Avec une dette de 15 milliards de dirhams, les intérêts supportés grèvent l'essentiel de la marge d'exploitation. Le raffineur a réussi à améliorer son chiffre d'affaires, mais ses résultats sont en retrait. Il n'y a rien de rassurant dans les comptes sociaux que vient de publier la Samir. La place attend les réalisations de filiales et les comptes consolidés pour être fixée quant à la solidité du groupe. Au niveau des comptes sociaux, en effet, le chiffre d'affaires a certes connu une forte progression, mais une lecture des résultats donne l'impression que le géant du secteur des hydrocarbures se cherche encore. En dépit de l'agressivité manifeste des importateurs dont l'activité a nettement progressé, le raffineur a vu son chiffre d'affaires social s'améliorer de 20% à 27,5 milliards de dirhams, comparativement à 2011. Cette performance assez louable s'explique par deux éléments. En effet, au niveau local, la société a pu maintenir ses parts de marché. Mais elle a surtout augmenté ses ventes à l'export de 38% par rapport à la même période de 2011. Les marges n'ont pas évolué de manière analogue. L'excédent brut d'exploitation a reculé de 6,7% pour s'établir à quelque 785 millions de dirhams du fait de l'alourdissement des achats revendus de marchandises qui ont été multipliés par trois à 1,17 milliard de dirhams. En revanche, le résultat d'exploitation a fait un véritable bond de 14% pour atteindre quelque 536 millions de dirhams. En progressant de 70% pour atteindre 600 millions de dirhams, ce sont surtout les reprises d'exploitation et transferts de charges qui ont permis de booster ce solde de résultat. Néanmoins, la Samir continue de se démener contre sa dette assez élevée qui génère des intérêts toujours plus importants. Ainsi, le résultat financier, dont le déficit augmente pour atteindre 274 millions de dirhams, grignote plus de la moitié du résultat d'exploitation de la Samir. Les charges d'intérêt ont été de 367,8 millions de dirhams, s'alourdissant de 35%. Il faut noter que le financier demeure l'un des points faibles du raffineur du fait d'une dette assez lourde et d'un découvert assez inquiétant. Selon les analystes de BMCE Capital Bourse, «l'autonomie financière demeure faible». Les fonds propres ne représentent que 25,4% des sources de financement. Malgré une amélioration de 2 points, ce niveau reste faible et s'explique surtout par l'endettement de 15,6 milliards de dirhams. Toujours selon eux, «la capacité de remboursement de la dette est en dégradation», sachant que les charges d'intérêts bouffent 46,9% de l'excédent brut d'exploitation contre 32,4% une année auparavant. Dans de telles conditions, il est difficile au raffineur d'améliorer ses performances financières. C'est peut-être pourquoi le recul de 22% du résultat net qui s'établit à 188 millions de dirhams n'est pas une grande surprise. La mise en service de ses nouvelles installations se poursuit. Le raffineur a commencé l'exploitation de sa quatrième unité de distillation et la production de carburéacteur jet A1. Cela permettra à la Samir de se concentrer sur son plan stratégique qui vise notamment l'amélioration de sa profitabilité et la baisse des coûts fixes de production. Le raffineur compte contre-attaquer face aux concurrents importateurs. Il veut ainsi se positionner concernant la distribution à travers sa filiale, la SDCC qui a obtenu l'accord de principe des autorités concernées. Il reste le volet financier qui n'offre pas beaucoup de visibilité, malgré les nombreuses promesses. Le groupe affirme en effet avoir mis en œuvre beaucoup de mesures de nature à améliorer sensiblement les équilibres de son bilan. Mais pour le moment, les investisseurs semblent surtout attendre des résultats concrets plutôt que des promesses.