Excellente nouvelle pour les banques marocaines. En effet, de sources proches de Bank Al Maghrib, on apprend que cette instance de régulation et de contrôle des activités bancaires et para-bancaires au Maroc vient d'apporter une bouffée d'oxygène aux établissements financiers sous sa tutelle. Aussi, notre vénérable banque centrale a prorogé de 12 mois supplémentaires la dérogation concernant le respect des ratios de solvabilité auxquels sont soumis les établissements de crédit et qui leur avait été accordée en juin 2020 dans le cadre du package monétaire mis en place pour absorber le choc économique causé par la crise du Covid-19 et permettre notamment aux banques de jouer leur rôle crucial de soutien aux entreprises et de financement de l'économie. Lire aussi |Tel-Aviv accueille le premier incubateur israélo-marocain Concrètement, il s'agit du maintien jusqu'en juin 2022 (contre juin 2021 initialement) du seuil minimum des deux ratios de solvabilité, de catégorie 1 (dit Core Tier 1) et de catégorie 2 (Core Tier 2) respectivement à 8,5% et à 11,5% contre 9% et 12% auparavant. L'extension de ce relâchement est loin d'être négligeable sachant que quelques banques marocaines respectaient déjà péniblement ces seuils avant le déclenchement de l'actuelle crise sanitaire. Certaines d'entre elles comme Bank Of Africa – Groupe BMCE Bank et CFG Bank ont même été obligées d'opérer des augmentations de capital non négligeables (la première à hauteur de 4 milliards de dirhams en 2019 soit près de 20% de ses fonds propres consolidées et la deuxième pour dix fois moins en avril 2020 mais soit presque autant que ses fonds propres consolidés avant cette recapitalisation). Pour en mesurer autrement l'impact, pour une banque de la taille d'Attijariwafabank par exemple, dont les actifs pondérés à risque (composés à plus de 85% de risque de crédit) totalisent quelques 378 milliards de dirhams, un porte-à-faux de 0,5% (soit 50 points de base) en matière de respect du ratio de solvabilité de catégorie 1 (pour ne prendre que celui-ci) lui imposerait soit une recapitalisation de 1,9 milliard de dirhams soit une diminution du total des actifs à risque à hauteur de 20 milliards de dirhams. Une telle exigence impliquerait une baisse à due concurrence de ses encours de crédits sur les agents économiques. Et c'est ce qui s'est passé d'ailleurs en 2018 quand les banques marocaines avaient dû se conformer aux nouvelles exigences de l'IFRS 9 qui ont impacté leurs ratios de solvabilité et qui n'avaient pas pour certaines d'entre elles d'autre choix que freiner la distribution de crédit. Une situation dont avaient pâti essentiellement les PME comme on peut le deviner vu le rapport de force de ces dernières auprès des banques comparativement aux corporates et institutionnels. Autant dire que la nouvelle « largesse » de Bank Al Maghrib et quoiqu'elle paraisse assez limitée, est des plus bienvenues pour un secteur bancaire qui devra imparablement connaître une hausse des créances en souffrance en 2021 dans le sillage de la dégradation de l'activité économique à cause de la pandémie du Covid-19 et la baisse des revenus des ménages et la rupture du cycle d'exploitation des entreprises qui s'ensuivent. Et qui dit hausse de sinistralité (Bank Al Maghrib elle-même estime le bond anticipé des taux de créances en souffrance de 7.6% en 2019 à 10.8% en 2021 !), dit provisions additionnelles et, in fine, baisse des fonds propres réglementaires. Lire aussi | L'Inde donne son feu vert pour l'exportation du vaccin vers le Maroc Rappelons qu'à l'issue de son deuxième Conseil d'Administration de 2020 tenu le 16 juin de la même année, Bank Al Maghrib avait consenti, outre l'assouplissement dérogatoire du seuil des ratios de solvabilité, plusieurs autres mesures monétaires et réglementaires tels la baisse de 50 points de base du taux directeur (ramené ainsi à 1,5%), l'allègement des mesures de calcul du ratio de liquidité (dit LCR) et l'assouplissement temporaire des règles de classification des créances en souffrance pour les établissements de micro-crédit.