L'Express a publié aujourd'hui une interview du célèbre écrivain marocain, Taher Benjelloun. Cette entrevue révèle une part de la vision de l'artiste pour qui l'écriture est une sorte de ‘'traversée'', c'est aussi un témoignage d'une époque et d'une réalité précise. Dans le numéro publié aujourd'hui, Taher Benjelloun s'est livré à l'Express lors une interview révélatrice de son style et de ses influences, et plus encore de la vision qu'il a de la littérature, dans laquelle l'hebdomadaire français le décrit comme étant un « trait d'union entre le Maroc et la France« . ‘'Certains écrivent pour passer le temps ; d'autres, pour ne pas devenir fou. Moi, j'écris pour témoigner de mon époque », confesse-t-il au magazine hebdomadaire, en ajoutant « Je ne fais pas une littérature gratuite. Elle a un sens et parle d'une réalité précise, proche de la vie''. Les contes de Tahar Ben Jelloun sont modernes dénoncent la violence et le racisme, commente la publication. Interrogé au sujet de son style, l'écrivain marocain affirme qu'il est toujours dépendant de l'histoire racontée. ‘'Le thème impose le style, comme le pinceau suit le trait des visages. Conteur, je m'autorise des libertés d'écriture. Sans aller vers un ton oral, loin de là, mon style à l'écrit reste souple, proche de la fantaisie, de l'imagination et de la tradition du conte''. De même assure-t-il, pour expliquer un sujet d'actualité aux jeunes adultes ou aux adolescents, il faut un style rigoureux, le plus efficace possible. ‘'Pour que l'information passe avec clarté dans un essai, la pédagogie associée à l'écriture est essentielle. C'est la clef. Les plus jeunes lecteurs en ont besoin'', affirme Tahar Ben Jelloun. La peinture aussi est très importante dans la vie de Tahar Ben Jelloun : ‘'dans mes romans ou mes tableaux, je cherche à exprimer une poésie à travers une forme d'élégance. Mais il y a une différence, car peindre est une fête, qui me met en état de liesse et d'euphorie. Je peins pour essayer de capter la lumière du monde. L'écriture est davantage une traversée entre la rive douloureuse et la rive lumineuse. Comment passer d'une rive à l'autre ? » Ces deux pratiques artistiques sont souvent entremêlées dans son oeuvre, et dans cette mesures il reconnait que « parfois, la rencontre a lieu, les deux formes d'expression se croisent, et ma poésie vient s'imprimer sur la toile. Seule la beauté sauvera notre monde, bien mal en point''.