L'audition mardi 10 avril du jeune patron de Facebook était très attendue en plein scandale sur l'appropriation des données privées de millions d'utilisateurs par une société prestataire de la campagne de Donald Trump en 2016. Devant deux commissions conjointes, Zuckerberg, mal à l'aise dans cet exercice, s'est à nouveau longuement excusé, a promis plus de sécurité sur sa plateforme en laissant les parlementaires américains visiblement sceptiques. « Seriez-vous prêts à partager avec nous le nom de l'hôtel où vous venez de passer la nuit ? – Non, répond Mark Zukerberg, auditionné pour la première fois par le Congrès. – Voudriez-vous nous dire avec qui vous avez échangé des messages la semaine dernière ? – Je n'aurais sans doute pas envie de partager cela ici publiquement, répond-il. Visage tendu, mal à l'aise en costume cravate, le boss de Facebook a subi le feu des questions de deux commissions sénatoriales pendant 4h30. « Je vais vous le dire gentiment : vos règles d'utilisations craignent », lui lance le sénateur John Kennedy. Après le scandale Cambridge Analytica, les parlementaires veulent savoir si Facebook est désormais capable seul de protéger les données de ses usagers et d'éviter leur manipulation politique ou bien s'ils doivent se charger de réguler le réseau social. Les élus veulent aussi des garanties sur l'ingérence russe : « Il y a des gens en Russie dont le travail est de manipuler nos systèmes, c'est une course aux armements », dit Zuckerberg. « L'un de mes plus grands regrets c'est que nous avons été lents pour identifier » les ingérences étrangères via le réseau dans la campagne, a-t-il dit. « Nous traversons un grand changement philosophique au sein de la société », a déclaré Mark Zuckerberg, mardi soir. Alors que le sénateur John Thune demandait au PDG en quoi ces nouvelles excuses étaient différentes des excuses passées, ce dernier a assuré : « Nous devons prendre plus largement conscience de nos responsabilités, nous assurer que Facebook soit utilisé à bon escient. Au final, les gens finiront par voir une vraie différence. » Le PDG de Facebook s'excuse encore plusieurs fois sans remettre en question son modèle, qui pour lui est « sûr ». Sceptique, une sénatrice finit par lui dire : « Arrêtez de vous excuser et commencez à changer. » Le sénateur Bill Nelson a pour sa part demandé à Mark Zuckerberg s'il avait l'intention de proposer une version payante de Facebook aux utilisateurs qui souhaitent que leurs données personnelles ne soient pas utilisées à des fins commerciales. Réponse : « Il y aura toujours une version de Facebook qui sera gratuite. (…) Nous estimons que nous devons apporter un service que tout le monde peut s'offrir ». Sans dire clairement qu'une partie de Facebook pourrait devenir payante, Mark Zuckerberg a expliqué : « Si vous voulez une expérience sans publicités ciblées, vous pouvez désactiver cette option. Mais les gens n'aiment pas les publicités qui ne sont pas pertinentes, ils préfèrent les publicités pertinentes. Sans publicité, nous aurions besoin d'un autre modèle économique. » Mark Zuckerberg n'en finit plus de s'excuser depuis la révélation du scandale Cambridge Analytica mi-mars, qui a nui fortement à l'image du groupe et fait baisser sa valeur boursière. Le multi-milliardaire sera à nouveau interrogé ce mercredi.