Avant l'audience le 6 décembre sur la recevabilité des poursuites engagées par le Maroc dans le cadre de l'affaire Pegasus, certains protagonistes s'agitent. La justice française devra résister à toutes les impressions ou à toutes les pressions. Pourra-t-elle accomplir son œuvre librement, honnêtement, avec une suffisante efficacité ? Une farce qui se répète, qui ne fait plus rire personne. «Des traces du logiciel espion Pegasus ont été découvertes dans le téléphone» d'un individu notoirement hostile au Maroc. L'analyse est, bien sûr, «menée par le Security Lab d'Amnesty International». Conclusion ? Le téléphone de la personne (cette fois-ci un certain Mahjoub Mleiha), «a été infecté à plusieurs reprises.» Voilà l'édifiant stratagème, trame sur laquelle brodent quelques noms sulfureux. Les preuves ? 0. Barlamane.com a dévoilé la fragilité des présomptions des accusateurs du Maroc. Expérience hasardeuse que de surprendre sur un téléphone une activité «peu habituelle» pour en faire ensuite la plus terrible des charges contre Rabat. L'affaire Pegasus est devenue une sorte d'enchère publique ouverte au milieu du bruit des délations et des excitations. Mahjoub Mleiha, séparatiste pro-Polisario, (récemment photographié avec la journaliste marocaine Samia Errazzouki), «a obtenu la nationalité belge en 2017, est responsable des relations extérieures pour le Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l'homme, et a participé à ce titre à des rencontres avec de nombreux diplomates et eurodéputés» nous dit Le Monde. Or, ce collectif, en proie à des dissensions intestines, abandonné par sa «présidente», Aminatou Haidar, depuis septembre 2020, n'a aucune légitimité. Le Monde, contrairement aux dernières fois, prend des gants, évite d'incriminer le Maroc. «L'analyse de son téléphone a permis de confirmer la présence de traces de Pegasus, mais pas de déterminer avec certitude l'identité d'un commanditaire.» C'est la personne prétendument visée par Pegasus qui se charge de prononcer les mots terrorisants : «C'est du fait des services secrets marocains !» Cet épisode n'est pas assurément le moins curieux épisode de cette singulière histoire qui se déroule sous nos yeux. Bizarrement, ces gesticulations surviennent avant que le tribunal de Paris examine le 6 décembre la recevabilité des poursuites engagées par l'Etat marocain contre des ONG et médias français ayant ébruité des éléments non vérifiés sur l'affaire Pegasus. Ces dangereuses pressions qu'exercent, sur la justice française, des individus sans aucune moralité est un précédent assez inusité pour être relevé : par la menace de procès vexatoires, ils peuvent obtenir des avantages injustifiés. Il s'agit, rappelons-le, de dix citations directes déposées contre Le Monde, Radio France, France Media Monde, Mediapart, L'Humanité, Forbidden Stories et Amnesty International. Rabat, lui, cherche encore (en plus des éléments à charge) à comprendre pourquoi la division de la liberté d'expression et du développement des médias de l'Unesco, que dirige le Sud-Africain Guy Berger, avait participé financièrement à l'enquête de Forbidden Stories mettant en cause sans aucun élément concluant les services de sécurité marocains dans l'utilisation du logiciel espion Pegasus. En août, le roi Mohammed VI a lancé un avertissement : «les règles du jeu ont changé» et «le Maroc a changé, mais pas dans le sens souhaité par ses détracteurs», qui ne sont au final que des «envieux consumés par la haine vouée à [son] pays.»