L'action audiovisuelle extérieure de la France en matière radiophonique connaît une impasse sans précédent. Alors que la responsabilité opérationnelle de ce pôle n'est pas exercée par le service public national, mais par l'Etat français, force est de reconnaître que ce dernier pèche parfois par masochisme. Explications. Monte Carlo Doualiya (MCD), une filiale de la société nationale de programme France Médias Monde, qui encadre l'audiovisuel extérieur de la France, a invité un homme convaincu de chantage et d'extorsion de fonds pour s'exprimer sur ses ondes. Que peut dire un homme qui a formulé une demande de cinq millions d'euros au Maroc pour renoncer à ce qu'il appelle «son activisme ?» Le monde entier, Radio Monte Carlo comprise, est au courant de de cette tentative d'extorsion de fonds et des déboires de Zakaria Moumni, ancien videur dans une boîte de nuit, avec son ex femme qu'il battait, avec la justice française et avec la police de l'hexagone. MCD abandonne l'information sérieuse, l'essentiel de tout ce qui se passe dans le monde, et accorde quelques minutes à un menteur notoire qui ne se dérange même pas pour vendre sa marchandise frelatée, en plus d'attaquer les autorités françaises. MCD incarnerait-elle désormais la presse à bon marché après avoir été une référence ? Un charlatan qui se sert de la presse comme moyen de réclame pour ses parades bouffonnes mérite-t-il cette tribune ? Qu'ils ouvrent chaîne YouTube : injures, outrages, dénonciations personnelles, y abondent. Aucun sens critique : un escroc notoire bénéficie de la prévenance assez étonnante de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, malgré les nombreuses alertes sur ses méfaits. Invité au micro de MCD, il répète dans un langage assez hésitant une partie de l'avis de décision concernant son cas : «Dans un tel contexte, où les relations diplomatiques et sur le plan de la sécurité entre la France et le Maroc sont très importantes, il apparaissait plus probable que les autorités françaises aient privilégié cette relation au détriment des plaintes du demandeur pour sa sécurité en France». Depuis quand une instance de protection des réfugiés s'immisce dans les relations entre deux pays ? Cette même instance souligne qu'«il existe une étroite collaboration entre les autorités françaises et M. Hammouchi, le directeur général de la sécurité du territoire du Maroc». Peut-être parce que la menace terroriste guette le monde plus que jamais ? Tous les gens qui se servent des médias français ne sont pas aussi scrupuleux, et le mal est allé si loin, que d'aucuns en profitent pour déverser leur fiel sur des Etats souverains. Plusieurs fois on s'est élevé avec raison contre cette insouciance, ou, pour lui donner son véritable nom, contre cette complicité des patrons de médias, qui prêtent un appui journalistique aux plus honteuses inventions de quelques maîtres-chanteurs : voilà le revers de la médaille. «Cela fait quarante ans que je fais ce métier, je n'ai jamais vu un récépissé de demande délivré à un Français !», s'étrangle un fonctionnaire canadien face l'invité de MCD. Peut-être parce qu'il s'agit d'un faux demandeur d'asile ? L'enquête devrait peut-être reprendre à partir de ce point. Il fallait plutôt inviter Taline Sarkissian, l'ancienne épouse de l'éphémère pratiquant sportif : elle a sûrement des choses intéressantes à confier. Et pourquoi diable la journaliste algérienne qui a organisé l'interview pour Radio Monte Carlo, aidée par tata Khadija Ryadi, n'a pas interrogé Moumni sur sa tentative d'extorsion de 5 millions d'euros au royaume du Maroc? Barlamane.com connaît la réponse: La radio se fout royalement de Moumni. À l'approche de la fête du trône, l'Etat profond français, fidèle à sa politique de chantage, mobilise sa horde médiatique pour gâcher cette fête et gêner la monarchie. Cette année, c'est Radio Monte Carlo qui a ouvert le bal.