Les décisions absurdes c'est lorsque des individus prennent collectivement des décisions qui agissent dans le sens contraire à un but recherché. Décisions absurdes dont l'homme est l'unique responsable, sur des sujets, parfois, de grande importance. « Qui pense peu, se trompe beaucoup », Léonard De Vinci. Nous aurions pu passé sous silence ce sujet, s'il n'était pas question de la pandémie de notre siècle. Car à la crise sanitaire, économique, et sociale causée par le coronavirus, certains gouvernants y ajoutent une crise de la pensée, illustrée par leurs décisions absurdes. A la recherche d'une pertinence et d'une cohérence dans les décisions qui ont sous-tendu le choix du confinement généralisé, tout un chacun est en droit de se poser des questions. Mais, mettons tout de suite de côté cet exercice, car l'heure est au déconfinement. Aujourd'hui, le 11 mai, après 55 jours de confinement systématique et indifférencié, la France déconfine sa population. 67 millions de personnes, de tout âge, sont à nouveau libres ou presque de leurs mouvements. Regardons ce « presque » de plus près, nous y décèlerons de potentielles décisions absurdes. Lire aussi: Le Maroc sera le dernier pays au monde à lever le confinement généralisé Immunité collective, ou pas ? Pas en France uniquement, mais dans les pays ayant pris la décision du confinement, cette décision était prise afin de limiter la propagation du virus, et de permettre aux systèmes de santé de faire face à la vague des malades nécessitant des soins. Il s'agit là du principal objectif du confinement : limiter le nombre d'infections. Résultat, environ 4 milliards d'individus ont été contraints de se confiner, pour se protéger individuellement et protéger le reste de la population. Or face à de nombreuses inconnues, telles : la durée de la pandémie, la survenance de vagues successives de contaminations, la disponibilité d'un traitement, et d'un hypothétique vaccin sous plus ou moins 2 ans, la pertinence de la décision d'un confinement généralisé et prolongé s'est toujours posée. « Avons-nous les moyens de rester confinés, pendant de longs mois, le temps qu'un traitement soit trouvé, voire des années, le temps qu'un vaccin soit trouvé ? »La réponse est Non. Le sanitaire, érigé en priorité absolue en début de crise laisse la place à d'autres priorités qui s'imposent aux gouvernants, rattrapés par des considérations économiques, sociales et parfois sécuritaires. Parmi les stratégies de gestion de l'épidémie, peu de pays ont misé dès le début sur l'immunité collective. Pourtant, les infectiologues l'affirment, à partir de 60% d'infection d'une population, tout virus finit par disparaître, grâce à l'immunité collective. Quelques jours avant le déconfinement, la France a annoncé le taux d'infection de sa population estimé à 5,7%. Chiffre jugé « trop faible » pour un prompt retour à une situation quasi normale. « Comment peut-on poursuivre l'objectif de limiter le nombre d'infections, notamment en imposant un confinement généralisé pendant environ 2 mois, tout en espérant augmenter, pendant le même temps, l'immunité collective de la population ? Les gouvernants poursuivent-ils deux objectifs contradictoires ? Ou ont-ils opéré un changement de stratégie ? Dans ce cas, ne faut-il pas aligner leurs décisions sur la réelle stratégie poursuivie ? et accessoirement en informer la population ? » Reconfinement à craindre, ou pas ? Le premier ministre français a annoncé qu'il n'était pas exclu de confiner à nouveau le pays, en cas de résurgence importante du virus. Faut-il rappeler que les épidémiologistes parlent d'une durée de quelques mois, avant la disponibilité d'un traitement, voire de plus ou moins deux ans, avant la disponibilité d'un vaccin. « Comment peut-on brandir la menace d'un reconfinement, alors qu'aucune nation ne peut se permettre des confinements généralisés à répétition ? Même pas la première puissance économique mondiale ! ». « N'est-il pas temps, de dévoiler la stratégie de gestion de cette crise à la population ? N'est-il pas temps, de révéler à la population quel réel objectif nous poursuivons collectivement ? N'est-il pas temps, de responsabiliser cette même population ? Faire confiance à l'individu, plus qu'à l'autorité, la clairvoyance, ou l'absurdité des décisions des gouvernants. » Déconfinement par département, ou pas ? Une carte des départements de l'hexagone a été établie, avec certains en Vert et d'autres en Rouge. Cette carte dynamique dans le temps, repose sur trois critères : l'évolution du nombre de cas sur une semaine, le taux d'occupation des services de réanimation, et l'avancée dans la politique de tests. Quant aux restrictions pour la population, en cette période qui s'ouvre de déconfinement, il y a peu de différences entre un département en Vert et un en Rouge. Pourquoi ce choix du département ? Etait-ce plus pertinent qu'une autre échelle, plus grande ou plus petite ? Pourquoi ce choix de la couleur Verte ? prêtant à confusion, comme s'il était question d'un retour à la normale, alors que de nombreuses restrictions persistent pour la population. Mise en quatorzaine, ou pas ? Pour cette option, les gouvernants français illustrent magistralement le principe du deux poids, deux mesures. Les personnes positives au coronavirus auront le choix d'un isolement à domicile ou à l'hôtel, pendant une quatorzaine. Le gouvernement « n'a pas pris