La Cour de cassation de Paris a jugé illégale l'enregistrement, à leur insu, des deux journalistes français poursuivis pour chantage contre le roi Mohammed VI. Catherine Graciet, 41 ans, et Eric Laurent, 68 ans, sont soupçonnés d'avoir voulu extorquer de l'argent au Maroc en échange de l'abandon d'un livre censé contenir des révélations gênantes pour Rabat. Les deux journalistes ont été enregistrés à leur insu lors d'entrevues avec l'avocat du palais Hicham Naciri. Ils ont été interpellés au sortir d'un entretien, le 27 août 2015, porteurs de 80.000 euros en liquide mais tous deux contestent avoir été à l'initiative d'un chantage, évoquant une transaction qui s'est nouée librement. La Cour de Cassation estime ainsi que les deux enregistrements avaient en réalité été menés avec la « participation indirecte » des enquêteurs français « sans le consentement des intéressés ». Selon la plus haute juridiction française, cela « porte atteinte aux principes du procès équitable et de la loyauté ». La juridiction a par conséquent renvoyé l'affaire à la chambre de l'instruction. Dans les faits, l'arrêt n'invalide pas les enregistrements, mais il casse une décision de la cour d'appel de Paris datant du 26 janvier qui avait validé les deux enregistrements réalisés par Me Hicham Naciri de ses rencontres le 21 août avec Eric Laurent et le 27 août avec M. Laurent et Mme Graciet. L'enregistrement d'un premier rendez-vous, datant du 11 août 2015, n'est pas concerné. Les parties sont renvoyées devant la chambre d'instruction de la cour d'appel de Reims, qui jugera le fond, selon Le Monde.