Organisée par l'Université Mohammed VI Polytechnique (OCP) et l'Université Al Akhawayn d'Ifrane, la première édition de la Conférence internationale sur l'éducation en Afrique avait pour thème « Les défis de l'école d'aujourd'hui et le regard vers l'école de demain ». L'événement tenu en ligne a rassemblé les professionnels et experts du domaine de l'éducation au Maroc, en Afrique, en Europe et en Amérique. L'objectif étant de réfléchir sur l'impact de la pandémie du coronavirus, les réponses apportées ici et là par les Etats, mais surtout quel devra être le visage de l'éducation à partir de cette expérience. Prévue pour les 2, 3 et 9 octobre 2020, la conférence internationale sur l'éducation en Afrique fait suite à un accord signé par les deux universités marocaines UM6P et Al Akhawayn le 11 septembre dernier. Ce dernier visait à renforcer la coopération entre les deux institutions en matière d'enseignement, de recherche, d'innovation et d'échange d'expérience. Et cette conférence, les organisateurs l'ont voulue comme une « occasion de créer un dialogue pour faire un état des lieux sur la situation de l'éducation au Maroc et dans les autres pays d'Afrique, ouvrir la voie à des propositions de solutions créatives et innovantes, et créer des alliances stratégiques pour mettre en place des projets prometteurs et à fort impact pour le développement de l'éducation en territoire africain ». Pour cette première journée du 2 octobre dont le thème a été « La réponse de l'école africaine à la crise de la COVID19 : Place des nouvelles technologies », de nombreuses présentations sont revenues sur les décisions prises par les Etats au déclenchement de la crise pandémique, la mise en place de moyens alternatifs à l'enseignement présentiel et les difficultés rencontrées pour ne pas laisser sur le côté les enfants issus de zones rurales ou de de familles démunies. Pour rappel, « 1 milliard de personnes n'allait pas à l'école avant la crise. La crise du coronavirus en a rajouté 1,5 milliard d'autres personnes », affirme Koumbou Boly-Barry de l'ISESCO. L'organisation a fourni un accompagnement aux pays durant la crise notamment à travers la distribution de matériels informatiques et de communication (téléviseurs, radio, téléphone, tablette, ...). Quelques idées lors des interventions : – Fouad Chafiqi, Ministère de l'éducation nationale (Maroc) Au début du mois de mars 2020, la fermeture des écoles n'était pas pressentie dans l'immédiat, mais l'évolution de la situation a très vite amené l'équipe centrale à commencer le travail sur les alternatives à l'enseignement présentiel. La préparation des enseignants aux modalités d'enseignement à distance et leurs équipements pour le mettre en œuvre, les disparités entre milieu urbain et milieu rural et la précarité d'un certain nombre de familles en milieu rural et périurbain sont autant de questions incontournables pour mettre en œuvre toute stratégie efficiente d'intervention en période de crise. (...) Les questions des évaluations et des examens de certification ont également émergé très vite avec un enjeu capital de ne procéder qu'à des examens qui assurent des conditions équitables pour tous les élèves. (...) Les autorités publiques ont lancé le défi du retour aux écoles tout en prônant une lutte contre la propagation du virus à partir de l'école et en s'appuyant sur l'éducation comme arme de résistance et de combat. – Aicha Knidiri, UNESCO Suite à la crise mondiale, les gouvernements ont été amenés à prendre des mesures d'urgence, qui en temps normal auraient pris des années de délibération. Cela a accéléré la mise en service de certains processus numériques et technologiques qui, dans le secteur de l'éducation, auront un impact non seulement sur l'apprentissage, mais aussi sur la vie sociale des enfants, des jeunes, des enseignants, des parents et de la société dans son ensemble. Des disparités importantes peuvent se creuser entre ceux qui ont accès aux technologies et à une bonne connexion internet et ceux pour qui l'accès aux portails d'apprentissage à distance est un obstacle. Toutefois, l'enjeu n'est pas uniquement une question d'appareils, de plateformes, de technologies et de la connexion à internet. Il a trait également à la résilience du tissu humain, et pose plusieurs questions et hypothèses concernant le