de dispositif législatif pour imposer l'isolement », a indiqué le ministre de la Santé. S'agissant des personnes arrivant de l'étranger sur le territoire français, la quatorzaine est obligatoire. « Y a-il une cohérence entre l'invitation et l'obligation ? Ne serait-il pas plus pertinent d'isoler uniquement les positifs au coronavirus ? Et que dire de ceux qui arrivent des destinations moins touchées, le risque de propagation du virus serait-il plus grand que pour un Français positif que l'Etat n'oblige pas à s'isolement ? Puis, a-t-on pensé à la réciproque ? la réponse des autorités des pays moins touchés qui pourraient imposer la même obligation à l'entrée de leurs territoires, pour des Français, provenants d'un pays plus touché par le virus. » Port du masque, ou pas ? Nous ne revenons pas sur la non utilité du masque, la non simplicité de son usage pour une représentante du gouvernement et donc pour la population, puis aujourd'hui, sa recommandation, voire son obligation. A l'ère du déconfinement, en France, le port du masque sera obligatoire dans les transports en commun, et fortement recommandé le reste du temps.». « Y-a-il une cohérence dans les positions successives des gouvernants sur le port du masque ? La pertinence du port du masque est une affaire d'autorités sanitaires, d'ailleurs que dit l'OMS aujourd'hui sur le sujet ? A-elle évolué comme les gouvernants français ? Comme si nous étions face à la première pandémie mondiale ! Comme si le masque venait d'être inventé, et que la question de son utilité n'était pas tranchée ! Circulation limitée, ou pas ? Parmi les restrictions en cette période de déconfinement, celle de la circulation géographique limitée à un rayon de 100 kilomètres, et à son département. Sachant que le rayon des 100 kilomètres peut concerner des départements de couleurs différentes, donc potentiellement augmenter la propagation du virus. « Quelle est la pertinence des 100 kilomètres ? Que cette distance s'exprime à vol d'oiseau ? comme si elle s'imposait à des déplacements en avion ! ». « L'échelle du département, matérialisée par une couleur Verte ou Rouge a été choisie pour les restrictions, n'était-il pas plus cohérent de restreindre également les déplacements à cette même échelle, sans autre considération ? ». « Aurait-il été plus cohérent de restreindre les déplacements seulement pour les départements en Rouge ? libre aux populations des départements en Vert de circuler dans tous les départements en Vert. » Elus responsables, ou pas ? La sacrée sainte responsabilité juridique de nos élus, et le sacré saint principe de précaution en matière de crises sanitaires éclairent les nombreuses hésitations et les différentes positions et décisions des élus de la nation.« A nouveau, n'est-il pas temps, de responsabiliser la population ? Après tout, c'est de nos vies, et celles de nos enfants dont il est question ! Les gouvernants ne devraient-ils pas d'abord fournir de tests de dépistage en nombre suffisant, et des masques de protection en nombre suffisant et gratuitement à leur population ? » Ecole obligatoire, ou pas ? L'école a toujours été obligatoire en France, pour tous, de 3 à 18 ans. Et n'a jamais été soumise au choix des parents, fussent-ils étrangers et sans papiers. « La question de la réouverture des écoles devra être réglée, si ce n'est aujourd'hui dans le cadre du déconfinement, à la prochaine rentrée scolaire. Car n'est-il pas temps, d'envisager d'apprendre à vivre avec ce virus, pendant les mois et les années à venir ? comme nous le faisons avec la grippe. Probablement, avec des mesures de précaution plus grandes, en termes de distanciation sociale et de protection par masque. ». « Puisque l'école est obligatoire, pourquoi se poser la question de la réouverture après le confinement ? Qui décide ? Le ministre de l'éducation, le maire, ou les parents ? » Plages interdites, ou pas ? En France, les plages restent interdites d'accès jusqu'au 2 juin, sauf avis des préfets des départements du littoral. « N'aurait-il pas été plus cohérent d'autoriser l'accès aux plages dans les départements en Vert ? où les parcs et jardins ont rouvert ! ». Après cette série d'interrogations sur le déconfinement « made in France », « avons-nous identifié des décisions absurdes prises par les gouvernants ? voire, un florilège de décisions, plus absurdes les unes que les autres ? » Nous sommes individuellement et collectivement en droit de nous poser cette question, aussi bien sur la pertinence, que sur la cohérence de nombreuses décisions. Pour finir, trois ultimes interrogations, qui devraient interpeller les gouvernants français, mais pas uniquement : « A supposer que certaines de leurs décisions n'étaient pas absurdes, avaient-ils la possibilité de faire plus simple ? », « Serait-il possible d'inviter à nouveau le bon sens, dans toute prise de décision ? ». Et enfin « Serait-il possible de partager les responsabilités, en faisant confiance aux populations ? » Par Adil Mesbahi: Expert en Intelligence Economique et Stratégique, titre délivré par l'Ecole de Guerre Economique de Paris, Adil Mesbahi est ingénieur grande école publique française, formation complétée par un MSc et quatre MBA. Après une riche expérience dans le conseil et la banque, Adil Mesbahi est professeur vacataire dans l'enseignement supérieur, auteur, analyste et conseiller auprès de Décideurs économiques et étatiques.