Les exportations de PhosAgro (entreprise russe d'extraction de phosphate et de produits fertilisants, fondée en 2001), vers le continent africain ont connu une progression significative en 2024, atteignant 730 000 tonnes, soit une hausse de 33 % par rapport à l'année précédente. Parmi les cinq principaux importateurs des engrais russes figurent le Maroc, l'Afrique du Sud, le Mozambique, le Cameroun et l'Ethiopie, selon les données publiées par le groupe. Le Maroc s'est particulièrement distingué par une augmentation spectaculaire de ses importations, qui ont été multipliées par 5,5. Une dynamique qui témoigne d'une demande accrue en engrais phosphatés et azotés, dans un contexte où le royaume renforce sa politique agricole pour assurer sa sécurité alimentaire et améliorer ses rendements. Cette progression marocaine contraste avec d'autres marchés comme l'Afrique du Sud, où la croissance des importations reste plus modérée (+10 %), ou encore le Mozambique et le Cameroun, qui enregistrent respectivement des hausses de 80 % et 60 %. Quant à l'Ethiopie, elle renoue avec PhosAgro après une absence de huit ans, en commandant une cargaison de grande envergure. Mikhaïl Sterkine, directeur adjoint de PhosAgro en charge des ventes et du marketing, a souligné que la société représente désormais 40 % des exportations russes d'engrais minéraux et que ses livraisons couvrent près de 7 % des besoins du continent africain. L'essor des exportations russes vers l'Afrique s'inscrit dans un contexte de recomposition des flux commerciaux mondiaux, notamment sous l'effet des sanctions occidentales qui poussent la Russie à renforcer ses échanges avec les marchés émergents. Dans ce cadre, le Maroc apparaît comme un partenaire stratégique, d'autant plus que l'Office chérifien des phosphates (OCP), pionnier mondial des engrais phosphatés, maintient une position dominante sur le marché africain. Si l'importation marocaine d'engrais russes connaît une telle accélération, cela pourrait traduire une diversification des approvisionnements en intrants agricoles. Il conviendra toutefois d'observer dans quelle mesure cette tendance affectera la position du royaume dans l'exportation de produits finis à base de phosphate, notamment vers le reste du continent.