L'augmentation des importations est spectaculaire : entre 2020 et fin septembre 2024, les volumes en provenance des deux pays ont bondi de 13 073 %, dépassant largement la progression de la demande nationale. Les entreprises plaignantes attribuent cette situation à un afflux incontrôlé qui aurait directement réduit leur part de marché et affaibli leurs performances économiques. Le ministère de l'industrie et du commerce a officiellement lancé, jeudi 13 mars, une enquête antidumping contre les importations de fils d'acier galvanisés en provenance d'Egypte et des Emirats arabes unis, à la suite de plaintes déposées par plusieurs entreprises locales. Celles-ci dénoncent un afflux massif de ces produits à des prix susceptibles de perturber gravement le marché national et de compromettre la viabilité du secteur sidérurgique marocain. L'enquête s'intéressera à la période comprise entre janvier et décembre 2024. Son objectif est de déterminer si les importations concernées ont été vendues sur le marché marocain à des prix inférieurs à leur coût réel, créant ainsi une situation de concurrence déloyale. Le ministère procédera à l'audition des producteurs nationaux et des exportateurs égyptiens et émiratis afin d'évaluer l'ampleur du préjudice subi par l'industrie locale. Une explosion des importations Les premiers éléments de l'enquête révèlent une augmentation fulgurante des importations de fils d'acier galvanisés depuis 2020. À la fin du troisième trimestre 2024, celles-ci avaient progressé de 12 997 %, passant de 112 tonnes en 2020 à 14 699 tonnes. Cette hausse, largement supérieure à la croissance de la demande nationale, suggère un possible déséquilibre entre l'offre et la consommation interne. L'évolution des flux commerciaux en provenance d'Egypte et des Emirats arabes unis est particulièrement frappante : sur la période 2020-2024, les importations en provenance de ces deux pays ont enregistré une augmentation spectaculaire de 13 073 %, laissant craindre un effet de saturation du marché marocain. Une concurrence jugée déloyale L'enquête s'appuie sur une comparaison entre la « valeur normale » du produit – c'est-à-dire son prix de vente sur le marché intérieur du pays exportateur – et son prix à l'exportation vers le Maroc. Dans le cas des importations émiraties, cette analyse n'a révélé aucun écart significatif entre ces deux valeurs, ce qui suggère une conformité avec les règles du commerce international. En revanche, pour les produits égyptiens, un différentiel de prix important a été constaté, indiquant un possible dumping. Les entreprises plaignantes estiment que cette situation a eu des effets dévastateurs sur le tissu industriel national. Elles affirment que l'arrivée massive de ces fils d'acier à des prix défiant toute concurrence a entraîné une chute brutale de leur part de marché et une détérioration rapide de leurs performances économiques. Selon leurs déclarations, la survie même du secteur pourrait être menacée si aucune mesure corrective n'était mise en place. Des mesures possibles en cas de dumping avéré À l'issue de l'instruction, le ministère de l'industrie et du commerce statuera sur l'existence d'un dumping et ses conséquences réelles sur l'industrie nationale. Si ces pratiques sont avérées, des mesures de sauvegarde pourraient être adoptées, allant de la mise en place de droits antidumping à des restrictions quantitatives sur les importations concernées. L'ouverture de cette enquête reflète la volonté des autorités marocaines de préserver l'équilibre du marché intérieur et de garantir une concurrence loyale. L'affaire sera suivie de près par les acteurs du secteur, dont l'avenir dépend en partie des conclusions qui seront rendues dans les prochains mois.