Aec la COP22, qui se tiendra à Marrakech du 7 au 18 novembre 2016, Le Maroc se prépare à accueillir l'un des événements internationaux les plus importants et symboliques qui lui ait été donné d'organiser. Les enjeux sont de taille: le Maroc, en tant qu'acteur international, veut d'abord montrer qu'il peut honorer ses engagements aux niveaux logistique et opérationnel et aussi en matière d'hospitalité et de qualité d'accueil. Le pays pourra ainsi profiter de l'événement pour se positionner durablement sur le marché prometteur de l'événementiel. Un rendez-vous essentiel pour le continent Il s'agit ensuite de montrer que les défis du développement durable sur lecontinent africain sont les siens. En ce sens, le choix de Marrakech pour accueillir la COP22 n'a rien de fortuit car le Maroc a impulsé depuis quelques années une authentique dynamique en faveur de la protection de l'environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique. La présidence de cette 22e édition de la COP offre au Maroc une place de choix qui lui permettra notamment d'œuvrer en faveur de l'innovation en matière d'adaptation et de lutte face aux changements climatiques. Ce sera aussi l'occasion, dans le cadre du Plan Paris-Lima, de mettre au point des outils opérationnels. Les discussions ont commencé bien en amont de la candidature de la ville, en septembre 2015, dans la logique de l'Appel de Tanger lancé par les chefs d'Etat marocain et français. Pour piloter efficacement cet évènement et accueillir plus de 190 pays et nombre d'ONG, une agence dotée d'environ 80 millions d'euros de budget a été créée. Des initiatives symboliques et concrètes Le royaume chérifien a multiplié ces dernières années les initiatives dans les domaines du développement durable et de la lutte contre les effets du réchauffement climatique. La pénurie de ressources fossiles est une réalité pour le pays et elle doit être prise en compte dans les choix énergétiques structurants. C'est donc presque naturellement qu'il s'est tourné vers une économie plus verte et moins énergivore. Sous le soleil exactement La centrale solaire thermodynamique Noor, entrée en activité en février 2016, se positionne comme une alternative aux hydrocarbures. Avec un coût d'installation de 13 milliards de dollars, soit l'équivalent d'une année de rentrée de l'impôt pétrolier, Noor, avec son extension programmée en trois phases, propulsera le Maroc en tête des plus grandes puissances productrices d'énergies renouvelables. En avant la mobilité électrique Lors de la COP22, on verra circuler à Marrakech une trentaine de bus à haut niveau de service (BHNS) d'origine chinoise, 100 % électriques. Une flotte qui continuera de rouler après l'événement. Et courant 2017, les premiers bus électriques «made in Morrocco» seront fabriqués, en partenariat avec une entreprise chinoise Yangtse, la Banque centrale populaire (BCP) et la Société d'investissements énergétiques (SIE). Plus largement, la mobilité électrique représente l'un des enjeux importants au Maroc: les projets, à l'image de la première course de Formule E, se sont ainsi multipliés pour orienter les acteurs et tenter d'impulser des projets plus opérationnels et plus massifs. Des bus électriques. Khalid Elhousni, Author provided Déplacements en douceur Marrakech poursuit également sa grande stratégie de ville verte à déplacements doux avec l'opération Médina Bike et sa flotte de 300 vélos en libre-service. Ce projet soutenu par l'ONU est le fruit d'un partenariat entre la structure locale Estates Vision et la société montpelliéraineSmoove). Marrakech devient ainsi la première ville du continent africain à bénéficier d'un tel service. Des mosquées plus vertes Si le vert est la couleur du développement durable, c'est aussi celle de l'islam. Le Royaume du Maroc a ainsi lancé la campagne de promotion de«mosquées vertes», visant à réduire la facture énergétique de ces constructions et à améliorer le confort des fidèles. Des panneaux photovoltaïques ont été placés sur les toits de ces édifices: le projet vise à réhabiliter pas moins de 15 000 mosquées. Adieu sacs plastiques Les sacs plastiques sont un véritable fléau pour l'environnement. Des années durant, des tentatives citoyennes et gouvernementales timides ont tenté d'en limiter l'impact négatif au Maroc… sans succès. Les petits sacs accompagnent en effet les Marocains au quotidien, sur les marchés, dans les maisons, chez les épiciers. Pour changer cette situation, une loi qui interdit désormais la fabrication des sacs en plastique, leur importation, leur commercialisation et leur utilisation. Il s'agit là d'un geste fort du pays en matière de lutte contre la pollution et les premiers résultats sont assez spectaculaires: les sacs plastiques ont disparu du paysage et on voit réapparaître des cabas… L'opération de sensibilisation «Zéro Mika» sur l'impact environnemental des sacs plastiques (Zéro Mika, 2016). Cette COP22, aussi appelée «Conférence de l'action», a mobilisé la majorité des parties prenantes – publiques, privées, mixtes, associatives, coopératives – liées à la problématique du changement climatique dans la région Marrakech-Safi et plus largement dans l'ensemble du Royaume. À l'Université Cadi Ayyad, nombre d'actions ont été lancées en ce sens: ateliers interactifs, conférences, table-rondes, soirées-débats se tiennent dans les différents lieux de l'université depuis le mois d'avril ; et ils se poursuivront après la COP22. L'université a, par exemple, financé des projets environnementaux portés par des enseignants et des étudiants. L'Ecole supérieure de technologie d'Essaouira s'est ainsi penchée sur des modèles opérationnels de tri sélectif des déchets et de covoiturage ; le photovoltaïque comme source d'énergie ou la mise en place d'une station d'épuration pour valoriser les eaux utilisées dans l'arrosage des espaces verts ont aussi été examinés. La COP22 est l'occasion de montrer l'implication du Maroc pour une croissance plus verte. Si les projets et la dynamique sont évidents, l'implication de tous les acteurs devra être à la hauteur des nombreux défis auxquels le pays doit faire face – croissance démographique et économique, consommation énergétique, défis géopolitiques, enjeux climatiques… *************** Par Khalid Elhousni, Phd, enseignant-chercheur, Ecole supérieure de technologie d'Essaouira, Université Cadi Ayyad et Larbi Safaa, Phd, enseignant-chercheur, responsable de la filière «Gestion des organisations et des destinations touristiques», Ecole supérieure de technologie d'Essaouira, Université Cadi Ayyad