Et de quatre pour l'enquête d'Axa sur les retraites, menée depuis des années dans une vingtaine de pays de par le monde. Cette année, elle intègre le Maroc dans son baromètre et livre une déclinaison de la perception qu'ont les Marocains de leur retraite mais également du vécu des retraités. Résultats de l'enquête. Comment vit-on la retraite au Maroc et comment la voit-on ? Deux questions auxquelles ont essayé de répondre les enquêteurs de l'assureur Axa, à travers un pamphlet d'une centaine de pages, graphes, tableaux et camemberts à l'appui. Des bonnes et des moins bonnes nouvelles en ressortent, reprenant les témoignages de quelque 632 personnes interviewées dont des actifs, des préretraités et des retraités de moins de 75 ans. Les Marocains sont en bas de l'échelle en matière de prévention. Le premier constat alarmant, quoique pas vraiment étonnant, se rapporte à l'importance qu'accordent les Marocains à la préparation de leur retraite. Sans surprise, il s'avère que les actifs marocains sont les moins prévoyants par rapport à 16 pays d'Europe, d'Australie et d'Asie ! Seuls 35 % d'entre eux se sont inscrits dans un plan retraite. A ce sujet, l'élément surprenant se rapporte au facteur lié à l'âge. Paradoxalement, l'âge moyen de ceux qui ont déjà engagé un plan de retraite est de 30 ans, alors que celui de la population qui n'envisage qu'à peine de le faire est de 45 ans ! Les nouvelles générations seraient-elles plus avisées que les précédentes? Si l'on est tenté de prime abord de répondre par l'affirmative, l'étude révèle quand même que la décision est loin d'être spontanée. En effet, les événements familiaux (mariage, enfants…) constituent les principaux déclencheurs de l'épargne pour la retraite. D'ailleurs, une information de taille conforte ce constat. Les initiatives individuelles ne sont pas légion parmi la population active et constituent une quasi-exclusivité des classes aisées. Ce sont par contre les cotisations aux caisses de retraite publiques qui forment la grande partie des revenus globaux de retraite, suivies dans une moindre mesure par les cotisations versées à travers l'entreprise. Cela s'explique par une croyance ancrée dans l'esprit des Marocains, presque tous convaincus qu'il est du devoir de l'Etat d'œuvrer pour le financement de la retraite, et ce même si globalement, ils sont nombreux à penser que le niveau du revenu de la retraite n'est pas (ou ne sera pas quand il s'agit des actifs d'aujourd'hui) à même de couvrir leurs besoins. Une inquiétude qui tranche net avec un certain optimisme que l'échantillon des actifs interviewés a affiché en pensant pouvoir conserver un revenu et un niveau de vie similaires à ceux qu'ils avaient du temps où ils travaillaient encore. Fainéants, les Marocains ? Ceux qui croyaient que tel était le cas devraient revoir leur position, essentiellement en ce qui concerne les « futurs vieux » du Maroc. Non seulement ils n'opposent pas de refus catégorique quant à un éventuel allongement (quoique très peu sensible, soit seulement une année) de l'âge légal de la retraite, mais ils sont même ouverts à l'idée d'avoir une vie professionnelle après la retraite. En effet, selon l'enquête d'Axa, il s'avère que les Marocains arrivent en deuxième position (après le Japon) dans le classement des nations où les actifs envisagent de travailler au lieu de profiter du répit que procure une retraite bien méritée. Ils sont, en effet, quelque 66% d'actuels actifs à penser sérieusement à continuer à travailler même après avoir intégré la communauté des retraités. Pourtant, ils sont peu nombreux parmi eux à partager cet enthousiasme pour le labeur, puisque seuls 22% des retraités marocains mènent une vie d'actifs, peut-être pour échapper à la pauvreté (80% des retraités estiment le montant de leur pension insuffisant) et à la solitude qu'ils disent «expérimenter», selon leur propre témoignage. Les autres retraités préfèrent plutôt voyager ou prendre soin d'eux-mêmes. Mais quelles que soient leurs raisons, les retraités marocains sont plus nombreux que dans d'autres pays à mener une vie active. Au contraire des retraités français qui, par exemple, opposent une grande réticence à une telle idée, préférant profiter autrement, voire plus librement du «bonus» qui leur reste à vivre. Un bonus dont la durée est estimée à 24 ans par les retraités marocains, l'une des plus importantes au monde, devant l'Australie, réputée pourtant pour l'optimisme exemplaire de ses citoyens en la matière! Un corollaire de la déchéance financière ? D'abord un constat : les Marocains (à l'instar des Portugais) sont les moins renseignés sur le montant de leurs futures retraites. 15% seulement en ont connaissance. Ils pensent, certes, majoritairement, que le système actuel des pensions publiques est en mauvaise passe et s'attendent à des réformes profondes à ce niveau. Pensent-ils que la pension sera suffisante ? La réponse à cette question dépend d'abord de la classe sociale à laquelle appartiennent les actifs marocains. En effet, l'optimisme quant à une retraite bien portante, financièrement parlant, est essentiellement le propre des classes sociales A et B, pour qui le niveau de vie ne risque pas de baisser avec la prise de retraite. Une assurance qui va à l'encontre d'une réalité vécue au quotidien par plus de 50% des retraités, qui ont constaté que leur niveau de vie a reculé à peine la porte de la retraite franchie. Pourcentage le plus élevé de tous les pays qui ont fait l'objet de l'enquête. La Chine se situant à l'autre extrémité, puisque 35 % de ses retraités attestent que leur revenu s'est amélioré avec la retraite, réconfortant ainsi l'espoir des 43 % d'actifs chinois qui espèrent que tel sera leur situation au terme des années qu'ils leur restent à travailler avant d'atteindre l'âge légal de la retraite. Les belles performances économiques du pays y sont pour beaucoup.