La loi 113-13, portant sur la libéralisation du capital des cliniques privées a dopé l'appétit des investisseurs. Depuis quatre ans maintenant, les cliniques privées sont devenues le champ de bataille de prédilection de certains groupes. Focus sur les principaux acteurs de ce secteur en plein essor. Depuis la libéralisation du secteur, les cliniques privées sont devenues un champ de bataille privilégié pour nombre d'investisseurs. En effet, l'adoption en 2015 de la loi 113-13, autorisant tout investisseur à investir dans le capital des cliniques privées, a clairement boosté l'appétit des opérateurs. Et, ces derniers ne se sont pas fait prier. Acquisitions ou construction en propre, les investissements se multiplient dans les principales villes du royaume. Casablanca, Rabat, Tanger et Marrakech sont en tête de liste. L'un des derniers opérateurs à faire son entrée dans le secteur, Akdital Holding est en pleine offensive. En effet, en l'espace de 24 mois, le groupe, fondé il y a deux ans, a déjà porté son réseau à 5 cliniques multidisciplinaires et spécialisées principalement localisées à Casablanca. Il s'agit de la clinique Jerrada Oasis (2011), la clinique Ain Borja (2018), et le Centre international d'Oncologie Casablanca (2019) auxquelles se sont ajoutées deux nouvelles unités dévoilées le 17 octobre à Casablanca. Il s'agit de l'Hôpital Privé de Casablanca situé à Ain Sebaâ et de la clinique Longchamps. Et ce n'est pas tout. Selon Dr. Rochdi Talib, PDG de Akdital Holding, d'autres ouvertures devraient intervenir courant 2020. Ainsi, le groupe va ouvrir l'Hôpital privé d'El Jadida. Actuellement en construction, cette clinique deviendra le sixième établissement de santé du groupe. De même, deux autres projets sont également en cours d'étude concernant la construction d'un hôpital privé à Tanger et celle d'un hôpital privé à Bouskoura dans la périphérie de Casablanca. Selon le top management, les travaux des deux projets débuteront dès 2020. Le groupe totalise aujourd'hui 550 lits, 29 blocs opératoires et un plateau de radiologie. Les investissements se multiplient, les défis aussi L'ambition du Dr. Rochdi Talib est d'atteindre un réseau de 10 cliniques d'ici 2025. Toutefois, même s'il n'a pas souhaité révéler les investissements mobilisés jusqu'à présent par son groupe, il a néanmoins précisé que la stratégie d'Akdital Holging est de construire ses cliniques en propre. « Nous ne misons pas sur les acquisitions pour nous développer», a-t-il confirmé. Dans cette course, on retrouve également le groupe Oncologie et Diagnostic du Maroc (ODM). Fondé par Mohamed El Mandjra, le groupe a récemment porté son réseau de cliniques à 10 unités avec l'acquisition de la clinique Badr à Casablanca, et se positionne comme le leader incontesté du secteur au Maroc. ODM a déjà dépassé la barre des 500 millions de DH dans ses divers projets. « C'est important certes, mais d'un point de vue sectoriel et besoins du marché, cela reste une fraction des investissements requis pour servir le patient marocain avec une offre de soins adéquate. Il est inconcevable que le Maroc soit si développé au niveau de ses infrastructures et dans des secteurs comme la logistique, les télécoms, les banques et assurances et qu'une activité aussi fondamentale que la santé reste à la traîne », a récemment confié Mohamed El Mandjra dans une interview. Les actifs d'ODM comprennent 3 unités d'oncologie et diagnostic, deux unités d'oncologie médicale, trois centres d'imagerie dédiés, un laboratoire d'anatomopathologie et une clinique multi-spécialités. A ces unités viennent s'ajouter la clinique Badr (récemment acquise à Casablanca), la clinique Ménara à Marrakech, le centre de traitement Al Kindy, Radiologie Anoual et le laboratoire Moulay Idriss. Il va sans dire que le groupe de Mohamed El Mandjra a acquis une avance significative sur la concurrence. Et au vu du potentiel du secteur, ODM ne devrait pas s'arrêter en si bon chemin. Plusieurs investissements devraient suivre à court ou à moyen terme. L'autre opérateur qui se positionne comme un sérieux challenger est le groupe KMR Holding. Piloté par Mohamed Kabbaj, KMR Holding poursuit son avancée et le renforcement de son positionnement dans le secteur avec le rachat en 2018 de l'Hôpital Privé de Marrakech, une clinique multi-spécialités (chirurgie, cardiologie, ophtalmologie, traumatologie, oncologie, service d'urgence…) d'une capacité de 180 lits, et qui appartenait au groupe Saham, pour un montant de 500 millions de DH. Le groupe continue certainement d'aiguiser son appétit. Certes, la libéralisation du capital des cliniques a attiré les investisseurs privés, qui ont multiplié les ouvertures d'établissements de soins privés, mais des défis demeurent. Le nombre de lits au Maroc par 1000 habitants est de 0,9, contre 6 en Tunisie et 7,5 en France.