Les exportations américaines d'ammoniac ont reculé de 8,4 % en 2024, atteignant 1,035 million de tonnes, selon les dernières données du Global Trade Analytics Suite de S&P Global Market Intelligence. Ce repli marque une baisse par rapport au record historique de 2023, où les Etats-Unis avaient exporté 1,131 million de tonnes. Malgré cette contraction, le Maroc s'est maintenu en tête des destinations des cargaisons américaines avec 359 553 tonnes importées sur l'année, devant la Norvège (272 099 tonnes) et le Royaume-Uni (83 696 tonnes). L'essor des capacités de production de l'ammoniac aux Etats-Unis, soutenu par des prix compétitifs du gaz naturel — intrant clé de sa fabrication —, a permis au pays d'augmenter considérablement ses volumes exportés sur la dernière décennie. En comparaison, les Etats-Unis n'avaient exporté que 135 184 tonnes en 2014. L'industrie américaine de l'ammoniac s'apprête à franchir une nouvelle étape avec la mise en service attendue de deux usines au Texas en 2025 : Gulf Coast Ammonia au deuxième trimestre et Beaumont Clean Ammonia plus tard dans l'année. À elles seules, ces unités auront une capacité combinée de plus de 2,3 millions de tonnes par an, renforçant la position des Etats-Unis sur le marché mondial des engrais azotés et des produits chimiques industriels. Parallèlement, les importations américaines d'ammoniac ont été divisées par plus de deux en dix ans, passant de 5,045 millions de tonnes en 2014 à 2,073 millions de tonnes en 2024. Le Canada et Trinité-et-Tobago sont restés les principaux fournisseurs des Etats-Unis, mais le Canada s'est hissé au premier rang en 2023 et 2024, dépassant son voisin caribéen. Ce basculement intervient alors que Washington avait envisagé, sous l'administration Trump, d'imposer un tarif de 25 % sur l'ammoniac canadien, une mesure finalement suspendue face aux vives réactions des acteurs du secteur des engrais des deux côtés de la frontière. De son côté, Trinité-et-Tobago, premier producteur d'ammoniac du continent américain, a récemment souffert de perturbations dans son approvisionnement en gaz naturel, affectant sa production et ses exportations.