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Sound Energy affirme que le potentiel gazier du Maroc s'élève à plus de 20 000 milliards de pieds cubes, les premières ventes interviendront dès l'automne 2025
Potentiel gazier, gazoduc Maghreb-Europe, investissements futurs : Sound Energy voit grand. L'entreprise a conservé, conformément aux termes de son accord avec Managem, 20 % d'intérêts dans l'exploitation du gaz de Tendrara ainsi qu'une participation directe de 27,5 % dans les permis d'exploration du Grand Tendrara et d'Anoual. Malgré une absence de forage depuis plus de cinq ans, la société britannique Sound Energy continue de miser sur le Maroc et d'y voir un potentiel gazier significatif. Son directeur général, Graham Lyon, se veut catégorique : «Nous n'avons pas quitté le Maroc et nous n'avons aucune intention de le faire», a-t-il assuré dans un entretien accordé à la plate-forme spécialisée Attaqa. En décembre 2024, Sound Energy a conclu un accord stratégique avec Managem portant sur la vente d'une partie de ses actifs gaziers au Maroc pour un montant pouvant atteindre 45,2 millions de dollars. Dans le cadre de cette transaction, la société britannique conserve 20 % du permis d'exploitation du gisement de Tendrara ainsi que 27,5 % des permis d'exploration du Grand Tendrara et d'Anoual. Cette cession partielle a alimenté des spéculations quant à un possible retrait progressif du groupe britannique du Royaume. Graham Lyon balaie ces hypothèses d'un revers de main : «Nous avons simplement ajusté notre participation pour mieux structurer nos opérations. Nous restons pleinement engagés.» Des forages attendus en 2025 Sound Energy attend actuellement l'aval du ministère de la transition énergétique et du développement durable pour la prolongation de ses permis d'exploration à Grand Tendrara et Anoual. Deux forages sont prévus : le puits SBK-1 sur Tendrara Grand et le puits M5 sur Anoual. Ces opérations seront financées par Mana Energy, filiale de Managem, dans le cadre de l'accord conclu entre les deux sociétés. «Avec une bonne planification et les autorisations nécessaires, nous espérons que Mana Energy pourra forer au moins un puits en 2025», indique M. Lyon. Concernant le permis de Sidi Mokhtar, un forage est envisagé à terme, mais il demeure conditionné à des études sismiques complémentaires et à la prorogation du permis par les autorités marocaines. Un début de production à Tendrara dès 2025 Le projet de production de gaz naturel liquéfié (GNL) à Tendrara, initialement retardé par des difficultés liées à la chaîne d'approvisionnement et à des perturbations industrielles mondiales, entre dans sa dernière phase. «Nous avons rencontré des difficultés en 2022 et 2023 avec la fabrication des équipements en raison des tensions géopolitiques et des fermetures d'usines sidérurgiques, mais notre partenaire nous assure que le gaz commencera à couler cette année», explique le dirigeant britannique. Selon lui, les premières ventes de gaz interviendront dès l'automne 2025. Les installations de liquéfaction sont actuellement en cours d'acheminement vers le Maroc depuis les Etats-Unis. Par ailleurs, la société Afriquia Gaz, chargée du transport du GNL, est prête à assurer la distribution une fois la production lancée. Un raccordement au gazoduc Maghreb-Europe en projet En parallèle, Sound Energy travaille sur le raccordement de Tendrara au Gazoduc Maghreb-Europe, ce qui permettrait d'intégrer la production marocaine au réseau gazier régional. Ce projet prévoit la construction d'un pipeline de 120 kilomètres, un centre de traitement et le forage de quatre à cinq nouveaux puits de développement. «Nous mettons actuellement à jour l'ingénierie et les estimations de coûts. Une décision finale d'investissement pourrait être prise fin 2025, pour une mise en service attendue d'ici 18 à 24 mois», précise M. Lyon. Un marché intérieur prioritaire Bien que l'exportation vers l'Europe reste une possibilité, Sound Energy mise avant tout sur le marché intérieur marocain. «Le Maroc a une stratégie énergétique particulièrement bien pensée, combinant énergies renouvelables et transition vers le gaz. Nous avons toute confiance dans la capacité du pays à absorber la production locale», a-t-il souligné. Selon lui, les investisseurs internationaux n'ont pas besoin de chercher des débouchés plus lucratifs ailleurs, car le Maroc achète son gaz à des prix compétitifs. Toutefois, en cas d'excédent, la connexion avec le Gazoduc Maghreb-Europe pourrait ouvrir des perspectives d'exportation. Un potentiel gazier toujours à l'étude Jusqu'à présent, aucun gisement de gaz de classe mondiale n'a été découvert au Maroc. Toutefois, Sound Energy estime que le potentiel en place dépasse les 20 000 milliards de pieds cubes, un chiffre cohérent avec les évaluations réalisées par l'Institut d'études géologiques des Etats-Unis (USGS) en 2021. «Nous n'avons pas encore exploré toutes les possibilités. Le Maroc offre un cadre de travail attractif, un soutien institutionnel fort et des incitations financières encourageant l'exploration. Rien ne permet de dire aujourd'hui que les ressources sont limitées», affirme M. Lyon. Plus de 168 millions de dollars investis au Maroc Sound Energy explore également de nouvelles perspectives, notamment dans le domaine de l'hydrogène et de l'hélium. En partenariat avec la société GeTech, elle mène actuellement une étude préliminaire, dont les résultats sont attendus d'ici mi-2025. Cependant, cette piste est encore en phase exploratoire. «Il s'agit d'hydrogène naturel – aussi appelé hydrogène blanc ou doré – et non d'hydrogène vert produit à partir d'énergies renouvelables», atteste M. Lyon. Toute possibilité d'exportation d'hydrogène vers l'Europe reste très prématurée d'autant que le cadre législatif marocain dans ce domaine doit encore être précisé. Depuis son arrivée au Maroc, Sound Energy a investi plus de 168 millions de dollars dans l'exploration et le développement gazier. Si la société reste concentrée sur le Royaume, elle n'exclut pas d'examiner d'autres perspectives en Afrique du Nord, notamment en Egypte. «Mais aujourd'hui, le Maroc reste notre priorité», conclut Graham M. Lyon.