Le président (LR) du Sénat Gérard Larcher (LR) a exprimé samedi sa réticence à engager une réforme des institutions, comme le souhaite Emmanuel Macron, s'interrogeant sur l'opportunité du « moment » quand les sujets « d'inflation et de crise des services publics » semblent prioritaires. « Nous sommes toujours prêts à examiner ce qui améliore le fonctionnement de la démocratie: simplification, décentralisation, et nous y travaillons… Mais est-ce le moment », s'est questionné M. Larcher dans une interview au Parisien. « Si on interroge les Français sur leurs préoccupations, je doute qu'ils répondent: 'Réforme de la Cour de justice de la République, réforme du Conseil supérieur de la magistrature ou proportionnelle à l'Assemblée nationale'. J'entends plutôt parler d'inflation et de crise des services publics », a-t-il argumenté. De son côté, Emmanuel Macron martèle sa volonté d'avancer sur ce sujet, après avoir buté dessus lors de son premier quinquennat. Dans son allocution télévisée lundi, le chef de l'Etat a dit vouloir présenter prochainement « des grandes pistes pour que le fonctionnement de nos institutions gagne en efficacité et en participation citoyenne ». M. Macron a d'ailleurs récemment reçu à l'Elysée M. Larcher ainsi que la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet (Renaissance) pour évoquer ces questions. Si Mme Braun-Pivet s'est dite favorable à une réforme, elle a également remis en cause le timing, la crise des retraites n'ouvrant selon elle « pas un climat propice ». Pour M. Larcher, « le retour de la confiance, ce n'est pas le jeu de construction institutionnel comme priorité ». Le président du Sénat a par ailleurs pointé la « crise de gouvernance et de confiance » traversée selon lui par le pays, « liée à l'absence de résultats, à une gouvernance trop verticale, à une bureaucratie tentaculaire, à cette France d'à côté qui se sent oubliée et se réfugie dans l'abstention, mais aussi à l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale ». « Il faut retrouver de la proximité avec les Français », a encore plaidé l'élu des Yvelines, dont le nom revient parfois pour remplacer Elisabeth Borne à Matignon, si toutefois M. Macron trouvait un accord avec Les Républicains. Mais « les conditions politiques aujourd'hui ne sont pas remplies », a souligné M. Larcher, sans pour autant formellement exclure l'hypothèse. « Nous avons des désaccords majeurs avec la politique menée par l'exécutif, sur la dépense publique, sur la décentralisation, sur le régalien… », a-t-il encore fait valoir, assurant que son « horizon » était sa candidature aux sénatoriales de septembre, et son renouvellement à la présidence du Sénat. M. Larcher a également exhorté la droite à retrouver « de la cohérence, de la cohésion et une ligne politique », après s'être déchirée sur la réforme des retraites. « Il nous faut une stratégie, une ligne, avant de penser à l'élection présidentielle », a-t-il insisté.