Le Maroc est en passe d'élever sa capacité solaire installée à 2,97 gigawatts (GW) à l'horizon 2028, selon une projection médiane tandis qu'un scénario plus ambitieux la situe à 4,35 GW, selon un rapport émanant de SolarPower Europe, rendu public mercredi 19 mars. Issu d'une collaboration entre le Global Solar Council (GSC) et le Cluster EnR – l'organisme marocain dédié aux énergies renouvelables –, cette étude scrute les trajectoires à l'œuvre dans le royaume et s'interroge sur les ressorts d'un essor solaire encore en demi-teinte. La prédominance accordée au solaire thermodynamique à concentration, la lenteur de maturation de certains projets ainsi que les pesanteurs liées à l'intégration au réseau sont invoquées pour expliquer cette cadence mesurée. Le texte fait néanmoins valoir les prérogatives considérables dont jouit le Maroc : une insolation parmi les plus élevées au monde, une abondance de terrains arides et disponibles, ainsi qu'un processus de réforme du secteur énergétique qui, peu à peu, entrouvre le marché à l'investissement privé. «Cette analyse éclaire le rôle singulier que le Maroc est appelé à jouer dans l'édification d'un pôle énergétique d'envergure régionale», observe Fatima Zahra El Khalifa, directrice générale du Cluster EnR. «En intensifiant l'essor du solaire et en œuvrant à l'édification d'infrastructures robustes, le pays se positionne en acteur clé de la transition énergétique, tout en consolidant les fondements d'un développement pérenne.» Sonia Dunlop, directrice générale du GSC, anticipe pour sa part l'addition de 2,2 GW de nouvelles capacités solaires d'ici à 2028. «L'alliance d'une gouvernance résolue, d'une ambition nourrie par le long terme et de besoins croissants en électricité, portés notamment par la stratégie nationale de l'hydrogène vert, fera du Maroc un terreau favorable à l'effondrement des coûts du solaire et à l'éclosion de projets d'envergure», a-t-elle souligné. L'étude préconise une série de mesures pour hâter cette mutation : approfondissement de la libéralisation du marché électrique, déploiement massif de dispositifs de stockage par batteries (BESS), renforcement des capacités du réseau national, et mise en place d'incitations fiscales mieux calibrées. Le rapport insiste également sur la nécessité d'écourter les délais administratifs et de doter le pays de filières de formation spécialisées dans le photovoltaïque. Déterminé à faire des énergies renouvelables le socle de son modèle énergétique futur, le Maroc œuvre à porter leur part à 52 % de la capacité électrique installée à l'horizon 2030. Son plan solaire, dévoilé dès 2009, fixe des objectifs de 3 GW à atteindre dès 2025 et de 4 GW à l'orée de la prochaine décennie.