Les prix des meilleurs twitteur et twitteuse de l'année 2012 sont décernés à un acteur de la toile anonyme et à Lamia Benhiba. Challenge revient sur leur expé rience dans ce monde de gazouillis où la verve côtoie la raison. Des parcours fort distincts. @hyperconnard et @ lammiia. Retenez bien ces deux pseudo sur Twitter car ce sont de drôles « d'oiseaux » qui sont derrière. Lui, préfère garder son anonymat pour profiter de son statut de Twitteur. «Je ne peux malheureusement pas en dire beaucoup sur moi et cela n'intéresserait pas vos lecteurs. Je joue un personnage sur Twitter et l'anonymat est là pour que l'on fasse la part des choses », assène-t-il histoire de faire une démarcation nette entre la planète Twitter et son monde. Du coup, son nom restera secret. Elle, en revanche, ne voit pas de mal à s'afficher. Elle s'appelle Lamia Benhiba. Sa rencontre avec le monde des twitteurs, elle la doit à ses études. «Ma première intention d'utiliser Twitter fût à vrai dire purement académique, à savoir avoir accès aux sommités de mon domaine de recherche et pouvoir suivre leurs publications. Petit à petit, j'ai pu découvrir toute une dynamique communautaire qui a fait de Twitter, pour moi, l'équivalent d'un forum international où l'on rencontre en permanence du nouveau monde et où l'on s'expose continuellement à de nouvelles idées. Pourquoi le Tweet me direz-vous ? Parce que rien ne vaut une idée concise et bien ficelée en 140 caractères», explique Lamia Benhiba. Voix plurielles, un seul monde Voilée, quelque peu timide, Lamia aime beaucoup lire, s'activer et militer. Son parcours est quelque peu édifiant à cet égard. Ingénieur de formation, chercheur en théorie des réseaux et collaboration en entreprises, blogueuse, elle a été tour à tour co-fondatrice du Social Media Club Casablanca, lauréate du programme TechWomen à Silicon Valley aux Etats- Unis en 2011, Agent de changement à la conférence Grace Hopper de Portland en 2011 et coordinatrice du premier événement «Earth Hour – Maroc» en 2010. Quant à notre mystérieux twitteur anonyme, il avoue qu'au début, il usait de Twitter «comme tout le monde, un peu par hasard, mais j'utilisais déjà Twitter dans un but plus « professionnel» . Le printemps arabe ayant suscité un débat très intéressant sur Twitter, j'ai aussi entrepris d'y prendre part… à ma façon». Passionné par les sujets ayant trait aux nouvelles technologies, au sport et à la politique, ce twitteur est resté indifférent au prix qui lui a été décerné. «Bizarrement, je suis resté de marbre. Je ne comprends pas que l'on puisse désigner un twitto qui soit meilleur que d'autre. Pour ma part, je pense très sincèrement qu'il y a des personnes sur Twitter qui ont plus de mérite que moi pour leur engagement social, politique et associatif. Ils se reconnaîtront». De son côté, Lamia Benhiba est une touche-à-tout. Ses sujets de prédilection sont nombreux. «La beauté de Twitter réside dans sa richesse. Quand on suit des twittos de différentes cultures, backgrounds, disciplines etc; on découvre des sujets auxquels on s'intéressait peu ou dont on ignorait carrément l'existence. Si mon intérêt est certainement versé vers les nouvelles technologies et la théorie des organisations, cela n'empêche pas que je puisse suivre les actualités socioéconomiques et politiques et donner mes opinions sur certainssujets », soutient-elle. Cela ne lui fait pas perdre pour autant le sens des réalités. Bien qu'adepte de Twitter, elle ne veut pas pour autant troquer ses relations interpersonnelles pour d'autres virtuelles. « L'impact de la technologie sur nos vies personnelles et professionnelles est l'un des sujets que j'aime bien discuter et qui suscite beaucoup de débats. (...) Si nous ne faisons pas attention, nous virerons vers un état où l'on est «Alone, Together». L'idée est que les nouvelles technologies ne sont ni bonnes, ni mauvaises, tout dépend de l'usage que nous en faisons ». Des paroles empreintes de sagesse. ■