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Abdel-Ilah Benkiran déplore une hémorragie militante au sein du PJD et avertit que seuls les adhérents à jour de leurs cotisations participeront au congrès
Avec une perte de 50 % de ses membres, soit 20 000 adhérents de moins, le Parti de la justice et du développement (PJD), ancienne formation majoritaire au Maroc, affronte une crise organique d'ampleur. À quelques jours de son congrès national, son secrétaire général Abdel-Ilah Benkiran évoque une sélection drastique des participants et alerte contre les spéculations précoces autour de sa succession. Le Parti de la justice et du développement (PJD, opposition) ne compte plus que 20 000 adhérents actifs, contre 40 000 auparavant, a révélé mercredi 17 avril son secrétaire général Abdel-Ilah Benkiran, lors d'une conférence de presse organisée par la commission préparatoire du congrès national. «Ce n'est pas un simple ressenti. C'est un chiffre avéré, documenté, parfaitement traçable», a-t-il assuré, insistant sur la fiabilité des listes nominatives actualisées dont dispose le parti. Congrès national : accès réservé aux cotisants Alors que le congrès est prévu les 26 et 27 avril à Bouznika, M. Benkiran a indiqué que seuls les membres à jour de leurs contributions financières seraient autorisés à y participer. «Ceux qui ne versent pas leurs cotisations ne recevront pas de convocation. C'est une question de justice et de rigueur», a-t-il déclaré. La commission préparatoire, selon ses dires, aurait appliqué de manière équitable les dispositions réglementaires, en excluant tout favoritisme. «La loi interne du parti a été respectée scrupuleusement», a-t-il affirmé, tout en reconnaissant que cette décision pourrait susciter quelques remous dans les rangs. Troubles en coulisses et ambitions feutrées Dans une allusion transparente aux tensions internes, le chef du parti islamiste a également dénoncé «des éléments de perturbation» émanant de ceux qui, selon lui, «ont déjà entamé les tractations autour de la succession à la tête du parti», alors que l'actuel mandat n'est pas encore arrivé à son terme. «Il est prématuré et inopportun d'entrer dans ce type de spéculations. Nous avons d'abord un congrès à organiser dans l'ordre et la clarté», a-t-il clamé, appelant à un respect strict des échéances statutaires. Une crise d'adhésion persistante Cette fonte des effectifs militants est interprétée par plusieurs observateurs comme le signe d'une érosion structurelle du capital politique du PJD, amorcée dès sa déroute électorale de septembre 2021, où il perdit l'essentiel de son assise parlementaire. La réduction de moitié du nombre d'adhérents constitue non seulement un défi organisationnel, mais surtout un symptôme de désaffection profonde, possiblement lié à l'affaiblissement du lien idéologique et à l'essoufflement d'un appareil partisan longtemps centré autour de personnalités charismatiques. En conditionnant la participation au congrès au seul respect des obligations statutaires, Abdel-Ilah Benkiran cherche manifestement à resserrer les rangs autour d'un noyau militant fidèle et discipliné, quitte à accentuer la fracture avec une base plus distante ou désabusée. Un congrès sous haute tension À quelques jours de ce rendez-vous déterminant, les déclarations de M. Benkiran traduisent une volonté de remobilisation interne mais également une inquiétude latente quant à l'avenir du parti, tant sur le plan programmatique qu'en matière de gouvernance. «Ce congrès doit être une étape de lucidité, non de manœuvres», a-t-il conclu, suggérant que l'heure n'est pas aux calculs individuels mais à une refondation doctrinale et morale du parti islamiste, aujourd'hui relégué aux marges de la scène institutionnelle.