48 personnes ont péri dans une attaque aux « gaz toxiques » sur la ville rebelle de Douma, près de Damas, selon les Casques blancs. « De nombreux morts, y compris des femmes et des enfants, dans une attaque chimique insensée en Syrie. » À l'image de Donald Trump qui a fait part de sa colère sur Twitter, la communauté internationale s'est indignée, dimanche 8 avril, après une attaque meurtrière présumée du régime syrien sur la ville rebelle de Douma. La ville est le dernier secteur sous contrôle des rebelles dans la vaste région de la Ghouta orientale, située aux portes de Damas. Le régime, qui nie être l'auteur de cette attaque, est déterminé à reprendre totalement Douma coûte que coûte, avec l'aide de Moscou. Damas a également annoncé un accord pour évacuer durant les quarante-huit prochaines heures les combattants de Jaich al-Islam de Douma, a rapporté l'agence officielle Sana. Samedi, les Casques blancs, des secouristes en zones rebelles, un groupe insurgé ainsi que l'opposition en exil ont accusé le régime d'avoir mené une attaque chimique à Douma. Dans un communiqué commun avec l'ONG médicale Syrian American Medical Society, les Casques blancs ont affirmé que 48 personnes avaient péri dans cette attaque aux « gaz toxiques ». Ils ont également fait état de « plus de 500 cas, la plupart des femmes et des enfants », qui présentent « les symptômes d'une exposition à un agent chimique ». Les patients souffrent de « difficultés respiratoires », de « brûlures de la cornée » et dégagent « une odeur semblable à celle du chlore ». « C'était un massacre » Une vidéo postée par les Casques blancs sur leur compte Twitter et présentée comme tournée après l'attaque chimique présumée montre un enchevêtrement de corps sans vie, dont ceux de femmes et d'enfants, allongés à même le sol, les yeux parfois écarquillés et de la mousse blanche s'échappant de leur bouche. Sur une autre, tournée dans un hôpital, des enfants en bas âge sont déshabillés et respirent grâce à des masques à oxygène. Firas al-Doumi, un secouriste de Douma a évoqué « des scènes effroyables ». « Il y avait de nombreuses personnes en train de suffoquer, certaines sont mortes immédiatement », a-t-il affirmé à l'Agence France-Presse. « C'était un massacre. Il y avait une très forte odeur sur les lieux qui a entraîné des difficultés respiratoires chez les secouristes ». Il n'était pas possible de confirmer ces informations de source indépendante. Le régime a qualifié ces accusations de « farce » et de « fabrications ». Moscou a « démenti fermement cette information » et l'Iran fustige un « complot » contre la grève. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un réseau de sources dans le pays en guerre, a, lui, indiqué ne pas être en mesure de confirmer une attaque chimique du régime. Néanmoins, plusieurs voix se sont élevées pour condamner le recours présumé à des substances chimiques. « Des nouvelles terribles nous parviennent de la Syrie avec des dizaines de victimes, dont beaucoup de femmes et d'enfants. Tant de personnes sont frappées par les effets des substances chimiques contenues dans les bombes », a déclaré le pape devant des milliers de fidèles rassemblés place Saint-Pierre. « Il n'y a pas une bonne guerre et une mauvaise, et rien, rien ne peut justifier l'usage de tels instruments d'extermination contre des personnes et des populations sans défense », a-t-il ajouté. Ankara soupçonne « fortement » le régime. « Ces informations, si elles sont confirmées, sont effroyables et exigent une réponse immédiate de la communauté internationale », a indiqué le département d'Etat américain. « La Russie, avec son soutien sans faille au régime, porte la responsabilité finale de ces attaques brutales ». La Grande-Bretagne a appelé à « une enquête urgente ». « Si ces informations sont correctes, elles seront une preuve supplémentaire de la brutalité d'Assad contre des civils innocents et du mépris de ses soutiens pour le droit international », ont estimé les Affaires étrangères. Le régime Assad a été maintes fois accusé de lancer des attaques au gaz sur des régions rebelles, ce qu'il a toujours nié. Déterminé à faire plier le dernier groupe rebelle de Jaich al-Islam retranché à Douma, le pouvoir syrien avait repris vendredi son pilonnage de la cité, tuant une centaine de civils, selon l'OSDH. La Turquie a condamné avec vigueur une « attaque aux armes chimiques » contre la ville rebelle de Douma, dans la Ghouta orientale, qui aurait fait des dizaines de morts, ajoutant qu'elle soupçonnait « fortement » le régime syrien d'en être responsable. « Nous condamnons avec vigueur l'attaque et nous soupçonnons fortement qu'elle ait été menée par le régime (de Bachar el-Assad), dont les antécédents en matière de recours aux armes chimiques sont connus par la communauté internationale », a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué. Négociations Après des raids aériens dimanche matin, le régime a suspendu ses bombardements et ses représentants ont tenu une réunion avec ceux de Jaich al-Islam, selon les médias officiels syriens. L'objectif : l'évacuation des rebelles de Douma vers des zones aux mains des insurgés dans le Nord syrien. Selon les médias, les autorités ont accepté ces négociations pour obtenir « la sortie des terroristes de Jaich al-Islam vers Jarablos (nord) ». Le régime qualifie les rebelles de « terroristes ». Jaich al-Islam est miné par des divisions internes, son aile radicale refusant d'évacuer Douma, selon l'OSDH. Le 18 février, le régime a lancé pendant plusieurs semaines une offensive dévastatrice sur l'enclave rebelle dans la Ghouta orientale, qui a coûté la vie à plus de 1.600 civils, selon l'OSDH. Le pouvoir a ensuite laissé la place aux négociations sous l'égide de la Russie, qui ont permis d'évacuer plus de 46 000 combattants de deux autres groupes rebelles et civils, contraints de rejoindre Idleb (nord-ouest), une des provinces échappant au contrôle du régime. Grâce à l'appui militaire de Moscou, le régime contrôle déjà plus de la moitié de la Syrie, ravagée par une guerre qui a fait plus de 350 000 morts en sept ans.