La mondialisation n'a pas marqué le pas sous l'effet des tensions géopolitiques et des mutations économiques : elle s'est réorganisée en deux trajectoires distinctes. C'est ce que dévoile une étude récente de PGIM, filiale de gestion d'actifs de Prudential Financial, qui administre 1 380 milliards de dollars. D'après ce rapport intitulé Une nouvelle ère de la mondialisation, environ 75 % de l'économie mondiale poursuivent un essor marqué par des flux commerciaux soutenus tandis qu'un segment plus restreint, mais stratégique, se replie sous l'effet de considérations sécuritaires et industrielles. Le commerce international, loin de s'étioler, continue de se structurer hors des frontières américaines, représentant près de 80 % des échanges globaux. Le Maroc, terre d'accueil du rapprochement industriel Dans ce redéploiement, certains pays se démarquent comme des territoires privilégiés pour l'implantation manufacturière et l'approvisionnement en ressources essentielles. Parmi eux, le Maroc figure aux côtés du Mexique, du Vietnam, de la Pologne ou encore de l'Inde en tant que pôle d'attractivité pour les industries stratégiques. Le royaume tire parti de sa position géographique aux portes de l'Europe, d'un réseau d'infrastructures développé et d'accords commerciaux étendus, qui en font une destination de choix pour le near-shoring, c'est-à-dire le recentrage des chaînes de production à proximité des grands marchés de consommation. Ce phénomène bénéficie notamment aux secteurs des véhicules électriques, des semi-conducteurs et des industries extractives, domaines dans lesquels le Maroc dispose d'atouts notables. Métaux, minerais et industries d'avenir L'étude souligne le rôle central des ressources naturelles dans la recomposition des circuits industriels. Le cuivre, essentiel aux nouvelles technologies et aux infrastructures énergétiques, figure parmi les matériaux les plus convoités, au même titre que d'autres minerais indispensables à la transition énergétique. Dans cette configuration, le Maroc, qui détient d'importantes réserves de phosphates et se positionne sur l'extraction d'autres matières premières stratégiques, apparaît comme un acteur clé. Outre son potentiel minier, le pays s'affirme comme une terre d'investissement pour les entreprises du secteur technologique et manufacturier. Tesla et BYD, pionniers du véhicule électrique, poursuivent leur expansion en diversifiant leurs implantations, tandis que les fabricants de semi-conducteurs, à l'image de TSMC, privilégient des implantations multi-régionales pour sécuriser leurs chaînes d'approvisionnement. Dans un monde où les logiques commerciales se redessinent, le Maroc se profile comme un point d'ancrage de cette nouvelle configuration économique, conjuguant attractivité industrielle et rôle stratégique dans l'approvisionnement en ressources critiques.