Le HCP vient de publier les derniers indicateurs sociaux et divers agrégats économiques du Maroc. Les données statistiques montrent sans surprise puisque dans un contexte post-pandémie et d'inflation combiné aux vulnérabilités économiques structurelles, un ralentissement conséquent de l'indice de consommation, un moral en berne des ménages dont un taux de 83,5% ne voit pas d'amélioration de sa situation financière dans le futur. Commençons tout d'abord par la structure de la population : au 1er juillet 2022 elle s'élève à 36,67 millions et est à 50,2% féminine. Le taux d'urbanisation qui est de 64,3%, résulte de l'exode rural et de l'extention du périmère urbain. Le taux de fécondité en 2022 poursuit sa tendance baissière enregistrée depuis 3 décennies ; et la structure par âge se répartit comme suit : 25,2% d'enfants ; 12,2% de seniors et 56,6% sont en âge actifs. Concernant le taux d'activité, emploi et chômage (chiffres de 2021), si l'économie nationale a créé 230 000 postes (en création nette), 432 000 en été perdus en 2020. Le HCP révèle que si « cette création est supérieure à la moyenne annuelle (121 mille), mais demeure insuffisante pour que le volume d'emplois atteigne (celui d'avant-pandémie) 10,7 contre 10,9 millions. ». Par secteurs créateurs d'emplois, en tête nous retrouvons les « Services » (115 mille), les « BTP » (71 mille), « l'agriculture, forêt et pêche » (68 mille). Le HCP pointe la perte de 19 mille postes dans le secteur de « l'Industrie y compris l'artisanat ». En termes de volumes d'emploi, cela équivaut à 10,7 millions (2021) contre 10,9 millions en 2019. Le taux d'emploi en 2021 au niveau national est de 39,7% contre 41,6 en 2019. Quant au taux de chômage, il est de 12,3% contre 11,9 en 2020. En revanche le volume des NEET en baisse : 1,529 million de NEET en 2021 (et de 1,73 à 1,565 million entre 2015 et 2020). La part des femmes baisse également : elle est de 73,4% contre 79,3% en 2015). La proportion des NEET est de 26% au niveau national avec une répartition de 38,8% de femmes et de 32% dans le milieu rural. Les indicateurs sur la qualité de l'emploi selon le HCP sont les suivants : L'accès à certains services de base est en nette amélioration : l'accès à l'électricité quasi-généralisé (99%) ; l'accès des ménages à une source améliorée d'eau potable est de 92,7% en 2021 ; le taux d'accès aux services d'assainissement liquide, y compris les fosses septiques ou simples est de 96,6% en 2021. Par ailleurs 94,9% des ménages urbains bénéficient des services communaux/communautaires de collecte des déchets domestiques ; la proportion de la population rurale vivant à moins de 2 kms d'une route praticable toute l'année est de 80% en 2019 contre 54% en 2005. Il en va de même ainsi pour la perception des ménages quant à la qualité de certains services : plus de la moitié des ménages ont perçu une amélioration de la qualité des prestations administratives en 2022 contre 18,6% qui ont vu plutôt une dégradation ; soit un solde de 36,9 points contre 34,4 points en 2021. 50,2% contre 15,8% des ménages jugent que la qualité de la situation en matière de protection de l'environnement s'est améliorée en 2022. Mais 43,7% contre 30,7% des ménages ont ressenti une dégradation de la qualité des services de l'enseignement ; le solde a perdu presque 13 points. Et près de deux tiers des ménages ont perçu une dégradation de la qualité des services de santé, contre 12,6% qui perçoivent son amélioration. En termes de répartition des richesse et d'inclusion, la perception est loin d'être positive. En 2022, l'IPC annuel moyen a augmenté de 6,6% comparé à 2021. Il s'agit là de la résultante de la hausse de l'indice