Israël a dénoncé jeudi 5 janvier une réunion «absurde» et «pathétique» du Conseil de sécurité de l'ONU, qui débat de la visite d'un ministre israélien sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est qui a provoqué un tollé international. «Je suis vraiment, vraiment choqué», a lancé l'ambassadeur israélien auprès des Nations unies Gilad Erdan, devant les portes du Conseil de sécurité. «Et pourquoi? Parce qu'il n'y a absolument aucune raison que cette session d'urgence se tienne aujourd'hui. Aucune. Tenir une session du Conseil de sécurité sur un non-événement est vraiment absurde», a lancé devant la presse le diplomate. Demande de la Chine et des Emirats Figure de l'extrême droite israélienne et nouveau ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir a effectué mardi un déplacement de moins d'un quart d'heure sur l'esplanade des Mosquées, soulevant une vague de condamnations internationales, y compris des Etats-Unis, l'allié historique d'Israël. A la demande de la Chine et des Emirats arabes unis, le Conseil de sécurité est réuni jeudi après-midi, les pays arabes et musulmans ayant exigé une action concrète de condamnation de l'Etat juif. M. Erdan a nié que la visite du ministre ait été une «incursion sur (l'esplanade de la mosquée) Al Aqsa» ou une entorse au «statu quo» historique concernant les lieux saints de Jérusalem. «Chaque juif a le droit de visiter le Mont du Temple», désignation du site dans le judaïsme, a-t-il martelé. «Prétendre qu'une visite brève et totalement légitime devrait déclencher une session d'urgence du Conseil de sécurité est pathétique», a dénoncé M. Erdan. Mercredi soir, le représentant palestinien aux Nations unies Riyad Mansour, entouré de nombre d'homologues de pays arabes et musulmans, avait réclamé que la communauté internationale «décide de défendre et de protéger le statu quo historique à Jérusalem et (concernant ses) sites musulmans et chrétiens». L'ambassadeur de la Jordanie, Mahmoud Daifallah Hmoud, avait jugé que l'«incursion» du ministre israélien était un «acte extrémiste susceptible de créer un nouveau cycle de violence» et sommé «le Conseil de sécurité (de) prendre ses responsabilités au sérieux». Troisième lieu saint de l'islam et site le plus sacré du judaïsme sous le nom de »Mont du Temple«, l'esplanade des Mosquées est située dans la Vieille ville de Jérusalem, dans le secteur palestinien occupé et annexé par Israël. En vertu d'un statu quo historique, les non-musulmans peuvent se rendre sur le site à des heures précises mais ne peuvent pas y prier. Or, ces dernières années, un nombre croissant de juifs, souvent nationalistes, y prient subrepticement, un geste dénoncé comme une «provocation» par les Palestiniens et plusieurs pays du Moyen-Orient.