Contrairement aux assertions mal fondées d'une certaine presse, la visite de Josep Borrell au Maroc n'est aucunement hantée par les révélations d'une intrusion «de représentants d'intérêts d'un pays du Moyen-Orient» dans les institutions européennes. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell se rend au Maroc jeudi et vendredi, ont annoncé mercredi ses services, défendant cette visite officielle alors que le pays est éclaboussé par une affaire de corruption au Parlement européen. Josep Borrell doit rencontrer jeudi à Rabat le Premier ministre Aziz Akhannouch, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita, ainsi que des acteurs économiques notamment. Le responsable espagnol se rendra vendredi à l'Université Euro-Méditerranéenne de Fès où il prononcera un discours, précise le service diplomatique de l'UE. D'après nos sources, cette visite n'est aucunement liée à l'ouverture d'une enquête sur des eurodéputés soupçonnés, selon des articles de presse, d'avoir défendu les intérêts d'une puissance étrangère. Elle entend la mise en œuvre de la Déclaration politique conjointe, adoptée en juin 2019, et instituant le «Partenariat euro-marocain de Prospérité Partagée», qui s'articule autour de quatre Espaces (politique et sécurité ; économique ; valeurs ; connaissances) et deux axes horizontaux (environnement et migration). Cette visite, premier déplacement au Maroc de M. Borrell en sa qualité de HRVP, «intervient dans le cadre des contacts réguliers entre les responsables des deux parties illustrées par la visite au Maroc de six membres du Collège des commissaires pour la seule année 2022, dont la Présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Layen», notent nos sources. Le nombre inégalé de visites effectuées par les responsables européens «est le reflet d'un attachement continu de l'UE au développement d'un Partenariat de référence avec le Maroc au sein de la zone euro-méditerranéenne et au-delà.» Cette visite «témoigne de la centralité du Partenariat stratégique et multidimensionnel qui lie les deux parties depuis plusieurs décennies, réaffirme sa nécessité stratégique sur le plan euro-africain et consacre la volonté commune de renforcer et d'élargir davantage la relation à de nouveaux domaines stratégiques, dans un contexte marqué par de nombreux défis», a-t-on précisé. Relations bilatérales riches Le bilan des relations entre les deux partenaires n'a jamais été aussi riche qu'il ne l'est aujourd'hui. Le partenariat s'est hissé en une référence de la Politique de Voisinage de l'Union européenne, comme en témoigne plusieurs réalisations, dont «la signature d'un Partenariat Vert, le premier du genre conclu par l'UE avec un pays de son voisinage Sud et le lancement des discussions sur un Partenariat Numérique ; la mise en œuvre satisfaisante des multiples accords conclus entre les deux parties dans les domaines aériens, de la pêche, de la recherche et du commerce (produits agricoles, de la pêche et industriels), l'opérationnalisation avancée du Plan Economique et d'Investissement découlant du Nouvel Agenda pour la Méditerranée,, un partenariat pour la mobilité mis en œuvre selon une approche globale et équilibrée, renforcé par un dialogue de haut niveau sur la migration et un partenariat opérationnel de lutte contre le trafic des migrants lancé en juillet 2022, une coopération en matière sécuritaire et judiciaire en progression, marquée par la coprésidence Maroc-UE du GCTF et une dynamique positive avec des agences européennes, notamment Europol, Frontex et Eurojust». On cite aussi «le lancement de projets de coopération trilatérale avec des pays africains et méditerranéens dans des domaines d'intérêt tels que l'eau, la recherche et la formation, l'engagement des deux parties dans des discussions pour une association accrue du Maroc aux programmes communautaires(Horizon Europe, Europe Créative, EU4Health,...), une contribution effective des acteurs non gouvernementaux à l'enrichissement du Partenariat maroco-européen (Commission parlementaire mixte, relation CGEM-Business Europe,...), la contribution effective des deux parties aux activités de l'Union pour la Méditerranée et au Partenariat UE-UA avec comme objectif la stabilité, la prospérité et le développement des régions euro-méditerranéenne et euro-africaine., etc.» Une visite à enjeux Cette visite «est une opportunité de faire de l'année 2023 une étape importante pour consolider, préserver et renforcer l'efficacité du partenariat Maroc-UE en accélérant le rythme de concrétisation de ses objectifs et de ses ambitions, en perspective de la tenue de la 15e Session du Conseil d'Association Maroc-UE». Elle «traduit, dans ce cadre, l'engagement de l'Union européenne et du Maroc à défendre leur partenariat contre les aléas et le développer davantage dans l'intérêt des deux parties. Pour servir ces objectifs fondamentaux, cette visite permettra d'approfondir les échanges dans un esprit de confiance réciproque», a-t-on énoncé. D'après nos informations, elle «ne manquera pas de donner un nouveau souffle à la coopération politique, économique, financière et humaine entre le Maroc et l'UE et de promouvoir d'autres volets de partenariat pour relever les multiples défis liés au contexte international actuel comme la sécurité, la transition énergétique, la sécurité alimentaire et les changements climatiques. L'UE est consciente que le Maroc est un partenaire de confiance, fiable et crédible qui dispose d'une expertise et d'un savoir-faire leur permettant de mener initiatives communes au niveau régional et de coordonner leurs positions au sein des enceintes multilatérales dans l'intérêt de tous.» Par ailleurs, «le Maroc a toujours été considéré par l'UE comme un pourvoyeur de stabilité régionale et une référence dans le domaine de la paix en Afrique. A cet égard, cette visite sera l'occasion pour M. Borrell de discuter des questions d'intérêt au niveau de l'Afrique, notamment du Sahel et du Maghreb, ainsi qu'en ce qui concerne la situation au Moyen Orient et en Méditerranée», a-t-on conclu.