Le marché du halal est une aubaine pour les TPE et PME marocaines orientées sur l'export. Mais, force est de constater que les entreprises marocaines sont encore à la traîne en la matière, et n'arrivent pas à saisir le bout de ce business. Ce constat est celui d'Abderrahim Taïbi, directeur de l'Institut Marocain de Normalisation (Imanor). En effet, seulement 120 entreprises nationales ont été labellisées halal par l'Imanor ces dernières années. Un chiffre qui ne reflète pas du tout le potentiel lorsqu'on sait que le tissu économique national est constitué en majorité de TPE et de PME. Pour lui, cette situation est due en partie à un manque de sensibilisation. « Les TPE constituent la majorité des entreprises marocaines, et il est nécessaire de les aider pour qu'elles intègrent des chaînes d'approvisionnement. Nos TPE sont souvent écartées des marchés parce que leurs produits n'ont pas le label Halal », estime le directeur d'Imanor, qui intervenait lors d'une rencontre organisée par la Chambre de Commerce Britannique au Maroc. « Il faut vraiment les sensibiliser et les accompagner. Les TPE, les coopératives ont tous les atouts pour profiter de ce marché. Toutefois, certaines entreprises commencent à prendre ce marché au sérieux. Il s'agit notamment d'entreprises du secteur des pâtes alimentaires qui exportent sur les marchés d'Afrique subsaharienne. « Il y a des opportunités en Afrique, et ces entreprises, dans l'objectif de les saisir, ont sollicité le ministère de l'Agriculture en vue de mettre en place un contrat programme qui va permettre d'instaurer un label Halal », explique Abderrahim Taïbi. L'Europe aussi est un marché important, et les parties prenantes se mobilisent afin de mettre en place les normes nécessaires pour aller sur ce marché. Manque de sensibilisation Selon Abderrahim Taïbi, le nombre d'entreprises labellisées Halal pourrait atteindre 200, voire 300, d'ici peu, si les efforts de sensibilisation se poursuivent. Pour Abdellatif Abbadi, chef de la division Agrobusiness au ministère de l'Agriculture et de la Pêche Maritime, le Plan Maroc Vert réunit toutes les conditions pour permettre aux entreprises de développer ce créneau et profiter d'un marché mondial du halal qui dégage des bénéfices de plus de 2000 milliards de dollars. Il assure notamment que le ministère est mobilisé pour accompagner les opérateurs. De son côté, Adnane El Gueddari, le président du Club Halal Export de l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX), le halal est en train de s'imposer aujourd'hui à l'ère de la mondialisation comme une norme universelle. « Le besoin de transparence est devenu aujourd'hui quelque chose d'indispensable pour pouvoir vendre, à cause des multiples scandales de ces dernières années. Le halal constitue un vecteur de transparence et aussi de qualité qui rassure le consommateur», soutient-il, ajoutant que les entreprises marocaines doivent aujourd'hui prendre conscience de ce marché. Outre le secteur des produits alimentaires, il faut dire que le Maroc dispose d'atouts considérables pour s'imposer sur ce marché. Selon une étude réalisée en 2015 par le Conseil national du commerce extérieur (CNCE), le Maroc, grâce aux produits naturels et de terroir, dont l'huile d'argan, le miel, le savon noir, l'eau de rose ou encore l'argile, peut très facilement se positionner sur le marché des cosmétiques halal. Le tourisme et le textile constituent également des atouts.