monde « d'après ». L'intégration de la technologie dans le secteur éducatif offre de nombreuses promesses en termes d'amélioration de la qualité et d'accessibilité, mais c'est également une source de grands défis. Cette conjoncture historique nous oblige à repenser l'éducation à la lumière des opportunités qui s'offrent et des défis à relever dans un environnement marqué par la complexité et l'incertitude. – Judicaël Alladatin (UM6P), Didier Anago (Ecole Polytechnique IMHOTEP, Bénin), Augustin Gnanguenon et Abel Borori (Université de Parakou, Bénin) L'impact de la Covid-19 sur l'éducation pourrait être particulièrement dramatique dans les pays affichant déjà de faibles résultats d'apprentissage, d'importants taux de décrochage scolaire et une résilience limitée aux chocs. À cet effet, les organisations internationales et les organisations étatiques, sans oublier les organisations de la société civile, œuvrent ensemble pour limiter l'impact de la fermeture des écoles sur les élèves. Après trois semaines de fermeture des écoles dans le but de limiter la propagation de la COVID-19, le Ministère de l'Enseignement Maternel et Primaire du Bénin, en collaboration avec les partenaires de l'éducation (Programme Apprendre, AFD, AUF, UNICEF, etc.), a opté pour la continuité pédagogique à travers la production de supports multimédias conçus selon un processus dénommé modèle « Fênou ». Au niveau du secondaire et des universités, des mesures ont aussi été prises pour finir l'année scolaire dans ce contexte spécial. – Karim Moustaghfir, Université Al Akhawayn d'Ifrane Dans un paysage en constante évolution, les institutions d'enseignement supérieur sont censées développer des systèmes de gestion agiles pour assurer la symbiose et favoriser le renforcement des mécanismes parmi les éléments stratégiques qui sous-tendent leurs systèmes d'apprentissage. Ces éléments comprennent l'innovation pédagogique, la richesse du contenu, la préparation technologique, l'engagement du corps professoral, l'efficacité du soutien, etc. Pour faire face aux incertitudes liées à la COVID-19, l'Université Al Akhawayn d'Ifrane (AUI) a mis au point un système de gestion de la qualité intégrant les éléments susmentionnés tout en suivant une approche de réflexion systémique pour recueillir des données, élaborer des tableaux de bord, analyser les tendances et formuler, sur une base hebdomadaire, des recommandations d'amélioration continue. Un tel système a impliqué différentes unités et centres académiques, pour développer une communauté de pratiques capables de transformer les pratiques partagées en résultats de gestion et de promouvoir une plateforme de travail collaborative. – Aziz Mimoudi, UM6P Les soucis du Maroc dans le domaine de l'enseignement apprentissage, comme ceux d'une grande partie de pays africains, vont se creuser encore plus à cause de la pandémie actuelle. Pour se préparer au monde pédagogique post-crise, les gouvernements du monde entier se sont lancés dans des quêtes de solutions innovantes. Plusieurs pays africains, dont le Maroc, ont lancé des initiatives pour encourager le passage vers l'enseignement à distance et ont financé des projets de recherche sur l'impact de l'usage des nouvelles technologies et de l'enseignement à distance sur le rendement scolaire des étudiants. – Judicaël Alladatin (UM6P), Abdellah Chekayri (AUI), Stéphanie Leblanc (UM6P) En raison de la pandémie de la COVID-19, plus de 250 millions d'élèves du primaire et du secondaire ne vont pas à l'école en Afrique. Le secteur éducatif des pays africains, déjà impacté par divers problèmes, est maintenant fortement touché par la pandémie et la fermeture des établissements dans bon nombre de pays africains. Ce qui risque d'avoir des incidences négatives sur la qualité de l'éducation et l'avenir des jeunes concernés. Conscients des risques, les gouvernements africains et les principaux acteurs du secteur de l'éducation ont mis en place des mesures visant à promouvoir la continuité de l'apprentissage. Les modèles de continuité tournent autour de la conception et la diffusion de contenus multimédias, de la conception de plateforme de cours en ligne, de la préparation et diffusion d'émissions télévisées et radiophoniques, et du recours aux réseaux sociaux et aux applications de visioconférence, entre autres.