Les professionnels de la restauration et des métiers de bouches n'en peuvent plus. Après une année 2020 catastrophique à cause des restrictions liées à la pandémie, 2021 ne s'annonce pas non plus sous de bons auspices. Et le désespoir est plus que palpable dans les rangs des professionnels. Aujourd'hui, selon la Confédération marocaine des métiers de bouches, depuis le mois de mars 2020, plus de 30% des restaurants et commerces n'ont pas pu rouvrir après le confinement strict de trois mois. « Les restrictions qui ont été mises en place fin 2020 et début 2021 n'ont fait qu'accentuer le déficit de trésorerie du secteur de la restauration et du commerce en général. Mais, ce que nous déplorons avant tout, même si nous adhérons à la stratégie du gouvernement visant à contenir la propagation du coronavirus, c'est le manque de concertation et de communication en temps réel avec les fédérations professionnelles avant la prise des décisions », confie Mohamed El Fane, président de la Confédération marocaine des métiers de bouches. Lire aussi| Un grand soulagement pour les banques : Bank Al Maghrib prolonge son assouplissement des ratios de solvabilité « Si nous avions été concertés par rapport à la décision de fermer pour trois semaines en fin décembre 2020 et avertis à l'avance, nous aurions pu éviter de faire les investissements (commandes de produits, approvisionnements...) que nous avons faits en pensant que les ventes de fin d'année allaient nous permettre de renflouer un peu les caisses. Les gérants se sont retrouvés dans un gouffre financier avec des marchandises et des approvisionnements qui n'allaient plus servir à quelque chose à cause de la décision du gouvernement », poursuit-il. Il va sans dire que cette fermeture de trois semaines a accentué les faillites. Dans cette conjoncture inextricable, comment se réinventer pour tirer son épingle du jeu en 2021 un tant soit peu ? Sur ce plan, les professionnels défrichent encore toutes les pistes possibles. « D'abord, nous appelons les autorités à alléger un peu nos charges fiscales pour permettre aux gérants d'entreprises du secteur d'avoir moins de pressions et maintenir des emplois. Cela ne sauvera pas le secteur à 100%, mais ce serait déjà quelque chose. L'autre point sur lequel nous misons concerne la digitalisation. Nous encourageons les professionnels à s'orienter véritablement sur la livraison à domicile à travers la digitalisation afin de permettre aux clients de commander à distance. Dans ce sens, nous avons adressé une demande depuis 6 mois maintenant au ministère de l'Industrie et du commerce pour nous épauler dans cette digitalisation. Il s'agit de mettre en place un programme dédié pour le commerce et la restauration en vue de subventionner les entreprises dans cette démarche », détaille Mohamed El Fane, ajoutant que le ministère a déjà pratiquement validé cette demande. Lire aussi| L'Inde donne son feu vert pour l'exportation du vaccin vers le Maroc Selon les professionnels, la seule option qui s'offre aux opérateurs aujourd'hui, dans cette pandémie qui se poursuit, est la livraison à domicile. « La plupart des restaurateurs aujourd'hui s'oriente vers la livraison à domicile avec des offres packagées et tout. Maintenant, il faut qu'ils arrivent à s'outiller en mettant en place une plateforme e-commerce, communiquer... Outre cela, nous avons aussi demandé au ministère de voir s'il y a une possibilité d'arrêter les procédures d'expulsion en cours à cause du non-paiement de loyers par certains opérateurs. Au moins les arrêter momentanément. Nous ne demandons pas une annulation, juste une pause jusqu'en 2022-2023 », soutient le président de la Confédération marocaine des métiers de bouche. Quant aux perspectives pour 2021, rien n'est moins sûr. Même la campagne de vaccination qui devrait démarrer bientôt ne rassure pas les opérateurs. « Nous avons vu des pays comme le Royaume-Uni ou l'Allemagne reconfiner leurs populations respectives alors même que leurs campagnes de vaccination respectives sont toujours en cours », réagit d'ailleurs Mohamed El Fane, qui reconnaît que la pandémie du coronavirus est complexe à gérer. « 2021 sera une année où nous devrons revoir nos business models et surtout nous armer de patience afin de trouver des solutions de trésorerie », conclut le président de la Confédération. Pour rappel, la confédération marocaine des métiers de bouches regroupe la Fédération marocaine des traiteurs (FMT), l'Association nationale des cafés et restaurants du Maroc, la Fédération marocaine de la franchise et la Fédération nationale de la boulangerie et pâtisserie du Maroc.