des produits alimentaires de 11,0%, de celui des produits non alimentaires de 3,9%. (12,2% pour les «Transports»). L'indicateur d'inflation sous-jacente aurait, lui, enregistré une hausse de 5,8% au cours de l'année 2022 comparée à l'année 2021. Certes la pandémie a impacté négativement le niveau de vie des ménages entre octobre 2019 et décembre 2021 : en termes réels, le niveau de vie a baissé annuellement de 2,2% (de 2% en milieu urbain et de 2,6% en milieu rural) tout en accentuant les inégalités sociales. L'inflation a creusé ces disparités sociales. Ainsi le niveau de vie des ménages, auraitbaissé en termes réels entre 2021 et 2022 de : o 5,5% au niveau national. o 5,2% en milieu urbain. o 6,2% en milieu rural. o 6,2% pour les ménages les moins aisés. o 5,6% pour les ménages intermédiaires. o 5,2% pour les plus aisés. Le taux de pauvreté absolue serait passé : o de 3% à 4,9% au niveau national. o de 1% à 1,7% en milieu urbain. o de 6,8% à 10,7% en milieu rural. Le taux de vulnérabilité monétaire serait passé : o de 10% à 12,7% au niveau national. o de 5,9 à 7,9% en milieu urbain. o de 17,4 à 21,4% en milieu rural. Les inégalités sociales du niveau de vie, mesurées par l'indice de Gini, auraient elles, augmenté de 40,3% à 40,5%. Au final, les effets combinés de la pandémie (pour une part de 45%) et de l'inflation (pour une part de 55%) ont entre 2019 et 2022 fait basculé 3,2 millions personnes supplémentaires dans la pauvreté (1,15 million) ou dans la vulnérabilitévulnérabilité (2,05 millions). La baisse du niveau de vie par personne DAMP (Dépense annuelle moyenne par personne) est de . o 7,2% au niveau national; o 6,6% en milieu urbain; o 8,9%en milieu rural. o 8% pour lesménages les moins aisés; o 6,6% pour les ménages intermédiaires; o 7,5% pour le sménages les plus aisés La baisse des dépenses alimentaires enregistrée est de : o 11% au nive au national; o 10,1% en milieu urbain; o 12,9% en milieu rural, o 13,5% pour les ménages les moins aisés; o 12,9% pour les ménages intermédiaires; o 6,9% pour les ménages aisés, Le HCP conclut que sans surprise le moral des ménages est au plus bas depuis le lancement de l'enquête en 2008. L'ICM (Indice de confiance des ménages) s'établit, au 4ème trimestre 2022, à 46,6 points (47,4 points 3ème trimestre) et (61,2 points le même trimestre de l'an précédent). Plus de 8 ménages sur dix déclarent une dégradation du niveau de vie au cours des 12 derniers mois ; plus de la moitié s'attend à une dégradation du niveau de vie au cours des 12 prochains mois ; et près de huit ménages sur dix considèrent que le moment n'est pas opportun pour effectuer des achats de biens durables . Le pessimisme est ce qui ressort de la situation financière actuelle des ménages : plus de la moitié estiment que leurs revenus couvrent leurs dépenses, 45% déclarent s'endetter ou puiser dans leur épargne. Le solde d'opinion, souligne le HCP, est resté négatif. Pire, 83,5% des ménages ne prévoient pas une amélioration de leur situation financière ; pendant que 88,9% des ménages ne s'attendent pas à épargner au cours des douze prochains mois. Le solde d'opinion est resté négatif. Les indicateurs d'inclusion financière, croissance (à 1,3% en 2022 contre 7,9 en 2021), revenus et niveau de vie, sont également fortement parlants. Sachant, qu'ils « permettent d'évaluer l'accès des individus et entreprises aux produits et services financiers formels pour une utilisation adaptée à leurs besoins et à leurs moyens », notons à titre d'exemple le taux de bancarisation au Maroc établi à 78% en juin 2020, contre 79% à fin décembre 2019 et l'évolution de quelques agrégats tels que montrés dans les tableaux ci-dessous.