Le projet de loi organique 15-97 relatif au droit de grève, soumis pour approbation au parlement, suscite la tension entre les syndicats et le gouvernement. Le sens donné à la « participation » semble être la cause principale de l'incompréhension qui s'installe de plus en plus entre les syndicats des travailleurs et le ministère de l'emploi. Alors que pour ce dernier la participation se limiterait à une simple consultation, les représentants syndicaux des travailleurs, se percevant comme des partenaires sociaux, revendiquent une vraie négociation, conformément à la lettre et à l'esprit des dispositions constitutionnelles. En effet, au lieu d'engager au préalable un dialogue avec les partenaires sociaux, le gouvernement a préféré transmettre directement le projet de loi organique relatif au droit de grève à la première chambre du Parlement, tournant ainsi le dos aux principales orientations stratégiques, explicitement formulées, à maintes reprises, dans les discours royaux. Les organisations syndicales représentatives voient d'un mauvais œil cette manœuvre gouvernementale et la considèrent comme contraire à la Constitution et aux engagements internationaux du royaume (notamment la Convention 87). Certains syndicalistes vont jusqu'à qualifier la démarche gouvernementale comme « unilatéraliste ». Compte tenu du rapport de force actuel au sein du parlement, le gouvernement chercherait à mettre les syndicats devant le fait accompli, à l'instar de la réforme adoptée sur le régime des retraites de la fonction publique. Les syndicats les plus représentatifs, notamment la CDT, l'UMT et la FDT contestent non seulement le mode d'adoption en cours, dans sa forme, mais aussi le contenu du projet de loi organique qui, pour eux, est restrictif, voire répressif quant à l'exercice du droit de grève, comme moyen ultime de défense des droits des travailleurs. Au niveau international, la Fédération syndicale mondiale, qui représente plus de 100 millions de travailleurs dans le monde, a exprimé sa solidarité avec les syndicats marocains en demandant au gouvernement de retirer ce projet du Parlement et d'engager au préalable la procédure de négociation avec les partenaires sociaux. En réalité, climat social et climat des affaires sont indissociables. Le gouvernement actuel persistera-t-il dans sa « démarche unijambiste » qui ne pourrait donner naissance qu'à des lois boiteuses, voire sources de nouvelles tensions et de conflits sociaux ?