Pour profiter de tout son potentiel de croissance, l'Inde doit sérieusement s'attaquer aux lois rigides qui régissent le marché du travail. L'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) a toujours incité ses pays membres à poursuivre leur processus de libéralisation des économies, de privatisation et de flexibilité en matière de marché du travail. Pour la première fois, une étude économique sur l'Inde a été réalisée. Il y a une vingtaine d'années, ce pays était un des plus interventionnistes en matière de politique économique. Il faut dire qu'en comparaison des autres pays membres ou des grandes économies émergentes, plusieurs indicateurs économiques indiens font pâle figure. Mais force est de reconnaître que le pays de Ghandi a mené de sérieuses réformes depuis quelques années, même si l'OCDE précise que le chemin à parcourir reste encore très long. Il n'en demeure pas moins que contrairement à la période 1960-1980 où le taux moyen de croissance du PIB était de 3,5%, l'économie indienne peut aujourd'hui soutenir un taux supérieur à 8%. C'est là une conséquence directe de toutes les réformes qui ont été entreprises. Durant ces deux dernières années, le taux de croissance a dépassé les 9%, même si cela a entraîné une tendance inflationniste qui a forcé la banque centrale à relever les taux d'intérêts. L'OCDE estime que sans une accélération des réformes, l'Inde ne pourra pas réaliser l'objectif gouvernemental des 10% de croissance à moyen terme. Le gouvernement indien aura ainsi à diminuer encore plus l'interventionnisme économique, il devra également réformer le marché du travail et améliorer les infrastructures du pays. Dans le cas du marché du travail, l'Inde possède une des législations les plus strictes au monde. En matière de licenciements collectifs, les règlementations sont plus strictes que celles de la Chine ou du Brésil. Les unités manufacturières qui emploient plus de 100 salariés doivent obtenir l'aval du gouvernement avant de pouvoir licencier des employés. Cela explique en partie pourquoi la plupart des manufactures ont de faibles effectifs. En effet, 87% des entreprises manufacturières indiennes emploient moins de 10 employés (5% seulement dans le cas de la Chine…). Conséquences négatives, les petites unités ne peuvent pas réaliser des économies d'échelles ou utiliser les dernières technologies, ce qui pénalise fortement la productivité. Il est clair que les réformes déjà entreprises par l'Inde ont boosté la productivité de nombreuses entreprises. Le problème est que des entreprises non-rentables qui auraient normalement été éliminées par la concurrence sont restées en activité du fait des difficultés à licencier. La législation en matière d'emploi explique également pourquoi la croissance a été faible dans les industries manufacturières, en comparaison avec le boom du secteur des services qui n'est pas régi par les mêmes lois. Les indicateurs de l'OCDE montrent que l'Inde arrive en deuxième position dans le classement des pays qui dépensent le plus en matière de subventions (relativement au PIB), le pays se classant premier pour ce qui est des taxes douanières à l'import. Il est certain que de plus amples réformes permettraient une croissance plus importante, ce qu'illustrent parfaitement les cas des télécoms et des services. Hors agriculture, les entreprises étatiques représentent encore 38% de la production totale. Et malheureusement, certaines composantes politiques s'opposent à des réformes plus sensibles. Dans une économie où le revenu par habitant croît habituellement d'un petit point tous les ans, le taux de croissance actuel du PIB tient du miracle… Pour éliminer la pauvreté d'une grande partie de sa population, l'Inde doit en faire beaucoup plus !