Le gouvernement a signé fin avril 2022 un «accord social» avec les principaux syndicats et le patronat autour d'une mesure phare : une augmentation du salaire minimum dans le privé et le public. L'accord prévoit une revalorisation du salaire minimum de 10 % sur deux ans dans les secteurs de l'industrie, du commerce et des services. Si la première augmentation a été ratifiée le 1er septembre 2022, la deuxième, prévue le 1er septembre 2023, est confrontée à l'inertie de Younes Sekkouri, ministre de l'inclusion économique, de la petite entreprise, de l'emploi et des compétences; et aux exigences du patronat, qui lie toute nouvelle revalorisation du smig à une double réforme du droit de grève et du code du travail. Quelques heures avant la date susmentionnée, l'accord scellé avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et trois centrales syndicales, les plus représentatives, à savoir l'Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT) et l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) semble ne tenir qu'à un fil. Si la mise en place de la deuxième augmentation du smig passe par la loi ou par la négociation collective, ni l'une ni l'autre n'ont été abordées par M. Skouri, qui reste tacite alors que les attentes à l'égard du salaire minimum sont fortes, d'autant plus que le Maroc sera confronté plusieurs défis sociaux les semaines à venir. Aucun débat n'a été amorcé, direct ou indirect, sur l'emploi formel et informel, sur l'activité économique délicate, sur le niveau de vie des salariés ou encore sur les inégalités. Rien ne transpire également sur les mécanismes de la fixation du salaire minimum, son champ d'application. Ces points seront-ils évoqués lors de la rencontre prévue entre M. Sekkouri et les partenaires sociaux ce vendredi ? Le flou persiste dans un contexte de flambée des prix des denrées alimentaires et des carburants, une crise exacerbée par une sécheresse exceptionnelle qui frappe le Maroc. Entretemps, les manifestations contre la cherté de la vie se multiplient. L'inflation a enregistré un léger ralentissement en juillet, à 7,7% en glissement annuel selon les statistiques officielles. Parallèlement, la Banque centrale du Maroc (BAM) a relevé en mars son taux directeur de 50 points de base, à 3 %, afin de juguler la hausse des prix qui affecte durablement les ménages modestes et vulnérables. C'est la troisième fois que la BAM augmente son taux directeur depuis septembre 2022.