi Freij sur la Méditerranée, près d'Alger. La société a également obtenu des concessions portant sur 31.000 hectares de terrains agricoles pour y développer des projets dans les segments de l'huile d'olive, de la production laitière et des pommes de terre. En Mauritanie, Al Qudra a signé un accord avec le gouvernement mauritanien portant sur un quota de 200 000 tonnes / an de petits pélagiques. Al Qudra négocie avec un partenaire international la mise en place d'un projet avec deux composantes : • Une partie du quota sera pêchée, congelée à bord et commercialisée sur les marchés internationaux sans débarquement à terre. • En fonction des possibilités de débarquement au port de Nouadhibou, une quantité de plus en plus importante sera débarquée et valorisée à terre. Al Qudra a également signé un mémorandum d'entente portant sur des projets immobiliers et touristiques à Nouadhibou, dans le cadre du grand projet d'aménagement de la baie de Nouadhibou, en cours d'étude par le gouvernement mauritanien. Au Sénégal, dans le cadre d'une convention globale signée fin 2007 avec Dakar, le groupe émirati conduit actuellement des études de faisabilité pour les projets suivants : • Développement de deux complexes immobiliers et touristiques (hôtels, centre de conférence, centres commerciaux, résidentiels...) à Dakar. • Acquisition d'une entreprise opérant dans le secteur de la conserve de thon.